vendredi 5 mai 2023

439 - Si jolie mignonne

 Publier aujourd'hui une nouvelle interprétation de cette chanson très connue est pour nous le moyen de rendre hommage à l'une des grandes interprètes de la chanson traditionnelle francophone : Nana Mouskouri. Bon, en fait, ces commentaires étaient prévus pour une parution le premier avril. Notre livraison de poissons ayant pris beaucoup de retard nous allons tout de même l'envisager sous un aspect plus sérieux. Quoique ! Mais auparavant, écoutez donc la chanson.

Pour écouter la chanson et lire la suite:

Petite mise au point pour commencer : nous avons toujours eu le parti pris de traiter sérieusement tous les sujets sans jamais nous prendre au sérieux. Vous l'aviez sans doute déjà constaté. De plus nous n'avons pas envie de nous moquer de Nana Mouskouri. Mais pour saisir toute la subtilité de cette allusion, il faudra vous reporter à notre « conte de Noël » publié sous le n° 36 en décembre 2013. Vous y comprendrez toute l'influence de la chanson de variété sur la diffusion des chansons traditionnelles.

Nana Mouskouri n'est pas la seule interprète à reprendre ce classique. On aurait pu citer aussi Dorothée ; mais ça faisait moins sens avec notre anecdote de collectage. Ce qui nous préoccupe, comme souvent, c'est qu'une œuvre abondamment folklorisée n'ait jamais été enregistrée que dans une seule version musicale. Outre ces artistes de renommée nationale, voire internationale, deux groupes emblématiques du pays nantais l'ont enregistré à deux décennies d’intervalle : Tréteau et Terroir en 1959 puis Kouerien Sant-Yann en 1973. Cette version est associée à la danse connue sous le nom de « rond de Sautron ». Mais comme on peut l'entendre ici de nombreuses variations mélodiques apparaissent dans les collectages de cette chanson ; Ceci malgré une diffusion déjà assez ancienne de la version « classique ». En effet, un certain nombre d'ouvrages de compilation ou de sélection de chansons de nos provinces, comme on disait naguère, ainsi que des recueils pour la jeunesse, la présentent comme une chanson emblématique du pays nantais. Pourtant cette chanson est connue dans l'ensemble de la francophonie. A qui devons cette prééminence d'une seule mélodie ? En pays nantais la publication la plus ancienne se trouve dans le deuxième cahier des « vieilles chansons du pays nantais » qu'Abel Soreau a livré en 1902, avec accompagnement de piano. Cependant, sa mélodie présente elle aussi des variations par rapport au thème dominant. Est-il pour autant, le thème original ? Il est vrai que la plupart des versions que nous avons identifiées en restent relativement proches, même quand elles s'appliquent à des danses différentes. Tout ceci reste très énigmatique.

Presqu'aussi énigmatique que cette affaire de gants remplis de fleurs à porter trois fois l'an. Nous avons pu lire ici et là plusieurs explications dont aucune ne nous a vraiment convaincu. Survivance d'une coutume ancienne ou référence à des codes de la chevalerie ? Sans compter que le texte n'est peut être pas exempt de ces double sens qui font le charme de bien des chansons.

Voici donc le mois de mai où les fleurs volent au vent. Nous avons largement dépassé Pâques et nous sommes bien au printemps. La bonne saison pour s'envoyer des fleurs, et ceci sans prendre de gants !

A vous maintenant de chanter ce texte en trouvant des variantes mélodiques pour échapper à l'uniformité. Et, puisque nous vous avons déjà renvoyé vers une de nos publications précédentes, faites donc aussi un détour par la chanson n°282 de février 2019. Elle provenait des recueils de F. Gueriff, de l'autre coté de l'estuaire de la Loire.


interprètes : Armelle Petit et Christine Gabillard,

source : 80 chansons du Pays de Retz – recueil du violoneux Poiraud à Pornic (44) compilé par Michel Gautier 

catalogue P. Coirault : 4517 – les gants à porter trois fois l'an

catalogue C. Laforte : 1G28 – les gants



Quand nous sommes à Pâques, nous sommes au printemps

Nous sommes au printemps, si jolie mignonne

Nous sommes au printemps, si mignonnement


Où la violette fleurit dans les champs

Les garçons de ville vont les ramassant

En ont ramassé puis rempli leurs gants

Les portent à leur mies, leur faire un présent

Tenez, tenez belle voici de beaux gants

Vous les port'rez belle que trois fois dans l'an

Le saint jour de Pâques et l'jour de Saint Jean

Et l'jour de vos noces quand il sera temps

Les votr's et les miennes seront en même temps


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