jeudi 30 décembre 2021

399 - La belle va au jardin d'amour

Chanson d'amour noyée dans les métaphores, chanson de rupture ou chanson de réconciliation ? Cette belle qui va au jardin d'amour est un grand classique de la romance, dans une version bucolique et intemporelle. On la trouve en quantité dans tous les recueils et encore aujourd'hui dans les collectes plus récentes. Elle se prête à toutes les interprétations, sur des rythmes variés et des mélodies qui ne le sont pas moins. Elle correspond à un genre bien particulier où on dialogue avec les oiseaux et on fréquente des lieux symboliques.

Pour écouter la chanson et lire la suite :

Si vous visitez ces pages depuis quelque temps déjà, vous vous êtes sûrement dit que nous avions la mémoire courte ou bien qu'on était à court d'inspiration. Rassurez vous, ce n'est ni l'un ni l'autre. Bien sur, deux versions de ce thème ont déjà été publiées dans ce blog. La première est une mélodie (n° 17 - août 2013), l'autre un chant à la marche (n° 18 – août 2013). Reportez vous donc aux commentaires déjà publiés pour vous faire une idée plus précise (ou pas) de l'origine de ces couplets. Malgré cela on n'a pas fini de faire le tour du sujet, tant cette chanson est présente en abondance dans les répertoires traditionnels.

La recherche du sens réel de ces symboles n'ayant pas fait d'avancée particulière ces dernières années, nous nous contenterons d'insister à nouveau sur l'ambivalence de ce texte. Le jardin d'amour peut évoquer un paysage idyllique propice aux ébats amoureux. Il peut aussi bien signifier une brouille entre les amants, ce que vient renforcer l'image de l'oiseau confident à qui la belle raconte ses malheurs ou, du moins, ses doutes sur sa relation. La définition qu'en donnait Jean Poueigh (1) : « lieu d'élection où la chanson populaire place les tendres débats ou les débats querelleurs des amants » illustre bien cette dualité.

Avec cette troisième version de la chanson nous sommes quand même en présence d'un élément positif. Au lieu de nous quitter en se lamentant sur son sort, l'amant se voit rappelé auprès de la belle. Il y a de la réconciliation dans l'air. En place de la formule passe partout :

Cueillez, cueillez la rose car c'est pour vous qu'elle est éclose,

ce final est très personnalisé. Il est en effet assez rare dans cette chanson de connaître le prénom de l'amante. Malgré des caractéristiques qui la rapprocheraient des chansons de bergères ce choix de prénom n'est pas forcément anodin. Ce ce n'est ni Suzon, Margoton ou Jeannette, mais Hélène. Il n'y a pas l'habituelle distance sociale entre les deux personnages qui sont, ici, du même milieu.

D'une version à l'autre le déroulement présente peu de différences. De plus, les refrains en léridondon léridondaine sont majoritaires. Voilà qui pourrait indiquer que le texte a souvent dû servir à accompagner la danse, même si la mélodie qui persiste n'a plus qu'un lointain rapport avec une ronde ou un passepied.

La numérotation de nos chansons s'apprête à marquer un tour de compteur. De plus, les prochaines semaines nous verront fêter les trente années d'existence et d'activités de notre association. Le choix de publier cette chansons est aussi un manière de faire le point sur notre implication dans la collecte, la sauvegarde et la transmission. Stéphane Glotin, le personnage a qui nous devons cette version, illustre bien ce travail. Il était à la fois un porteur et un passeur de traditions. Conteur, chanteur et musicien il tenait son répertoire du milieu familial. Il a aussi beaucoup œuvré de son coté pour recueillir toutes les traditions orales, à la fois collecteur et collecté ! Donc, un chaînon indispensable dans la transmission.


Note

1 – Jean Poueigh - Chansons populaires des Pyrénées françaises (1926 – Laffite reprints 1977)


interprète : Janig Juteau

source : enregistrée par Janig Juteau auprès de Stéphane Glotin à Campbon le 2 juillet 1999

catalogue P. Coirault : La belle au jardin d’amour (Amourettes - N° 1801)

catalogue C. Laforte : La belle au jardin d’amour (1-G-15)


La belle va au jardin d’amour (bis)

C’est pour y passer la semaine,

Léridondé léridondaine


Berger, berger, n’as-tu point vu / N'as tu point vu la belle Hélène


Oh non, ah si, oui je l’ai vue / assise au bord d'une fontaine


Qui dans sa main tient un oiseau / Elle est à lui conter ses peines


Ses parents la cherchent partout / Son bel amant est bien en peine


Petit oiseau, que tu es heureux / De jouir des plaisirs de la belle


Moi qui suis son fidèle amant / Je ne puis point m’approcher d’elle


Approche, approche, fidèle amant / Elle est pour toi la belle Hélène


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