lundi 31 juillet 2017

210 – La pêche des moules

Sur la plage abandonnée, coquillages et crustacés déplorent...que la chanson traditionnelle se soit aussi peu intéressée à eux. Il y a une exception notable : la pêche aux moules, tombée dans le folklore enfantin d'où elle fut tirée de l'oubli par l'animateur Jacques Martin qui en fit une rengaine pour son émission « le petit rapporteur ». La version que nous vous proposons est plus proche de l'air à danser utilisé dans une région plus au sud de nos côtes.
pour écouter la chanson et lire la suite:


En cette période estivale nous faisons une exception à notre habitude de ne présenter que des chansons de nos archives. Nous aussi avons décidé de prendre des vacances et d'aller voir ailleurs. Certes, la chanson a été publiée par l'éditeur nantais Armand Guéraud (1) et classée dans la rubrique « chansons enfantines et à danser ». Mais son origine est clairement plus au sud. Si l'informatrice de Guéraud était de Pouzauges (2), c'est en Saintonge qu'on la retrouve le plus souvent comme support de danses. Notre version associe des couplets publiés par Jérôme Bujeaud (3).
Venons en maintenant au prétendu caractère enfantin de cette chanson. Fort heureusement le double sens permet de chanter pour des oreilles innocentes ce que seuls les adultes doivent comprendre. Aller à la pêche aux moules, tout comme passer la rivière, se traduit par la perte de quelques éléments, jarretières, gants et surtout ce petit panier qui symbolise la perte de la virginité.
Malgré sa brièveté, cette chanson nous donne à entendre des couplets qu'on retrouve presque mot pour mot dans d'autres chansons. Si la fille qui a « perdu ses gants » évoque plutôt le répertoire grivois, voire graveleux, le troisième couplet revient fréquemment dans des chansons de conseils avant mariage où la comparaison entre filles et garçons tourne rarement à l'avantage de ces derniers.
Pour en revenir à notre plateau de fruits de mer, il faut bien reconnaître que l'activité côtière a donné peu de chansons intéressantes. Dès qu'on chante la mer c'est l'appel du large qui prévaut. Les trois mats, oui, les écraseurs de crabes, non ; Le cap Horn et les îles lointaines font plus rêver que nos rochers couverts de goémon. Il a fallu attendre le développement des loisirs depuis la fin du 19ème pour que des stations balnéaires aient l'honneur d'une petite chanson, comme la composition de la semaine précédente. Alors si vous connaissez d'autres chansons traditionnelles sur la vie au bord de mer n'hésitez pas à nous les communiquer. On est preneurs.

notes
1 - chants populaires du comté nantais et du bas Poitou recueillis par A. Guéraud / édition critique par J. Le Floc'h – modal FAMDT 1995 – la chanson est page 414
2 – Probablement la commune vendéenne la plus éloignée de la mer. Plus connue comme capitale du saucisson (siège de la sté Fleury-Michon)
3 – chansons populaires des provinces de l'ouest de J. Bujeaud, tome 1 page 143

interprète : Jean-Louis Auneau, Nicolas Pinel, Dominique Juteau
source : ouvrage En Bretagne et Poitou… (Armand Guéraud), page 414 - informateur : Mme Parenteau, à Pouzauges (85), date inconnue (milieu XIXè) complété par : Chants et chansons populaires des provinces de l’ouest (Jérôme Bujeaud), tome I, page 143
catalogue P. Coirault : A la pêche aux moules (Couplets à danser – N° 07402)

A la pêche des moules
Je n'veux plus y aller, maman
A la pêche des moules
Je n' veux plus y aller
Les garçons de Marennes
M’ont pris mon panier, maman
Les garçons de Marennes
M’ont pris mon panier

Au bord de la rivière
J'ai perdu mes gants, maman
Au bord de la rivière
J'ai perdu mes gants
Mes gants et mes jarretières
Et mon p'tit panier, maman
Et mon p'tit panier

Les garçons sont volages
Comme la pluie et le vent, maman
Les garçons sont volages
Comme la pluie et le vent
Les filles sont fidèles
Comme l’or et l’argent
Les filles sont fidèles

Comme l’or et l’argent

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire