vendredi 24 mars 2017

193 - Si j’avais un mari

Chanson d'amour ou chanson à boire ? « Si j'avais un bon ami » pourrait être classée dans l'une ou l'autre de ces catégories. Nous n'avons trouvé que deux exemples de cette chanson dans nos archives. Celle que vous entendrez ici vient d'un cahier de chansons des parents de Fernand Guériff. Elle a été publiée dans le troisième volume de ses collectes (1). Elle y est présentée comme une « chanson de noce ». Voilà peut être pourquoi l'ami est y devenu un mari. Guériff la compare avec d'autres exemplaires connus. Ce thème qui n'est pas si répandu est, en revanche, bien diffusé : Québec, Louisiane, Wallonie, Jura, Normandie, Morvan, Savoie...et Bretagne donc. Si la trame reste à chaque fois la même, les couplets sont très variables.
Pour écouter la chanson et lire la suite :


La seconde version existant dans nos archives, sonores cette fois, vient du pays de la Mée. Elle a été enregistrée en 1964 par Jean Tricoire, chez Mme Tachet, à Lusanger. Vous pouvez l'entendre sur la base Dastumedia (2). Cette fois la présence d'un couplet spécifique en fait une chanson à boire :
A la santé des patrons
faisons sauter les bouchons
nous boirons à la santé
de toute la société
D'une version à l'autre le texte de cette chanson se prête à bien des adaptations. En fait un seul couplet revient à chaque fois, celui où il est question de faire passer l'eau à son amie, son bon ami ou son mari.
Je lui ferai passer l'eau
la rivière sans bateau
On est très clairement dans le domaine de la chanson d'amour. Mais les couplets qui l'accompagnent peuvent lui donner une autre orientation. L'amour toujours avec ceux qui s'adressent à l'ami, l'amant et même l'amour filial  :
Si j'avais des p'its enfants
Qui m'appell'raient leur maman,
J'leur donnerais tout c'que j'ai,...
La rivière et le moulin.
noté par Achille Millien sur un air de bourrée du Morvan et popularisée, entre autres, par Evelyne Girardon et Jean Blanchard.
Le couplet sarcastique sur les belle mères est plus adapté aux repas de noces où il est souvent d'usage de les railler gentiment. Et puisqu'on parle de boire, nous l'avons déjà vu avec le couplet à la santé des patrons. Celui qui suit vient d'une version canadienne (3) :
Une bouteille vermeille
Sur la table qui nous réveille
Prenons la, oui, par le cou...
Faites lui faire un petit glou-glou
Enfin, nous avons évoqué la chanson de conscrits. C'est dans ce genre que l'a classé Jean Garneret (4), sous le titre « les conscrits sans souci » avec pour justification :
Si j'avais des parents
qui ne m'envoient pas d'argent
Je leur souhaiterais souvent
oui bien souvent, oui bien souvent
Je leur souhaiterais souvent
Une mort subitement
Il n'est plus question de tordre le cou aux belle mères mais faut-il pour autant prendre cette menace au sérieux ?
Coté mélodies, les variations sont aussi nombreuses pour la première phrase, mais les similitudes s'imposent avec la phrase suivante, toujours construite sur la répétition :
Je lui ferais passer l'eau
Oui passer l'eau
Oui passer l'eau
Le fait que cette chanson soit connue un peu partout et y compris outre-atlantique prouve son ancienneté. Mais nous n'avons pas réussi à déterminer son origine. Qui pourra nous en dire plus ?

Notes
1 – est-il besoin de vous rappeler que ces ouvrages, édités par Dastum 44 et le parc naturel régional de Brière, sont toujours disponibles à un prix dérisoire ? Voir rubrique « nos éditions »
2 – L'entendre mais à condition de bien prêter l'oreille. L'enregistrement ancien n'est pas de très bonne qualité (fichier n° a55969)
3 – sur le disque « songs of french Canada » chez Folkways . Enregistrements des années 50 présentés par Marius Barbeau
4 – chansons populaires comtoises – J. Garneret / C. Culot – 1985 – tome 3, page 579

interprètes : Liliane Berthe + Janig Juteau et Martine Lehuédé
source : Fernand Gueriff : cahier de chansons de ma mère et mon père – tome 3 du Trésor des chansons populaires folkloriques du pays de Guérande, page 39
catalogue P. Coirault : 10435 si j'avais un bon ami (énumératives diverses)

Las si j'avais un mari
qui ne m'aimerait qu'à demi
Je lui ferais passer l'eau
Oui passer l'eau
Oui passer l'eau
Je lui ferais passer l'eau
La rivière sans bateau !

Las si j'avais une belle mère
Qui me f'rait de la misère
Je lui torderai le cou
Oui rai le cou
Oui rai le cou
Je lui torderai le cou
Et n'm'en f'rai plus du tout

Las si j'avais un amant
Qui m'aimerait tendrement
Je lui ferai dès demain
Oui dès demain
Oui dès demain
Je lui ferai dès demain
Son bonheur et le mien


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