C'est un thème assez commun que celui de cette chanson. Les préoccupations d'une jeune fille, selon elle en âge de se marier et le dialogue avec des parents qui essaient de tempérer son ardeur. Mais le texte recueilli et chanté ici présente l'affaire d'une toute autre manière : en l'absence des parents, c'est la grande sœur qui sert de confidente et donne la réplique ; ce qui donne un point de vue très différent sur les mêmes événements.
Pour écouter la chanson et lire la suite :
Le répertoire des chansons françaises de tradition orale, de Patrice Coirault, classe ce thème dans la catégorie des jeunes filles « pressées de se marier ». En place de la grande sœur, c'est donc avec la mère que s'instaure habituellement ce dialogue (1). La jeune fille clame son impatience en rappelant les promesses de ses parents :
Vous m'aviez toujours dit
Que quand je serai grande
Que j'aurai un mari
Ah ! L'impatience de la jeunesse ; comment les parents vont-ils lui faire comprendre qu'il est encore un peu tôt pour fonder une famille ?. Leur fille énumère alors tout ce qu'elle fera avec son futur mari, finissant la liste par « je coucherai avec lui ». L'argument des parents est étonnant :
Que dis-tu là ma fille
Ca te ferait mourir
et si peu crédible que la réponse est toute trouvée :
Ma mère n'en est pas morte
Je n'en mourrai pas aussi
Si elle était morte
Je ne serais pas ici
La version collectée à Herbignac chez Simone Hervoche arrive plus ou moins à la même conclusion, avec les mêmes arguments mais en prenant le problême à l'envers. C'est un peu le négatif de la photo précédente. Elle donne plus l'impression d'une personne angoissée par le mariage que pressée de convoler. Qu'importe, le message adressée par la chanson est au final le même : « on ne meurt pas de ça ».
Cette formule ainsi que l'épisode de la sépulture, rappellent une autre chanson qui traite de la nuit de noces d'une mamière plus légère. Reportez vous donc à la chanson n° 182 (remue tes canettes – janvier 2017) où les parents glissent en guise de conseil :
Et puis si tu en meurs / Sur ta tombe on mettra
Ci-git une pucelle / Qui est morte en faisant ça
En faisant sa prière / Au pied d’Saint Nicolas
Notre chanson est assez peu présente dans l'ouest de la France, à l'exception du pays gallo. Vous pouvez en entendre deux autres versions assez proche. L'une est sur le double CD du pays de Ploermel, édité par Dastum (2). L'autre, chantée par Hervé Dréan sur son premier CD « Coureurs de nuit », a été apprise de Berthe Tendron à Nivillac.
J-L. A.
notes
1 - Par exemple dans les versions recueillies par Achille Millien, Maurice Chevais, Patrice Coirault...pour ne citer qu'eux.
2 – chanteurs, sonneurs et conteurs traditionnels du pays de Ploermel – collection Dastum, la Bretagne des pays – DAS 164 (2016) que vous pouvez commander ici .
interprètes : Annick Mousset, réponses : Janick Péniguel, Aurélie Aoustin, Frédérique Pipolo
source : Simone Hervoche enregistrée par Séverine Lenain-Boutoille, à Herbignac en janvier 1999
catalogue P. Coirault : Encore trop petite pour avoir un mari (1006 – Pressées de se marier 1)
catalogue C. Laforte : I, M-1 – Jeune fille qui veut un mari
Comment feras-tu p’tite sœur quand tu s’ras mariée (bis)
La oh la djimalira, J’y ferai comme les autres
J’y metterai la nappe, le pain le vin dessus (bis)
La oh la djimalira, La cuillère la fourchette
La cuillère la fourchette pour manger avec lui
La oh la djimalira, Je rincerai les verres
je rincerai les verres pour trinquer avec lui
La oh la djimalira, J’apprêterai la couchette
j’apprêterai la couchette pour coucher avec lui
La oh la djimalira, Si demain je suis morte
si demain je suis morte faudra m’ensevelir
La oh la djimalira, Dans mes habits de noces
Tous mes habits de noces sont au pied de mon lit
La oh la djimalira, La belle ne fut point morte
La belle ne fut point morte pour la première nuit
La oh la djimalira, Elle en verra bien d’autre
Elle en verra bien d’autre tout au long de sa vie
La oh la djimalira, Elle en verra bien d’autre
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