Intéressante à double titre cette chanson : d'abord par l'histoire qu'elle raconte mais aussi, justement par son titre habituel. Dans de nombreux recueils c'est au refrain qu'est emprunté ce titre « la vezi, la vezon ». Non pas que l'aventure de cette servante avec les trois larrons passe au second plan, mais parce que cet appel à la danse sous forme d'onomatopée instrumentale est ce qui la définit le mieux.
pour écouter la chanson et lire la suite :
Chantons, dansons, tournons, jouons du vezon...c'est un air à danser la ronde qu'évoque cette chanson. La danse a depuis longtemps disparu, la chanson est restée.
Elle est associée au refrain en vezi – vezon et surtout connue dans l'ouest et le centre de la France. Elle a été notée à de nombreuses reprises dans tous les coins de notre secteur. Ecoutez, par exemple, celle interprétée par Francis Lemaitre sur notre double CD du pays de Châteaubriant (1). Ce refrain fait probablement référence au son de la cornemuse. On pense bien sur à la veuze du pays nantais ou tout simplement au terme vèze qui désignait l'instrument en ancien français. On rencontre plus rarement la même histoire avec un refrain différent.
Le cotillon volé par les trois larrons (ou lurons, fripons, polissons...selon les versions) met en scène une servante qui utilise ses gages pour s'acheter un vêtement. Voilà qui justifie la référence à la Saint-Jean, période de renouvellement ou de premier engagement. Cette précision n'a finalement que peu d'importance pour l'intrigue. De même tous les détails sur la confection du cotillon nous sont ici épargnés : achat d'un mouton, mésaventures de l'animal, tonte...qu'on retrouve dans une chanson enregistrée lors de la bogue d'or en 1989 (2). Enfin, en place du cotillon ce sont parfois pantalon ou caleçon qui sont l'objet du délit.
Dans la plupart des autres versions connues les « fripons » sont poursuivis jusqu'à Clisson, Coueron, Cesson, Jugon, Luçon, Redon, Talmont...selon l'endroit où elle a été entendue. Dans le secteur où a été collectée cette version il ne manque pourtant pas de communes disponibles pour l'assonance : Bouvron, Campbon. Mais la belle a écourté la poursuite et prétend corriger les trois gaillards, qui ne demandaient probablement que cela. La punition infligée aux voleurs est à la hauteur du larcin. On reste dans le mode comique. La preuve : du troisième elle « a fait son mignon ». Parfois cette poursuite leur vaut la prison ou la menace de les y mettre s'ils ne restituent pas le cotillon. Tout ceci n'étant bien sur pas à prendre trop au sérieux. On est dans le domaine du badinage amoureux, pas du fait divers.
notes
1 - Pays de Chateaubriant, chanteurs, sonneurs et conteurs traditionnels – collection « la Bretagne des pays » (Dastum DAS 165 – 2017) . Cf rubrique « nos éditions »
2 – chants traditionnels de Haute-Bretagne – Bogue d'or 1989 – collection « chanteurs et musiciens de Bretagne » (Dastum DAS 113 - 1990)
interprètes : Janig Juteau, avec Annick Mousset et Isabelle Maillocheau
source : Mme Renée Gautier enregistrée par Janig Juteau et Daniel Lévêque à Notre-Dame de Graces (Guenrouet) le 26 juin 2007
Catalogue P. Coirault : Le cotillon volé par trois larrons (Maîtres et serviteurs - N° 6311)
Catalogue C. Laforte : Le cotillon lavé (1-L-07)
A la Saint-Jean, je m’seu gagé (bis)
Je m’ seu gagé, cent sous tout rond
La veuzi, la veuzon, la veuzon dondon
Sautons donc la veuzi, dansons donc la veuzon (bis)
Je m’seu gagé, cent sous tout rond (bis)
M’en seu ach’té un cotillon
La veuzi, la veuzon, la veuzon dondon…
Mon cotillon, l’teu ben trop long
Il ramasseu crotte et bouillon
Je le lavis dans un chauwdron
Mis à sécher su un buisson
Par là passa 3 biauwx lurons
Qu’ont emporteu mon cotillon
J’en saisis un par le talon
Et l’autre par son grand nez long
De l’autre j’en fis mon mignon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire