Paris est, de
loin, la ville la plus présente dans les chansons traditionnelles;
sa banlieue du “neuf – trois” lui est souvent associée. Ceci
peut s'expliquer par des raisons historiques et logiques. Pour
autant, il serait vain de rechercher dans des événements précis
l'origine de ces textes. Même ceux qui parlent de rejetons royaux.
Cette chanson est
issue du répertoire de Marie-Louise Tattevin, de Mesquer, collecté
par Fernand Gueriff et par Francine Lancelot. C'est un air à danser
le bal paludier
Pour écouter la
chanson et lire la suite:
Si on voulait
dater la chanson en supposant qu'elle fait référence à un
événement historique, il faudrait d'abord savoir de quel Dauphin on
parle. De tous temps le “peuple” (1) s'est passionné pour la
vie privée des gouvernants. On n'a pas attendu pour celà les unes
en couleur de la presse “people”. Dans l'histoire de France, la
maladie du premier rejeton de Louis XVI a tenu en haleine les
gazetiers. Mais la chanson remonte sans doute a une période plus
ancienne. Une série à rebondissements prend place quelques soixante
dix ans plus tôt avec la succession de Louis XIV. Les héritiers
potentiels ont tendance à mourir jeunes ou a être victimes de
malchance. Ce qui explique que l'arrivée au pouvoir du futur Louis
XV à l'âge de fréquenter la maternelle donnera lieu à une
interminable régence. Rien ne nous garantit que cette succession
d'événements soit à l'origine de la chanson. Et puis cette
hécatombe chez les dauphins (qui aujourd'hui ont plutot tendance à
s'échouer sur la côte) n'est pas le sujet principal. Non, ne riez
pas; cette allusion capillotractée n'est pas sans rapport avec le
gentil cétacé. Le terme dauphin prend son origine, par le jeu
d'alliances, avec les souverains du Dauphiné dont le blason était
illustré...de dauphins!
Bref, on danse
beaucoup entre Paris (75) et Saint Denis (93). Cet incipit est
utilisé par plusieurs chanson différentes, dans la tradition.
L'importance historique de Saint Denis, et son abbaye, depuis le
moyen-âge et de Paris place forte économique et surtout
intellectuelle, justifient que bien des chansons y soient localisées.
N'oublions pas qu'au moment où les dauphins sont sujets aux
épidémies c'est Versailles qui est la capitale en titre du royaume
de France.
Bref, (2) plus que
l'origine, impossible à définir, c'est le sujet de la chanson qui
retiendra notre attention. La dauphine est incitée à choisir une
autre prétendant. C'est le dauphin lui-même qui oriente le choix.
Attention, le valet de chambre n'est peut être pas celui qu'on
croit. Compte tenu des
moeurs de
l'époque monarchique, il ne doit pas être considéré comme un
simple domestique mais probablement comme un noble ayant pu accéder
à de hautes fonction auprès de la famille royale. Les usages
réservaient ces fonctions proches de la famille régnante à des
personnes bien en cour.
La réponse nous entraine dans une situation à la “Lady Chatterley”. A moins que le “jardinier de Provence” ne soit une allusion à un personnage bien particulier, nous sommes à nouveau en présence d'un conflit entre l'amour et l'intérêt, doublé d'un interdit à braver de relations entre deux ordres bien séparés: noblesse et roture. On souhaite à la dauphine de ne pas se planter dans son choix, car avec un jardinier on peut se prendre un rateau !
La réponse nous entraine dans une situation à la “Lady Chatterley”. A moins que le “jardinier de Provence” ne soit une allusion à un personnage bien particulier, nous sommes à nouveau en présence d'un conflit entre l'amour et l'intérêt, doublé d'un interdit à braver de relations entre deux ordres bien séparés: noblesse et roture. On souhaite à la dauphine de ne pas se planter dans son choix, car avec un jardinier on peut se prendre un rateau !
En définitive
nous n'avons donc là qu'une simple chanson d'amour où une jeune
fille de haut lignage refuse un prétendant huppé pour lui préférer
un roturier. Tout ça pour ça; que de digressions delphinales pour
en arriver à une situation somme toute assez banale puisqu'elle est
le thème de plusieurs chansons types. Pourtant celle ci est loin
d'être banale puisque on ne la retrouve ni dans l'un ni dans l'autre
des catalogues de MM Coirault et Laforte. Cependant, une autre
version a été collectée auprès de Mme Rastel, à Saint Lyphard,
par Raphael Garcia. Ce qui prouve qu'elle était connue dans ce
secteur (la Brière). Fernand Gueriff indique que Léon Séché,
auteur d'un ouvrage intitulé “lettres guérandaises” l'avait
mentionnée en 1885, au Pouliguen.
notes
1 - C'est ainsi
que les hommes politiques désignent les électeurs quand ils ont
besoin de leurs voix. Sous l'ancien régime le terme ne faisait
référence qu'aux éléments du tiers état.
2 - C'est le
deuxième “bref” en deux paragraphes ! Plus c'est bref plus c'est
long !
interprètes : Janig Juteau et
Janick Péniguel
source: Marie-Louise et Eugénie
Tattevin de Mesquer (Loire-Atlantique) enregistrées le 7 mai 1974 par Francine Lancelot – chanson
présente dans le tome 1 du Trésor des chansons populaires
folkloriques recueillies au pays de Guérande, de Fernand Guériff
(page 251)
Entre Paris et Saint-Denis (bis)
Il y a une danse, gué ma dondon falira
dondon
Il y a une danse, fa lé ri don
Où tout le monde y va danser (bis)
Où tout le monde y danse, gué ma
dondon…
Il y a que le petit dauphin qu’est
sur son lit malade…
Sa dauphine est auprès de lui qui
toujours lui demande…
Petit dauphin, si vous mourez, quel
mari faut-il prendre…
Prends ton valet, ton beau valet, ton
beau valet de chambre…
De ton valet, je ne veux pas, de ton
valet de chambre…
J’aimerais mieux un jardinier du
jardin de Provence…
Il me ferait un beau bouquet de
marguerites blanches…
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