Parmi
les curiosités qu'on rencontre dans les collectes en voici une dont
l'ancienneté n'est pas avérée et l'origine incertaine. Quelques
couplets chantés pour dire qu'on ne va pas le faire, voilà qui ne
manque pas d'intriguer. Le répertoire populaire réserve parfois ce
genre de surprises, entre deux versions des trois canards et une
chanson de bergère. Nous nous éloignons de notre répertoire
habituel, mais c'est pour une bonne cause.
Ne
vous êtes vous jamais trouvé pris au dépourvu au moment de chanter
en public ? C'est exactement ce que suggère ce texte. Alors pour
pallier à cet inconvénient, voici quelques couplets qui vous
permettront de briller en société; extraits des collectes déposées
à Dastum 44; c'est cadeau !
pour
écouter la chanson et lire la suite
La
recherche de chansons “anciennes” auprès de porteurs de
traditions produit parfois des résultats inattendus. Pour beaucoup
d'informateurs l'ancienneté d'une chanson se rapporte aux airs
entendus dans leur jeunesse, qu'ils soient de tradition orale ou de
facture récente. Là où nous cherchons les traces d'une société
traditionnelle éteinte, nous récoltons aussi des Paimpolaise
ou des Riquita. Celles ci ne sont pas pires que les
affligeantes patoiseries, œuvres de lettrés pour qui la tradition
est abordée avec l'esprit de Bécassine. Bref, avec notre chanson en
forme d'excuse on joint au moins l'utile à l'agréable.
Cette
chanson est unique dans les collectes effectuées dans notre secteur.
Nous n'en avons pas trouvé trace non plus dans l'ensemble de la base
Dastumedia. Le langage utilisé et la musique qui le supporte font
penser à une composition du tournant du vingtième siècle.
Cependant nous ne pouvons l'affirmer avec certitude. Si cette chanson
est peu répandue c'est peut être signe d'une composition locale. Si
vous pouvez nous éclairer à ce sujet nous vous en serons
reconnaissant.
Le
premier vers n'ayant pas été sauvegardé par l'enregistrement
originel, nous en avons choisi un de façon arbitraire.
Interprète
: Jean-Louis Auneau
source:
Madeleine Oheix, enregistrée en novembre 1992 au Gâvre
(Loire-Atlantique) par Patrice et Laurence Maillard
NB:
les paroles en italique, ne figurant pas dans l'enregistrement
initial, ont été ajoutées par le chanteur.
Ici
ce soir pour vous distraire
On
m’a prié de dire une chanson
Et
c’est volontiers que je cède
A
votre aimable invitation
La
bonne volonté doit suffire
En
principe on doit accepter
Mais
qu’est-ce que j’pourrais bien vous dire
Je
ne vois pas c’que j’pourrais chanter
J’connaissais
bien une chansonnette
Alors
que j’étais tout enfant
Je
la jouais bien sur ma clarinette
Et
l’air était bien entraînant
Cette
chanson pourrait vous distraire
Mais
au moment d’la débiter
Les
paroles manquent à mon affaire
Je
n’peux donc pas vous la chanter
De
toutes les chansons qu’on fabrique
Y’a
pas souvent grand-chose de bon
C’est
l’fond qui n’vaut pas la musique
Ou
l’air qui n’vaut pas la chanson
Pour
en trouver une parfaite
Il
faudrait peut-être l’inventer
Mais
celle-là n’est pas encore faite
Pour
que je puisse vous la chanter
Ma
mémoire est un peu rebelle
Mon
répertoire est limité
Si
bien que je n’saurais laquelle
J’pourrais
chanter en société
Si
j’avais une table d’inventaire
Ce
s’rait commode à consulter
Y’en
a même pas au dictionnaire
Je
n’peux donc pas vous la chanter
Si
en piochant dans le répertoire
Je
trouvais quelque chose de bon
Pour
satisfaire mon auditoire
Je
la chanterais sur tous les tons
Oui
mais voilà que ma mémoire
Se
remet tout de suite à cafouiller
Alors
j'ai fini mon histoire
Et
ça va être à vous de chanter