vendredi 19 avril 2019

292 - Vive le rossignol (Menteries)


Ce n'est pas la première des menteries que nous vous proposons. Le genre connaît un tel succès que ce type de texte est présent dans bien des répertoires. D'une chanson à l'autre on repère des constantes ou des thèmes récurrents. L'imagination ou même l'improvisation des interprètes y est toujours bien présente, du moment que le non sens reste la source principale d'inspiration.
Ce n'est donc pas pour le simple plaisir d'enrichir la collection de menteries que nous vous offrons cette nouvelle version. C'est l'originalité de sa structure qui a retenu notre attention.
Pour écouter la chanson et lire la suite :


Avant d'aller plus loin nous vous invitons à réécouter les précédentes interprétations de menteries publiées dans ce blog, avec les chansons  :
40 - M'en revenant de Lille – janvier 2014
164 - Ton petit bonnet – août 2016
217 - Histoire de mensonges – septembre 2017
D'où vient cet engouement pour les menteries qui se manifeste par une multitude de chansons ? De la transgression innocente d'un des dix commandements ? Du besoin de prendre quelques distances avec la réalité ? Car il ne faut pas confondre mensonge et menterie. Nous ne sommes pas dans l'exagération propre aux pécheurs pour la qui la prise du moindre goujon se transforme en combat contre un monstre aquatique « gros comme ça ! », ni la vantardise des Tartarins de village capables à les entendre de tuer d'une seule balle un lièvre et un pigeon en vol. Non, la chanson prend bien la précaution de nous avertir d'emblée :
Je vais vous dire une chanson qui n'est que de mensonges
Ceci étant posé, tout est permis ou presque. Les animaux sont toujours les plus sollicités pour illustrer ce thème. Et parfois les bizarreries du corps humain : mordu au talon, on saigne à l'oreille.
Cette chanson ci reprend la structure d'une autre fréquemment entendue et collectée dans le même secteur mais avec un texte différent. Il s'agit d'un air à danser que les catalogues de MM Coirault et Laforte répertorient respectivement sous les titres «  la brebis tondue «  ou « vive le rossignol »(1). C'est la vengeance d'une maumariée qui met dans le lit de son « vieillard » une grosse pierre pointue. Chaque couplet fait intervenir le rossignol affublé d'un qualificatif différent, pour les besoins de la rime.
Mon père m'a marié selon sa fantaisie
Il m'a donné un vieillard
vive le rossignol gaillard...
C'est ce même procédé qui est utilisé ici. La chanson type du « rossignol gaillard » est connue sous cette forme essentiellement dans l'ouest de la France, Haute-Bretagne et Anjou. Mais les menteries sont populaires dans toutes les régions et dans toutes les langues.

notes
1 - référence Coirault : 5719 la brebis tondue (maumariées aux vieillards) ; référence Laforte : I, D-14 Vive le rossignol

interprète : Janig Juteau 
source : collecte de Maximin Hervy auprès d'Ursule Gougaud, à Saillé (Guérande)
catalogue P. Coirault : 11401 – les menteries
catalogue C. Laforte : IV, ma-26, les menteries

Je vais vous chanter une chanson
Qui n'est que de mensonges
Qui n'est que de mensonges
Je vais vous chanter une chanson
Qui n'est que de mensonges
Qui n'est que de mensonges
S'il n'y a qu'un mot de vérité
vive le rossignol d'été
S'il n'y a qu'un mot de vérité
J'aimerais mieux m'y pendre
J'aimerais mieux m'y pendre
S'il n'y a qu'un mot de vérité
J'aimerais mieux m'y pendre
J'aimerais mieux m'y pendre

Mon père m'a-t-envoyé charruer – vive le rossignol d'été
sur la tête d'un chêne
J'en n'avais pas fait trois sillons – vive le rossignol mignon
Que la grand messe y sonne

J'ai pris mon charrue sur mon dos – vive le rossignol badaud
mes deux bœufs dans ma poche

En passant sur un châtaigner - vive le rossignol d'été
Rempli de cerises

J'ai flanqué mon aiguillon d'dans – vive le rossignol d'argent
Il ne tombait que des melles

La bonne femme au coin de sa maison – vive le rossignol mignon
Son coq voulait la mordre

Il l'a mordit au talon - vive le rossignol mignon
Elle saignait à l'oreille

Le chat qu'est dans le coin du foyer – vive le rossignol d'été
Qui chauffait la marmite

En voulant goûter à un chou – vive le rossignol jaloux
Il a brûlé sa barbe

Les mouches qu'étaient au plafond – vive le rossignol mignon
crevaient leur ventre de rire

Les rats qu'étaient dans le grenier – vive le rossignol d'été
Pissaient dans leur chemise


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