vendredi 24 octobre 2014

77 - Hélas, pourquoi s’y marie-t-on ?

Pourquoi ne pas avoir commencé notre série de chansons sur le mariage par celle ci ? La réponse à cette question aurait pu nous dispenser du reste. Mais nous serions passés à coté de belles chansons, qui reflètent si bien tout le folklore du mariage. Il aurait été dommage de s'en priver.
Si toutes les semaines précédentes ont été consacrées au sort de LA mariée, c'est un point de vue masculin qui nous est offert cette fois. Celui du mari dominé par son épouse.
On peut se demander pourquoi tant de chansons de mariage tournent en dérision l'institution et n'en décrivent que les aspects négatifs. En réalité il existe autant de chansons vantant tout le bonheur de la vie à deux. Ce ne sont que des chansons d'amour !
lire la suite et écouter la chanson

Toutes les chansons de regret du garçon mal marié sont bâties autour du thème commun de l'homme qui rentre du travail et qui ne trouve rien à manger que les restes d'un repas. Encore heureux quand le festin n'a pas eu lieu en galante compagnie. Notre version, collectée près de la Vilaine, présente des similitudes avec d'autres originaires de Haute Bretagne ou des départements voisins. Ces ressemblances portent plus sur le texte que sur les mélodies. Ainsi, dans le pays de Loudéac, Le Bris et Le Noac'h (1) en ont publié cinq versions différentes, toutes à danser le rond. Dure, dure la vie de jeune marié en centre Bretagne. On peut même y laisser sa santé mentale si on en juge par le refrain collecté par Hervé Dréan à Marzan, coté morbihanais de la Vilaine (2) :
Pigoli pigolain pain pain pigolain
pigoli pigolin paingui paingo
paingobino paingo la gobinette
A peu de distance à vol d'oiseau, Louisette Radioyes a noté à Saint Congard (3)une rare variante féminine de ce thème :
hélas pourquoi qu'on s'y marie
faudrait bien mieux rester jeune fille
devenue vieille elle se serait « retirée dans un vieux monastère auprès d'un vieux curé ». Ce personnage apparaît dans de nombreuses versions. Tantôt à la table de la dame ; tantôt pour chanter le deuil du marié qui s'est étranglé en mangeant les os. Toutes ne finissent pas aussi tragiquement. Certaines conservent un caractère ironique comme ce refrain noté, entre autres, en Berry :
Bon je suis en ménage, gai je suis marié
Le refrain le plus courant en Bretagne, en Mayenne, en Vendée et dans beaucoup d'autres contrées que nous n'aurons pas le temps de visiter reste le :
Qu'on est si bien étant garçon, hélas pourquoi s'y marie-t-on ?
Ce thème si répandu dans la chanson populaire a même trouvé un écho dans variété au milieu du 20ème siècle avec le « ah si j'étais resté célibataire » qui a du vous rester dans les oreilles si vos parents étaient fans d'André Verchuren.
La semaine prochaine nous n'irons pas jusqu'à aborder le divorce. Nous nous contenterons de chanson de déserteur

notes
1 - Marc Le Bris & Alain Le Noach chansons des pays de l'Oust et du Lié – publiés en 5 volumes puis réédités en un seul.
2 – Instants de mémoire – tradition orale populaire autour de la Roche Bernard – H. Dréan – tome 3, page 105
3 – Traditions et chansons de Haute Bretagne / Le répertoire de Saint Congard et ses environs – L. Radioyes – tome 2 page 165

collectée par Mathieu Hamon auprès d'Hubert Bougouin à Avessac (Loire-Atlantique) en 1991
interprètes : Daniel Lehuédé, Dominique Juteau et Jean-Louis Auneau
catalogue P. Coirault : Les regrets du garçon mal marié (Maumariés – N° 05803)
catalogue C. Laforte : Garçon à marier (I, E-04)

Hélas, pourquoi s’y marie-t-on ?

Quand j’étais chez mon père garçon à marier (bis)
Je n’avais rien à faire qu’une femme à chercher
Hélas pourquoi s’y marie-t-on quand on est si bien comme ça, garçon
Hélas pourquoi s’y marions-nous quand on est si bien comme ça, chez nous

Je n’avais rien à faire qu’une femme à chercher (bis)
A présent j’en ai une elle me fait enrager
Hélas pourquoi s’y marie-t-on quand on est si bien comme ça, garçon…

Elle m’envoie à la ville le matin sans manger
Le soir quand je r’arrive elle a toujours soupé
Je lui demande : belle, belle, qu’as-tu donc mangé
Une bonne soupe grasse et un pigeon ramier
Les os sont sous la table veux-tu les éplucher
Le premier qu’il avale il s’est bien étranglé
Voilà mon mari mort j’en suis débarrassée
J’ai d’ l’argent dans ma poche pour le faire enterrer

Et du vin dans ma cave pour boire à sa santé

1 commentaire:

  1. Mon père chanter cette chanson dans les repas de famille, communion, mariage, j'avais 8 ans à l'époque maintenant j'ai 61 ans mon est dcd en 2003 sans laisser trace des paroles par hasard je tombe sur vos écris merci beaucoup. Jimmy

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