vendredi 18 juillet 2014

64 - Les filles du Croisic

Z'étaient chouettes les filles du bord de mer ! Pas au point de vous infliger le répertoire de Salvatore Adamo ; mais assez pour en faire une chanson.
Pas question non plus d'essayer de vous faire croire que ces couplets ont été composés pour les croisicaises. Toutes les autres versions de cette chanson collectées en Loire-Atlantique ou dans les régions limitrophes font référence aux filles de Lorient ; ou se contentent tout simplement de situer l'action au bord de l'eau.
Fernand Gueriff, à qui nous empruntons cette version, signale aussi qu'une adaptation locale a été faite avec les filles de Piriac (1). Enfin, pour être complet ajoutons que les versions québécoises ont transposé la scène sur les bords du Saint Laurent.
Ecouter la chanson et lire la suite


Des variantes locales des filles du Croisic il n'y a pas grand chose à ajouter par rapport à ces filles de Lorient qui semblent bien être à l'origine de l'histoire. Tout au plus la promenade a lieu tantôt sur la digue, tantôt le long de la corderie ou simplement sur la rive. L'endroit exact est sujet à débat ; on trouve aussi la Calaurie (Pornic) la cale au riz (Nantes) la Cailloni (Piriac) la callerie (Morbihan) à la pêche aux coquilles (Vendée)...
Le choix est plus restreint pour l'entrée au couvent de la belle, lassée d'attendre. Deux fois sur trois ce sont les Ursulines qui sont choisies. Les Capucines n'arrivent qu'en seconde position.
Finalement le seul point commun entre toutes ces versions est la destination du marin, resté aux iles de Saint Nicolas (2). L'existence d'une ile Saint Nicolas dans l'archipel des Glénans ne justifiant pas une absence de cinq ou sept ans, on peut supposer que l'amoureux avait trouvé son bonheur dans ces iles lointaines ou nombre de marins bretons ont fait souche, comme aux Antilles françaises par exemple. Toutefois, une absence de sept années correspond plus à un engagement militaire qu'à une navigation au long cours. Cependant les absences d'une année entière au temps de la marine à voile n'étaient pas si extraordinaires. Enfin le chiffre sept n'a peut-être qu'une valeur symbolique pour signifier une longue absence.
Nous arrêtons là cette étude « en douceur et en profondeur ». Nous consacrerons d'autres chapitres aux filles qui « étaient chouettes pour qui savait y faire ».
A bientôt


Notes
1 – cité par A. Guéraud, chansons populaires du comté nantais et du bas Poitou, tome 1 p 151
2 – cette version des filles du Croisic étant l'exception !

LES FILLES DU CROISIC

Ce sont les filles du Croisic (bis)
Qui sont belles et gentilles, faridondaine
Qui sont belles et gentilles, faridondé

S’en vont le soir s’y promener (bis)
Tout le long de la rive, faridondaine
Tout le long de la rive, faridondé

Ont aperçu venir sur l’eau (bis)
Un tant joli navire, faridondaine
Un tant joli navire, faridondé

Arrive, arrive, beau bâtiment (bis)
Je te souhaite bonne arrive, faridondaine
Je te souhaite bonne arrive, faridondé

Et si mon amant est dedans (bis)
Encore meilleure arrive, faridondaine
Encore meilleure arrive, faridondé

Oh non, la belle, il n’y est pas (bis)
Il est resté aux îles, faridondaine
Il est resté aux îles, faridondé

J’ai une lettre à vous donner (bis)
Qu’là-bas, il m’a remise, faridondaine
Qu’là-bas, il m’a remise, faridondé

Dans sept ans sera de retour (bis)
Si l’vent le favorise, faridondaine
Si l’vent le favorise, faridondé

Pendant sept ans, je l’attendrai (bis)
Jusqu’à ce qu’il arrive, faridondaine
Jusqu’à ce qu’il arrive, faridondé

Si dans sept ans ne revient pas (bis)
Me ferai ursuline, faridondaine
Me ferai ursuline, faridondé

source : Julienne Le Huédé, Le Croisic (44), 1894
collectage : Abel Soreau, publié par Fernand Guériff « Chansons de Brière… » - P. 366
interprètes : Janick Péniguel et Françoise Bourse
répertoire Coirault. : Le navire qui apporte des nouvelles de l’ami (01710)
Catalogue Laforte. : L’arrivée des navires (I, N-02)

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