vendredi 31 juillet 2015

116 - Les gars de Guérande

Evadez vous avec la chanson traditionnelle. Quel beau slogan ! Cette chanson le met en pratique en nous offrant une nouvelle fois le récit de prisonniers qui retrouvent la liberté par une intervention féminine. Mais ici l'aide vient de l'extérieur, la fille du geôlier n'y est pour rien.
Après la publication de cette chanson, le blog de Dastum 44 prend quelques vacances. Nous nous retrouverons après le quinze août. Notre rentrée sera chargée en actualités avec la sortie attendue du CD « chants des plaisirs de la table » (1). En attendant vous pourrez nous retrouver dimanche 16 août, au festival « les celtiques de Guérande » du coté de la scène traditions orales (2).
écouter la chanson et lire la suite


Les prisonniers sauvés par une chanson : pour une fois les historiens de la chanson traditionnelle, Coirault et Laforte, ont donné le même titre à la chanson type. Cette belle histoire semble plus présente dans les régions ouest de la France. Selon les versions, les prisonniers sont détenus à Rennes ou à Nantes et s'enfuient à Nantes ou à Rennes, vice versa et réciproquement. Pour assurer la continuité de l'assonance d'autres choisissent de se réfugier à Couëron, Hennebont, Redon ou Luçon...
Encore une fois les prisons de Nantes (ou de Rennes) se distinguent en chanson par une évasion réussie. Ce ne sont plus la fille du geôlier ou l'amante déguisée en page qui ouvrent les portes, mais les dames de la ville. Est ce qu'une chanson suffit ? Ce serait un peu idyllique comme situation. D'autres versions de cette histoire ajoutent un détail plus matériel. Le prisonnier ne veut plus chanter parce qu'il se plaint de la nourriture. Les dames viennent alors apporter à manger. Ce détail n’apparaît pas dans notre version.
La mélodie chantée ici est une de celles que Guériff a repris de Claude Pavec, collecteur guérandais du 19ème siècle dont nous avons déjà parlé.
Pour échapper aux accusations de chauvinisme (Guérande, Nantes toujours...) signalons que le thème de cette chanson existe dans des régions plus éloignées. Un texte noté dans la vallée d'Ossau (3), après un début identique, fait intervenir la fille du roi dont le prisonnier est amoureux. C'est beau l'amour, mais ça ne l'empêche pas lui aussi de se plaindre de la cantine. Depuis sept ans qu'il est là « nou j'ei minjat pouralhe ni gigots de moutou ».
Profitez bien des vacances pour vous évader et à bientôt

Notes
1 – toujours en souscription pour la modique somme de 15 euros. Patience, patience !
2 – dans le cadre du Festival les Celtiques de Guérande le dimanche 16 août à partir de 15h00 près de la Chapelle Notre Dame la Blanche. Animation organisée par les Veuzous de la presqu'ile ; stand Dastum 44.
3 – Jean Poueigh, chansons populaires des Pyrénées françaises

source : Fernand Guériff, volume 1 du « Trésor des chansons populaires folkloriques recueillies au pays de Guérande », pages 68 à 71
Interprète : Daniel Lehuédé
catalogue Coirault : Les prisonniers sauvés par une chanson (Sociales - N° 06229)
catalogue Laforte : Les prisonniers sauvés par une chanson (1-B-18)


Les gars de Guérande

Ce sont les gars de Guérande (bis)
Qui vivent en bons garçons, faléridaine, faléridon
Qui vivent en bons garçons, faléridaine, ma dondon

Ils sont bien vingt ou trente (bis)
A Rennes dans la prison, faléridaine…

Le plus jeune des trente chantait une chanson…

Toutes les dames de la ville sont accourues au son…

Bon prisonnier, bon drôle, chante-nous ta chanson…

Comment la chanterai-je, moi qui suis en prison…

Qu’on ouvre d’abord les portes, les portes de la prison…

Quand elles seront ouvertes je dirai ma chanson…

Près du geôlier, les dames ont fait intervention…

Les portes elles sont ouvertes, les prisonniers s’en vont…

Les uns s’en vont à Nantes, et les autres à Couëron…

Les autres à Saint-Nazaire et les autres à Redon…

Les autres s’en vont sur l’onde, jamais nous n’les r’verrons.


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