La rentrée est proche pour beaucoup
d'entre vous ; déjà passée pour d'autres. Aussi, cette
semaine nous allons commencer tout en douceur. Cette chanson vient
compléter une série déjà publiée l'an passé (1). Elle se
rapproche de la fameuse chanson de la mariée, formalisée jadis par
l'abbé Gusteau. Habituellement elle est accompagnée de l'offrande
d'un bouquet ou d'autres présents. Ici, ce sont des friandises ;
mais son originalité tient dans la présence d'un oiseau.
La chanson a été notée chez Stéphane
Glotin, de Campbon, qui la tenait de sa grand-mère : «
la chanson était chantée à la fin du repas de noce par les amies
de la mariée qui lui offraient un plat de friandises dans lequel ils
avaient mis un oiseau qui s'envolait quand elles soulevaient le
couvercle. »
Si vous connaissez d'autres témoignages
sur cette coutume n'hésitez pas à nous en faire part.
lire la suite et écouter la chanson
Les différentes sources relatives au
folklore du mariage ne mentionnent guère ce type de présent.
Fernand Guériff (2) a relevé en pays paludier la coutume de chanter
« rossignolet sauvage, dont le premier couplet fait
souvent partie, dans certaines provinces, de la chanson de la
mariée ». Mais cela sans la présence effective du messager
des amoureux. Aujourd'hui encore certains mariages donnent lieu à un
lâcher de colombes. Ce geste est censé être un symbole d'amour et
de fidélité. Il est surtout spectaculaire et s'ajoute aux souvenirs
de la cérémonie. Mais il n'a plus rien à voir avec la coutume
décrite dans cette chanson.
De même pour les friandises ; il
est souvent d'usage d'en distribuer aux invités : bonbons,
dragées...mais ici ce sont les amies de la mariée qui les lui
offrent.
Et voici donc le clou du spectacle avec
l'envol de l'oiseau. Dans l'imaginaire cela rejoint les tours de
magiciens qui font sortir une colombe d'un chapeau. Dans la pratique
ce devait être assez différent : attraper un oiseau pour la
circonstance ; le convaincre, sans dommages, de rester sagement
sous un couvercle en attendant le moment fatidique ! On demande
à voir. On espère juste que les friandises soient encore
consommables après avoir séjourné dans le même plat qu'un oiseau
apeuré.
Cette coutume ne semble pas très
répandue. Est elle localisée dans notre région ? Est elle une
facétie familiale ou locale ? Merci d'avance pour vos
témoignages.
Ajouté le 12/01/2016:
On nous a signalé une autre source
pour cette coutume non plus à Campbon mais cette fois à Vallet,
dans le vignoble. Elle est rapportée par Joseph Stany-Gauthier dans
un ouvrage sur le folklore de la Loire-Inférieure paru en 1957 :
« L. Delattre, dans
l'Intermédiaire nantais en 1907, signale une curieuse coutume
observée avant la guerre de 1870, à Vallet. Les jeunes filles
apportaient au repas de noces deux tourterelles cachées dans une
large soupière. La mariée sollicitée d'enlever le couvercle, les
gracieux volatiles prenaient leur envol ».
Le texte de la chanson est sensiblement
différent de celle que nous avons déjà publiée. L'alternance des
rimes féminines et masculine est identique. La coupe également,
avec ses huit vers (66666464) qui ne correspond à aucune autre des
chansons de la mariée. Malheureusement, la mélodie n'a pas été
notée.
notes
1 – voir en particulier les chansons
76, 84 et 85 de ce blog en octobre et décembre 2014
2 – le folklore du mariage, tome 2 du
Trésor des chants populaires folkloriques du pays de Guérande.
Quelques exemplaires sont encore disponibles (voir rubrique nos
éditions)
Source : Stéphane Glotin,
de Campbon (44) enregistré en octobre 1998 par Janig Juteau et
Florence Grondin
interprètes : Janig Juteau et
Martine Lehuédé
catalogues : à rapprocher
pour partie de la chanson de la mariée N° 5210 du répertoire
Coirault
Chanson de la mariée
Madame la mariée
Voici venu le jour
Où vous êtes parée
De vos plus beaux atours
Couronne sur la tête
Et le ruban
Et nous faisons la fête
En ce moment
Assis à cette table
Voici donc votre époux
Comme il parait aimable
Il est beau comme vous
C’est un mari modèle
Assurément
Il vous sera fidèle
A tout moment
A l’ami qui vous aime
Je dis de tout mon cœur
Il dépend de vous-même
La joie et le bonheur
L’amour qui vous rassemble
Durant toujours
Vous passerez ensemble
Des heureux jours
Recevez sans surprise
Dans ce joyeux moment
Ce tas de friandises
En modeste présent
Cet oiseau qui s’envole
Voilà comment
Dure l’instant frivole,
Bien peu de temps.
Version notée à Vallet:
Madame la mariée,
C'est aujourd'hui le jour
Où l'on vous sert à table
Dans vos plus beaux atours
Dans vos plus beaux atours
La couronne sur la tête
Et les rubans
Nous en faisons la fête
En ce moment
Madame la mariée,
Où est donc votre époux
Est-il aussi aimable,
Aussi beau comme vous ?
S'il est dans le ménage
Toujours joyeux
Vous passerez ensemble
Des jours heureux
La compagnie des filles
Vous présente aujourd'hui
Un beau plat dessert
Pour vous faire souvenir
Pour vous faire souvenir
D'une amitié sincère
Du temps passé
Et l'on vous prie madame
De l'accepter
Ce plat que vous présente
Avec beaucoup d'honneurs
L'amitié la plus tendre
Le dessus couvert de fleurs
Découvrez le madame
Bien doucement
Ne soyez pas surprise
De ce présent
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