Nous allons fêter prochainement le 14
juillet commémorant la brise de la pastille. Profitons en pour
glisser dans ce blog une petite chanson patriotique. Encore une fois
ce texte, malgré les apparences, ne peut être classé dans le
domaine de la tradition. Son auteur est connu : Il s'agit de
Yann Nibor, véritable poète de la marine. Ses compositions ne sont
pas des chants de marins mais des chansons sur la vie des marins.
Ce qui motive l'enregistrement de cette
chanson c'est qu'elle correspond au travail effectué par
l'association Dastum 44 sur les chansons liées à la guerre de
14-18. Elle est de la veine de tous ces textes qui préparent l'opinion au prochain conflit.
La conférence proposée sur ce sujet est présentée dans la
rubrique « nos prestations ».
écouter la chanson et lire la suite
Avec cette évocation des exploits de
la marine française nous sommes donc en plein dans la préparation
de la revanche contre l'occupant de 1870. Les alliances avec la
Russie tsariste et le royaume britannique visent à isoler l'empire
prussien. L'amiral Gervais s'est fort bien acquitté de sa tâche. La
chanson dépeint l'enthousiasme suscité par ces grandes manœuvres
politico-militaires. Le ton de la chanson est gaillard, populaire et
fanfaron. « Les coups de torchon à venir » annoncent un
conflit qu'on imagine victorieux sans peine.
Qui était son auteur ?
Yann Nibor, de son vrai nom Jean-Albert
Robin, né à Saint Malo en 1857, est décédé en 1947 à la
Chapelle sur Erdre (Loire-Atlantique). Issu d'une famille de
terre-neuvas, il s'embarque comme mousse en 1870 à l'âge de 13 ans,
pour se battre. C'est le début d'une longue carrière maritime.
Devenu novice, Il s'engage pour cinq ans, devient second maître
fourrier à 21 ans. Impressionné par le naufrage de deux morutiers
de Saint Malo, il commence à écrire des chansons sur la vie des
matelots. Il tente sa chance à Paris comme chanteur de
café-concert, costumé en marin. Puis, d'arsenal en arsenal,
chantant sur les bateaux, il devient le « barde »
officiel de la Marine nationale et est employé comme bibliothécaire
au ministère de la Marine.
Il a publié quatre recueils de ces
chansons. Celle à la gloire de l'amiral Gervais provient de « la
chanson des cols bleus » imprimé en 1901. Même si ces textes
sont bien imprégnés de la vie maritime, aucun ne peut être
considéré comme « chant de marins ». Ils n'ont pas été
repris par les équipages et uniquement chantés sur des scènes de
cabarets ou en spectacle sur des bâtiments officiels.
Pour en revenir à notre amiral :
aux grands hommes la patrie reconnaissante...mais pas les
municipalités. L'amiral Gervais n'a donné son nom qu'à deux rues.
L'une est à Wimereux, dans le Pas de Calais. L'autre va de la mairie
à la plage de la Bernerie en Retz, Loire-Atlantique. Et voilà qui
nous ramène dans notre secteur d'activités !
source : La Chanson des
Cols bleus – Yann Nibor – éd. Flammarion (1901)
interprètes : Jean-Louis
Auneau, Francis Boissard, Yves Bourdaud, Dominique Juteau et Daniel
Lehuédé,
L'Amiral Gervais
Gervais, c'est un zig d'amiral,
Pour les mat'lots en général (bis)
Il est grand, jeune et bien d'aplomb.
C'est un lapin qui n' craint pas
l'plomb !
REFRAIN
Buvons â la santé d' Gervais
Not' premier verre !
Puis après nous en boirons deux
A la santé des amoureux.
Gervais, c'est l'pèr' du vieux gabier,
Car c'est un bon manoeuvrier
Qu'aurait su fair' mousser aut'fois
Les vaisseaux d' la marine en bois !
J'ai vu Gervais pleurer d' chagrin
Dans l'accident d' machin' du R'quin !
Oui, moi, j'ai vu couler ses pleurs
Su' les brûlur's des pauv's chauffeurs
!
En Russi', dans l'escadr' du Nord,
Le Czar est v'nu 1' voir à son bord,
Pour lui dir' combien il l'aimait
Ainsi qu' les homm's qu'il commandait.
Ya eu des noc's à tout casser
Oùsqu'on n' faisait que d'
s'embrasser,
Si bien qu' les Anglich' man' jaloux
Ont dit à Gervais : « V'nez chez nous
! »
A Portsmouth, la poudre a tonné ;
Et nos mat'lots ont r'gueul'tonné,
Si bien qu'au dessert, les Anglais
Parlaient et comprenaient Y français !
On a nommé notre amiral
Amiralissim' général !
On n' pouvait pas faire autrement
Car il le mérit' bougrement !
Nos enn'mis n'ont qu'à bien s' tenir,
Car dans les coups d' torchon à v'nir,
Grâce à Gervais qui command'ra,
Su' tout's les mers on les ross'ra !
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