La majorité des chansons qui trouvent
place dans ce blog sont issues de collectes réalisées en
Loire-Atlantique et mises en valeur par Dastum 44. Pour apprendre ces
chansons vous disposez d'enregistrements numérisés, qui
représentent des heures d'écoute (1). D'autres proviennent de
sources plus anciennes, imprimées il y a plus de cents ans (Soreau,
Guéraud...) ou plus récemment (Guériff, Dréan...). Nous les
réinterprétons pour les rendre plus accessibles.
Une autre solution est d'apprendre
directement des générations précédentes. C'est ce qu'a fait le
chanteur que vous entendez aujourd'hui en apprenant le répertoire de
ses parents. Suppression des intermédiaires : directement du
producteur au consommateur !
La chanson du petit moine qui va voir
les filles est présente dans tous les répertoires. L'histoire se
déroule toujours de la même façon et la chute est identique. C'est
souvent le refrain qui marque les différences d'une version à
l'autre.
Le besoin de se moquer des moines
apparaît dans de nombreuses chansons. Leur comportement justifiait
sans doute ces moqueries. Nous avons aujourd'hui l'image d'un moine
correspondant au type chartreux, reclus dans son monastère avec un
vœu de silence et de chasteté. Il n'en a sans doute pas toujours
été ainsi. Récits, romans et chansons nous rapportent des
aventures de moines mendiant leur subsistance au contact de la
population, et souvent adeptes d'un contact un peu trop rapproché
avec les femmes. Il en est ainsi du moine confessant les filles, de
celui couchant avec la fille aînée, de celui mis à la porte par
la dame qui confisque ses habits, ou encore hébergeant une fille
dans sa cellule...et donc de celui qui va traire les vaches.
La chanson permettait donc de se moquer
ouvertement du clergé « régulier ». Elle n'oubliait pas
non plus le clergé séculier si on s'en réfère aux nombreuses
aventures attribuées aux curés. Ce sera pour une autre fois.
Revenons à notre petit moine. Un grand
nombre de versions de cette chanson le présentent comme membre d'une
congrégation basée à Saint Anne d'Auray, lieu de pèlerinage le
plus fréquenté en Bretagne depuis les apparitions du début du
17ème siècle (2). La fille qu'il visite prétexte de son état de
fatigue pour l'envoyer traire à l'étable. Ici la vache est trop
fougueuse pour se laisser faire par un inconnu. Dans d'autres récits
le moine confond vache et veau !
Notre version, apprise de sa mère par
le chanteur, est assez proche de celle publiée dans le tome 3 des
collectes de F. Guériff (3). Ce refrain n'est pas le plus courant,
les formules en tantoulaire – ouiche tan laire semblant les
plus prisées parmi quantité d'autres.
notes
1 – à sélectionner dans la base de
consultations de Dastum
2 – en 1625 pour être précis
3 – page 48 dans les « chansons
de Brière, de Saint Nazaire et de la Presqu'ile Guérandaise ».
Voir rubrique éditions
source : Berthe Bourdaud, de
Saffré (Loire-Atlantique), enregistrée en 1995
interprète : Yves Bourdaud –
réponses : Jean-Louis Auneau, Francis Boissard, Dominique
Juteau, Daniel Lehuédé
catalogue P. Coirault : Le moine
qui va traire la vache (Moines - N° 09318)
catalogue C. Laforte : Le petit
moine qui mignonnait (I, C–19)
Le petit moine
C’était un petit moine de la
chapelle d’Auray
De la chapelle d’Auray
Qui allait voir les filles bien tard
après l’souper
Dame, fallait voir comme il la
secouait, sa robe, sa robe
Dame, fallait voir comme il la
secouait, sa robe tant qu'il pouvait
Il allait voir les filles bien tard
après l’souper
Bien tard après l’souper
Sur son chemin rencontre une jeune
fille qui pleurait
Dame, fallait voir comme il la
secouait, sa robe…
… Qu’avez-vous donc, la belle,
qu’avez-vous à pleurer…
… J’ai mon ouvrage à faire, j’ai
ma vache à tirer…
… N’vous en faites pas la belle, je
vous la tirerai…
… La vache était jeunette, a joué
du jarret…
… Renversé le p’tit moine et gâté
tout son lait…
… Oh diable soit cette vache, jamais
je n’la tir’rai.
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