vendredi 23 août 2013

18 - La belle au jardin d’amour (2)

Souvenez vous : la semaine dernière nous avons laissé la belle au jardin d'amour. Son père et son amant la recherchaient avec l'aide d'un berger ; pendant ce temps elle parlait aux oiseaux, au grand désespoir de ses proches. Il est temps de prendre de ses nouvelles.


Ce ne sera pas tant pour ajouter à nos remarques précédentes. L'essentiel a déjà été dit. Mais plutôt pour remarquer qu'au delà des ressemblances entre les nombreuses versions, cette chanson peut se livrer à différentes interprétations. De la romance mélancolique nous voilà passé à un air plus entraînant. Le refrain collecté au 19ème près de La Baule par Gustave Clétiez, avec ses léridondon léridondaine, suggère une toute autre utilisation. Que cette mélodie ait pu être utilisée en chant à la marche ou à danser n'a rien d'étonnant. D'autres interprétations plus récentes et fort semblables, collectées entre presqu'ile guérandaise et estuaire de la Vilaine le confirment.

Hormis des chansons à dizaine aux paroles spécifiquement adaptées aux cortèges de noces, il n'existe pas de chants de marche ou de danse par destination, mais le plus souvent des textes adaptés aux besoins. Telle chanson a fort bien pu trouver sa place dans les veillées, accompagner les travaux des couturières ou des laboureurs, rythmer les ronds et les bals, ou faire passer le temps dans les déplacements à pied. Il a suffit d'adapter l'air, le refrain, le tempo...

Ces remarques n'ont rien d'une théorie ; il s'agit juste de constatations. Pour en revenir à

 lire la suite et écouter la chanson

https://soundcloud.com/dastumla/la-belle-au-jardin-damour-1  
la belle au jardin d'amour, Canteloube en a publié une version berrichonne qui « ornée de certaine manière, peut même servir de briolage (1) ». Voilà encore une utilisation supplémentaire, comme véritable chant de travail.

Pour en finir avec nos amoureux, Doncieux, dans son analyse de la chanson, note la timidité de l'amant qui « se plaint, soupire, n'ose approcher ... cette extrême discrétion ne serait ce point justement là le secret des mélancolies de la belle ? ». Nous terminons sur cette interrogation un sujet qui reste inépuisable.
A vous d'interpréter...dans tous les sens du terme
1 – briolage : type de chant utilisé pour mener les bœufs au labour.
La belle au jardin d’amour
La belle [est] va t’au jardin d’amour (bis)
C’est pour y passer la semaine, léridondon léridondaine
Son père la cherche partout (bis)
Et son amant qui est en peine, léridondon léridondaine…

N’as-tu pas vu passer ici / Ma mie, ma mie, la beauté même

Elle est là-bas dans ces vallons / Assise au bord d’une fontaine

Un bel oiseau dedans sa main / Elle lui raconte toutes ses peines

O bel oiseau, tu es heureux / D’être entre les mains de la belle

Et moi qui suis son bien-aimé / Je ne peux pas m’approcher d’elle.

source : « chansons d’Escoublac » (version recueillie par G. Clétiez en 1860)
interprète : Jean-Louis Auneau
catalogue P. Coirault : La belle au jardin d’amour (N° 1801)
catalogue C. Laforte : La belle au jardin d’amour (1-G-15)