Avant que les promoteurs n'en fassent
un quartier résidentiel, La Jonnelière était un coin de campagne
au bord de l’eau, animé par les bistrots et guinguettes où les
nantais venaient se distraire et taquiner le goujon. Une chanson a
été éditée sur feuille volante, qui nous restitue le souvenir de
cette belle époque.
Nous vous la proposons aujourd'hui pour
coller à l'actualité. C'est en effet la reprise du championnat de
Ligue 1 de football. Si les poules d'eau, canards et hérons ont
toujours fréquenté les bords de l'Erdre, ils ont été rejoint dans
les années 70 par des canaris (1) dont le plumage coloré égaye les
deux cotés de la rivière. Le centre de formation du FCNA (football
club de Nantes-Atlantique) est en effet situé à la Jonnelière, en
face de leur stade de la Beaujoire. Si nos canaris se sont beaucoup
fait plumer ces dernières années en seconde division on leur
souhaite de retrouver leur gloire passée (2) pour leur retour à
l'étage supérieur.
La Jonnelière de la chanson, celle qui
est restée dans la mémoire des nantais, était donc un lieu de
loisirs et de plaisirs: guinguettes, galettes, cidre ou muscadet,
pique nique familiaux, promenade en barque ou à l'ombre propice des
bois tous proches pour les amoureux. On y vient chercher la détente,
la verdure, la fraîcheur du bord de la rivière, mais aussi
profiter des attractions. Un zoo y fut installé - qui ferma ses
portes après qu'un lion y ait tué un enfant – un musée
automobile, aujourd'hui une base nautique. Mais le principal centre
d'intérêt ce sont les guinguettes. Du début du 20ème siècle à
1960 elles font de la Jonnelière, un haut lieu de la musique et de
la danse. Les gens de la ville y dansent la valse, le fox trot, le
tango sur les pistes couvertes ou extérieures dont dispose chaque
établissement.
Pour écouter la chanson et en savoir plus:
la Jonnelière
Au bord de la rivière de l'Erdre si
jolie
Voici la Jonnelière et ses bosquets
fleuris
Dans ce décor charmant de tout temps
on dansa
Parait que Grand'maman piquait une
polka
Et là sous les charmilles les filles
et les garçons
Dansaient un vieux quadrille au rythme
du piston
refrain
Aujourd'hui à la Jonne' au son de
l'accordéon
Les filles s'abandonnent dans les bras
des garçons
Et les yeux dans les yeux on se fait
des serments
On ne dit rien de mieux pourtant on se
comprend
Ensemble tourbillonnent les filles et
les garçons
Tout le jour à la Jonne' au son de
l'accordéon
Sous les mêmes ombrages écoutez
d'autres sons
On est plus à la page, le one step, le
boston
Se dansent avec ardeur et le jeune
tango
Lui aussi fait fureur même chez les
aristos
Un piano mécanique chez le bistrot du
quai
Des beaux airs d'Amérique donne les
notes gaies
(au refrain)
Dans un décor de grâce à l'ombre
d'un vieux pont
La rivière se prélasse au milieu des
ajoncs
Le pickup sans arrêt diffuse une java
Qu'en se serrant de près on danse à
petit pas
De toutes les guinguettes écoutez les
flons-flons
D'une java musette que joue l'accordéon
(au refrain)
(1) pour les nons-nantais ou étrangers
au milieu du foot, précisons que la couleur jaune à parements verts
du maillot des footeux nantais leur a valu ce surnom de canari. Les
échos d'une chanson de supporters « allez, allez les canaris,
ce sont les rois de la prairie... » résonnent encore dans
l'ancien stade Marcel Saupin, déserté en 1984 pour celui de la
Beaujoire. Une autre fois peut être...
(2) huit titres de champion et trois
coupes de France. Quand même !!!
Nos infos sur la Jonnelière doivent
beaucoup au tome 2 de «Histoire des quartiers nord de Nantes : La
Jonnelière, un village au bord de l'Erdre», ouvrage réalisé par
le centre socio-culturel de la Boissière à Nantes.
Chanson sur feuille volante –
paroles : A. Aubin, musique : J. Aubernon – Java musette
interprètes : Janick Péniguel
(chant) Blandine Mousset (accordéon)