...c'est pour y passer la semaine »
nous la passerons avec elle, dans l'espoir de trouver la réponse à
ces questions essentielles : qu'est ce qu'un jardin d'amour ?
L'amant retrouvera-t-il sa belle ? Confier ses peines à un
oiseau n'est il pas le signe d'un léger trouble mental ?, etc
En attendant, voyons un peu ce que les
historiens de la chanson traditionnelle peuvent nous apprendre sur
cette romance qu'on retrouve dans toutes les provinces francophones
avec des mélodies et des paroles très proches. Cette conformité au
modèle signifie-t-elle une composition relativement récente,
provenant d'un milieu cultivé ?
« cette chanson est originaire
d'une province d'oil, mais on ne saurait dire laquelle »
(Doncieux) ; « fin 17ème ou mieux 18ème »
(Davenson) « d'un auteur lettré du 18ème voulant adopter une
tournure à l'ancienne » (Canteloube) ; « imitation
rustique de la poésie à la mode dans les milieux lettrés »
(Davenson)...
Merci messieurs pour toutes ces
(im)précisions. Arrêtons là les recherches. Tous s'accordent
pourtant pour trouver une ressemblance avec les bergerettes et
pastourelles à la mode avant la révolution et font référence à
Florian.
Quand aux réponses à nos questions,
mieux vaut ne pas trop insister non plus. Marc Robine, dans
l'anthologie de la chanson française (1), y voyait un « catalogue
de tous les principaux symboles de la
lire la suite et écouter la chanson
mythologie érotico-amoureuse ».
Pourquoi alors se réfugier au jardin d'amour pour se confier à un
oiseau ? Nous ne serons jamais fixés sur ces motivations ;
chacun peut y aller de son interprétation personnelle. Laissons à
Doncieux (2) le mot de la fin : « Il ne convient pas de
presser trop fort une fable si vaporeuse. Ne cherchez rien davantage
en ce pastel un peu flou, qu'un paysage idyllique et rococo où se
groupent joliment quelques figures indécises ». Contentons
nous d’apprécier la poésie de ce texte qui a su toucher le plus
grand nombre, si on en juge par la quantité de versions récoltées,
en Loire-Atlantique et ailleurs.
1 – Anthologie de la chanson
française : la tradition – Marc Robinne, chez Albin Michel –
1994
2 – Le romancero populaire de la
France – George Doncieux - 1904
La belle au jardin d’amour
La belle s’en va au jardin d’amour
(bis)
C’est pour y passer la semaine,
falaridon léridondaine
Si la semaine ne suffit pas (bis)
Il faudra passer la quinzaine…
Son père la cherche partout / Et son
amant qui est en peine
Nous faudra la faire demander / Au plus
beau berger de la plaine
Berger, berger, n’as-tu point vu /
Passer ici la beauté même
Oh si, oh si, je l’ai bien vue /
Là-bas au pied de la fontaine
Et dans sa main tient un oiseau / A qui
la belle raconte ses peines
Petit oiseau, que tu es heureux /
D’être entre les mains de la belle
Moi qui suis son fidèle amant / Je
n’ose pas m’approcher d’elle
Faut-il être auprès d’un ruisseau /
Et endurer la soif extrême
Fat-il être auprès d’un rosier / Et
n’en pouvoir cueillir la rose
Approche, approche, fidèle amant /
C’est pour toi qu’est ma beauté même
Cueillez-la donc, amant, cueillez (bis)
Cueillez-la donc, amant, la rose
Car c’est pour vois qu’elle est
éclose.
source : archives DASTUM 44
(collectage : Fernand Guériff)
interprète : Nolwenn Le
Dissez
catalogue P. Coirault : La belle
au jardin d’amour (Amourettes - N° 1801)
catalogue C. Laforte : La belle au
jardin d’amour (1-G-15)