vendredi 16 août 2013

17 - La belle au jardin d’amour (1)


...c'est pour y passer la semaine » nous la passerons avec elle, dans l'espoir de trouver la réponse à ces questions essentielles : qu'est ce qu'un jardin d'amour ? L'amant retrouvera-t-il sa belle ? Confier ses peines à un oiseau n'est il pas le signe d'un léger trouble mental ?, etc

En attendant, voyons un peu ce que les historiens de la chanson traditionnelle peuvent nous apprendre sur cette romance qu'on retrouve dans toutes les provinces francophones avec des mélodies et des paroles très proches. Cette conformité au modèle signifie-t-elle une composition relativement récente, provenant d'un milieu cultivé ?
« cette chanson est originaire d'une province d'oil, mais on ne saurait dire laquelle » (Doncieux) ; « fin 17ème ou mieux 18ème » (Davenson) « d'un auteur lettré du 18ème voulant adopter une tournure à l'ancienne » (Canteloube) ; « imitation rustique de la poésie à la mode dans les milieux lettrés » (Davenson)...
Merci messieurs pour toutes ces (im)précisions. Arrêtons là les recherches. Tous s'accordent pourtant pour trouver une ressemblance avec les bergerettes et pastourelles à la mode avant la révolution et font référence à Florian.
Quand aux réponses à nos questions, mieux vaut ne pas trop insister non plus. Marc Robine, dans l'anthologie de la chanson française (1), y voyait un « catalogue de tous les principaux symboles de la
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mythologie érotico-amoureuse ». Pourquoi alors se réfugier au jardin d'amour pour se confier à un oiseau ? Nous ne serons jamais fixés sur ces motivations ; chacun peut y aller de son interprétation personnelle. Laissons à Doncieux (2) le mot de la fin : « Il ne convient pas de presser trop fort une fable si vaporeuse. Ne cherchez rien davantage en ce pastel un peu flou, qu'un paysage idyllique et rococo où se groupent joliment quelques figures indécises ». Contentons nous d’apprécier la poésie de ce texte qui a su toucher le plus grand nombre, si on en juge par la quantité de versions récoltées, en Loire-Atlantique et ailleurs.

1 – Anthologie de la chanson française : la tradition – Marc Robinne, chez Albin Michel – 1994
2 – Le romancero populaire de la France – George Doncieux - 1904

La belle au jardin d’amour

La belle s’en va au jardin d’amour (bis)
C’est pour y passer la semaine, falaridon léridondaine

Si la semaine ne suffit pas (bis)
Il faudra passer la quinzaine…

Son père la cherche partout / Et son amant qui est en peine

Nous faudra la faire demander / Au plus beau berger de la plaine

Berger, berger, n’as-tu point vu / Passer ici la beauté même

Oh si, oh si, je l’ai bien vue / Là-bas au pied de la fontaine

Et dans sa main tient un oiseau / A qui la belle raconte ses peines

Petit oiseau, que tu es heureux / D’être entre les mains de la belle

Moi qui suis son fidèle amant / Je n’ose pas m’approcher d’elle

Faut-il être auprès d’un ruisseau / Et endurer la soif extrême

Fat-il être auprès d’un rosier / Et n’en pouvoir cueillir la rose

Approche, approche, fidèle amant / C’est pour toi qu’est ma beauté même

Cueillez-la donc, amant, cueillez (bis)
Cueillez-la donc, amant, la rose
Car c’est pour vois qu’elle est éclose.

source : archives DASTUM 44 (collectage : Fernand Guériff)
interprète : Nolwenn Le Dissez
catalogue P. Coirault : La belle au jardin d’amour (Amourettes - N° 1801)
catalogue C. Laforte : La belle au jardin d’amour (1-G-15)