Chanter
la vigne et le vin, c'est de saison. Plus que de l'opportunisme, la
chanter cette semaine (1) c'est aussi une façon de célébrer le
patrimoine du pays nantais. Et de rappeler que le patrimoine ce n'est
pas seulement des vieilles pierres témoignant des siècles passés.
Ce sont aussi des savoir faire ou des traditions gastronomiques comme
ce muscadet, produit emblématique de la région. C'est aussi et
surtout pour nous des
chansons
qui méritent mieux qu'une simple préservation.
Pour
écouter la chanson et lire la suite
Le
texte de cette chanson figure parmi les documents recueillis par
Bernard de Parades qui projetait de rassembler toutes les chansons
parlant de Nantes. Nous avons repris à notre compte ce projet qu'il
avait intitulé « Nantes la bien chantée ». Ce texte
n'était accompagné d'aucune notation musicale. Par bonheur, des
versions de cette chanson ont été recueillies par d'autres
chercheurs. Nous avons donc utilisé la musique notée par Jérôme
Bujeaud dans ses « chants et chansons populaires des provinces
de l'ouest ».(2)
Bien
qu'aucune indication précise d'origine ne figure dans ces archives,
cette version est typiquement nantaise. Aurait-elle fait l'objet
d'une adaptation par une confrérie vigneronne ? (3). Seul le
premier couplet correspond aux autres versions connues. Les suivants
semblent dus à la verve poétique d'un amateur local. Ils insistent
sur le muscadet des coteaux de Goulaine et sa consommation au pays.
Après quelques déboires dans les années 80, le muscadet a retrouvé
aujourd'hui une image plus qualitative. C'est autant un produit
d'exportation qu'un symbole de la consommation locale.
Dans
la version publiée par Bujeaud la belle se défend car elle a peur
des épines. Ce qui lui vaut pour réponse :
Entrez,
entrez la belle
Je
vous donnerai des gants
Pas
d'épines dans notre version, où la belle se contente de prétexter
que la saison n'est pas encore venue.
La
Saint Vincent se fête le 22 février, date anniversaire de la mort
de ce saint martyr que rien ne semblait prédestiner à patronner le
monde viticole. Le calembour sur le vin-sang, basé sur le vin
symbole du sang du Christ dans la célébration de la messe,. Un
calembour a portée limitée si on veut bien considérer que le
martyr en question, né à Huesca en Espagne s'appelait donc Vicente.
La date du 22 février est surtout très opportune pour une
profession qui peut faire la fête, en ayant fini avec la
vinification de la vendange précédente et pas encore commencé la
taille pour celle à venir.
Notes
1
– où se tiennent les Journées Européennes du Patrimoine
auxquelles nous participons activement
1
– recueil publié en 1895 - tome 1, page 101
2
– en pays nantais la dite société s'appelle « les
chevaliers bretvins » renforçant l'image de vin « breton »
du muscadet.
interprète :
Jean-Louis Auneau
source :
texte recueilli par Bernard de Parades - musique d'après le recueil
de Jérôme Bujeaud (chants et chansons populaires des provinces de
l'ouest)
catalogue
P. Coirault : 1826 - Entrez la belle en vigne
catalogue
C.Laforte : I, H-12 – Entrez en vigne
Entrez
la belle en vigne
Quand
les pampres sont grands
Je
n'entre point en vigne
Quand
ce n'est pas le temps
R
Gai,
gai, la belle j'vous aime
Gai,
gai, je vous aime tant
Allez
la belle en vigne
Cueillir
le muscadet
Je
n'entre point en vigne
Dans
le mois de juillet
R
Gai,
gai, la belle j'vous aime
Gai,
gai, je je suis vot'valet
Attendez
la vendange
Et
le raisin mûri
Quand
nos celliers engrangent
Les
portoires remplies
R
Gai,
gai, la belle j'vous aime
Gai,
gai, je suis votre ami
Et
pour l'année prochaine
Devers
la Saint Vincent
Le
clair vin de Goulaine
Sera
d'or et d'argent
R
Gai,
gai, la belle j'vous aime
Gai,
gai, je vous aime tant
Et
pour l'année suivante
Devers
la Saint Vincent
Notre
clair vin de Nantes
Sera
bien gouleyant
R
Gai,
gai, la belle je trinque
Gai,
gai, à tous vos amants
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