Quand viendra le jour d'accomplir nos
amours ? Dans cette chanson, la réponse est donnée par les
parents qui jugent leur fille trop jeune pour s'engager dans une
relation sérieuse. Dépité, l'amoureux parle de finir ses jours,
retiré du monde. La réaction peut paraître excessive, d'autant que
la réponse n'est sans doute pas définitive. Ah, l'impatience de la
jeunesse !
Cette belle mélodie est bien présente
dans toute une zone qui va de Saint Nazaire à Loudéac, et
particulièrement autour de l'estuaire de la Vilaine.
Pour écouter la chanson et lire la
suite :
Cette chanson a été collectée à de
nombreuses reprises en Haute-Bretagne. Pour vous en convaincre vous
pourrez en écouter diverses interprétations sur la base dastumedia.
On la retrouve en Morbihan et en Ille et Vilaine (Péaule, Saint
Dolay, Saint-Just, La Gacilly, Peillac, etc) ainsi que dans l'ouest
de la Loire-Atlantique (La Chapelle des marais, Saint-Lyphard...).
Notre version a été récoltée en
1937 par Gaston Le Floc'h, à Prézégat, un quartier de Saint
Nazaire.
Aux six couplets
que nous interprétons s'ajoute le plus souvent une conclusion en
forme de lamentations de l'amant rejeté :
Je m'en irai dans
un bois solitaire
Finir mes jours à l'ombre d'un rocher
c'est aussi parfois
Dans la forêt de
Ste Catherine (ou Ste Madeleine)
Où le soleil n'a jamais pénétré
Ce qui n'empêche pas qu'un rossignol vienne l'y narguer :
Il chante, il dit
dans son joyeux langage
Les amoureux sont toujours malheureux
Les
arguments des parents sont ils justifiés ? L'âge de la jeune
fille n'est pas précisé ici, mais d'autres versions lui donnent 14
ou 15 ans, plus rarement 18 ans. On propose donc au galant de faire
d'abord son service militaire et de revenir plus tard. Quelques
chansons parlent ainsi de son départ, comme celle enregistrée en
1949 par Claudie Marcel Dubois à la Chapelle des Marais, où M.
Roussel chante :
Quand elle a vu
mon chapeau ma cocarde
Elle a bien vu
que j'étais engagé
Mon cher amant tu
pars donc pour la France
Là tu m'y laisses au pays sans amant
Le rossignol a bien raison : les amoureux sont toujours
malheureux...dans les chansons traditionnelles.
Interprète : Nicolas
Pinel
source :
Fernand Guériff, Tome III, p. 184 - Chansons de Brière, de
Saint-Nazaire, et de la presqu'île Guérandaise. Récolte de Gaston
Le Floc'h. Chanté par M. Brethaud, à Prézégat, en 1937
Catalogue P. Coirault :
4715 – Quand sera le jour où j'aurai tes amours
Par un beau soir, j'allais voir ma
maîtresse
Près d'un bon feu, nous causions tous
les deux.
Je lui ai dit : - Ma charmante
maîtresse
Quand viendra l' jour d'accomplir nos
amours ?
- Mon beau galant, va t'en trouver mon
père,
Tandis qu'à moi, cela me convient
bien.
- Bonjour, bon père, bonjour, bon père
honnête,
Vot' fill' Jeannette, voulez-vous m' la
donner ?
- Retire-toi, ma fille est bien d' trop
jeune,
Retire-toi, ma fill' n'est pas pour toi
!
- Ah, quel malheur, s'il faut que je m'
retire,
Moi qui avais si bien placé mon coeur
!
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