Chanson d'amour, chanson à boire ou
combinaison des deux ? Voici à nouveau un texte qui mélange
les genres. S'il est difficile de se prononcer d'une manière
définitive c'est que le choix de l'interprétation et les
circonstances peuvent en faire tantôt un refrain de libations tantôt
une complainte amoureuse.
Nous l'avons incluse dans notre CD
« chants des plaisirs de la table » (1) parce qu'elle se
prête bien à cette utilisation autour d'un verre en comparant les
plaisirs de l'amour et ceux de la boisson. Le dosage des deux varie
d'une version à l'autre de cette chanson. Aux couplets qui utilisent
des métaphores bucoliques à base de moutons, de papillons ou
d'abeilles, viennent s'ajouter d'autres bâtis sur le même principe,
à la gloire du vin.
Pour écouter la chanson et lire la
suite :
La comparaison entre l'amour des femmes
et le goût pour la bouteille est présente dans bien des chansons.
Cela va parfois jusqu'à dire que l'une est une amie plus fidèle que
l'autre. Point de cela dans ce texte qui met à égalité les
relations amoureuses et la boisson. Aimer et boire ne sont pas des
crimes. Si la référence à Dieu est insistante c'est que la
religion a souvent fait, elle aussi, le parallèle, en considérant
l'amour et la boisson comme des sources de péché.
Plaisirs de la chair et de la chère
sont donc traités sur le même plan, avec une façon très adroite
de balayer les critiques moralisatrices et les excès de l'abstinence
et de la tempérance. Un hymne à la bonne vie, en quelque sorte, qui
explique sans doute la popularité de cette chanson.
Ce texte présente un nombre de
couplets variables d'une version ou d'un interprète à l'autre. Cela
donne parfois des juxtapositions étonnantes. Ainsi après nous avoir
vanté des plaisirs simples et détachés de tout matérialisme, le
sixième couplet réclame ironiquement de l'argent en abondance.
L'expression il aurait mis les
vignes en mer a de quoi surprendre. Certes, les franges
littorales donnent rarement de grands crus mais l'idée de noyer la
vigne sous la mer pour empêcher de produire du vin est totalement
saugrenue. Elle vient en fait d'une déformation du texte qu'on
retrouve parfois chez d'autres interprètes. La formulation originale
est :
Il aurait fait la vigne amère
s'il eut voulu qu'on en but pas,
ce qui est plus logique.
C'est à Antoinette Perrouin, chanteuse
de Couffé dans le pays d'Ancenis que nous devons cette version de la
chanson, via la collecte de Pierre Guillard. Nous vous donnons deux
couplets bonus (en italique dans le texte). Il viennent d'un autre
chanteur du même secteur et de la même famille qu'Antoinette
Perrouin, M. Joseph Rousseau, de Ligné, enregistré en 1967 par Jean
Renaud. Ce couplet renforce encore la comparaison entre la femme et
la bouteille.
Note
1 – deux ans déjà que ce disque est
paru ! Il n'est pas trop tard pour vous le procurer (voir page
« nos éditions »)
Interprète :
Barberine Blaise
source : Antoinette Perrouin,
enregistrée par Pierre Guillard et Patrick Bardoul aux Mazeries, en
Couffé
catalogue P. Coirault :
Aimer n’est pas un crime (Petites scènes, N° 01516)
catalogue C.
Laforte : Là-haut sur ces
montagnes (2-F–05)
Là-haut sur la montagne
J’ai entendu pleurer
Ah, c’est la voix de ma compagne
Je m’en vais vite la consoler
Qu’avez, qu’avez la belle
Qu’avez-vous à pleurer
Ah, si je pleure, si je soupire
C’est de regret d’avoir aimé
Trop aimer n’est pas crime
Dieu ne le défend pas
Il aurait fait des cœurs de pierre
S’il eut voulu qu’on aimât pas
Les moutons dans la plaine
Sont en danger du loup
Et toi et moi, gentille bergère
Nous sommes en danger de l’amour
Les moutons vivent d’herbe
Et l’abeille de fleurs
Et toi et moi, gentille bergère
Nous ne vivons que de langueur
Il y a trois choses en France
Que Dieu ne défend pas
C’est de l’argent en abondance
Une jolie femme et du bon vin
Boire un coup n'est pas crime
Dieu ne le défend pas
Il aurait mis les vignes en mer
S'il eut voulu qu'on n'buva pas
Ni or, ni argent, ni paix sereine
Une femme et du bon vin
De ce vin blanc qui brille au verre
Et fais les hommes sans chagrin.
A ta santé mignonne
Prends ton verre à la main
Et moi j'y prendrai la bouteille
Et je t'y verserai du vin.
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