Pour fêter la sortie du double CD
consacré au pays de Châteaubriant nous avons choisi cette semaine
une chanson dont l'original a été retenu dans ce quatrième ouvrage
de la collection « pays de Bretagne ». Elle raconte les
amours contrariées de deux jeunes gens de condition très modeste :
le garçon est un terrassier (piocheur de terre) soumis aux aléas de
la conjoncture entre la fin d'un chantier routier et l'arrivée,
heureuse, du chemin de fer. La jeune fille est une lingère,
autrement dit une « petite main » qui ravaude les
vêtements. Ces deux professions, tout en bas de l'échelle sociale,
n'ont pas survécu à l'évolution de la société de
consommation...et à l'invention de la pelleteuse mécanique.
pour écouter la chanson et lire la
suite :
Plusieurs
versions de cette chanson ont été recueillies en Haute-Bretagne,
principalement dans le pays de Redon. A l'origine il semble bien que
le prétendant de la jeune fille était un militaire (chasseur,
artilleur, cavalier...) et que la raison de son éloignement était
la déclaration de guerre. Quelques versions, dont celle ci, en font
un mineur, terrassier ou un piocheur de terre. La raison du départ
est cette fois l'arrêt des travaux et l'ouverture d'un autre
chantier.
Les archives
fournissent de nombreux exemples d'un tout autre début pour cette
chanson qui ajoute pour premier couplet :
J'ai fait
l'amour cinq à six mois
Dans la ville
de Rennes
Oui je l'ai
fait selon la loi
Mon cher amant
auprès de moi
sur le bord de
la rivière (ou d'une fontaine)
C'est ainsi que
l'interprète Clémentine Jouin, d'Avessac, que vous pouvez entendre
sur le CD qui lui a été consacré dans la collection « grands
interprètes de Bretagne » (Dastum – 2015)
La phrase qui
termine chaque couplet - tout le long
du chemin de fer - fait penser à
une autre chanson où une jeune fille a quitté sa famille pour
suivre trois jolis mineurs du chemin
de fer. Nous l'avons déjà publiée
et analysée dans ce blog (chanson n° 57 en mai 2014). Cela ne nous
renseigne pas pour autant sur l'ancienneté de ce texte qui prouve
que les chansons traditionnelles ont la capacité de s'adapter aux
situations.
L'histoire de
Châteaubriant est depuis longtemps liée au chemin de fer. La
réparation ferroviaire fut une de ses principales activités. Dans
le même temps cette sous préfecture était une des rares à ne plus
être reliée à son chef-lieu, Nantes, par une voie ferrée alors
que la liaison Châteaubriant – Rennes n'avait pas cessé d'être
exploitée. Cette erreur est aujourd'hui réparée.
interpète :
Christine Dufourmantelle
source :
Hélène Chaplais, d' Erbray (Loire-Atlantique) enregistrée le 25
septembre 1992 par Patrick Bardoul
catalogue P.
Coirault : Les soldats partiront tous (Pressées de se
marier 2 – N° 01123)
catalogue C.
Laforte : La fille unique (II, O-32)
Le piocheur de terre
Mon père, je veux m'y marier avec un
piocheur de terre (bis)
Ma fille tu as vingt ans passés
Nous t'y marierons gentiment
Tout le long du chemin d’fer
Et bien, ma fille, il faudra écrire à
l'entrepreneur des routes (bis)
Pour qu'il t'y choisisse un amant
Et puis ton cœur sera content
Tout le long du chemin d’fer
L'entrepreneur nous a écrit une bien
triste nouvelle (bis)
Nos chemins d’fer finissent partout
Nos terrassiers s'en iront tous
Adieu, petite lingère
L'entrepreneur nous a écrit une
seconde nouvelle (bis)
Nos chemins de fer reprennent partout
Nos terrassiers reviendront tous
Courage, petite lingère
Qui a composé cette chanson, c'est
trois piocheurs de terre
Etant à boire et à manger
Et leurs maîtresses à leurs côtés
Tout le long du chemin d’fer.
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