Partira, partira pas ? C'est un
dialogue passionné entre deux amants que nous propose cette chanson.
Malgré tous les arguments du galant pour la persuader que sa place
n'est pas à la guerre, la belle finira par avoir le dernier mot. Ce
texte, dont l'origine remonte bien avant la conscription obligatoire,
a été chanté par Marie Barthélémy, de Sion-les-mines, l'une des
chanteuses les plus présentes sur le double CD consacré au pays de
Châteaubriant, qui devrait être disponible au moment où vous lirez
ces lignes (1). Sa présentation officielle est organisée les 16 et
17 septembre. Tous les détails sont dans notre rubrique
« actualités ».
Pour écouter la chanson et lire la
suite
Vous ne trouverez pas l'original
d'« éveillez vous la belle » parmi les chansons publiées
dans cet ouvrage. La réalisation d'un document représentatif de
l'ensemble des traditions orales du pays de Châteaubriant nous a
contraint à faire des choix. Ne conserver que la valeur de deux CD
parmi la masse d'enregistrements effectués par les Tricoire, Bardoul
et autres n'a pas été facile. Il a fallu arbitrer entre des
chansons toutes aussi intéressantes les unes que les autres et ne
pas trop privilégier certains interprètes. Marie Barthélémy à
elle seule aurait pu mériter une publication. Jugez en vous même :
ce ne sont pas moins de 582 items qui sont disponibles pour cette
chanteuse sur la base Dastumedia ! Vous pourrez lire plus d'anecdotes et de commentaires sur son
répertoire dans le livret qui accompagne ce double CD.
Mais revenons à la chanson. « la
belle qui veut prendre les armes » n'est pas parmi les chansons
dialoguées les plus répandues mais on la trouve enregistrée ou
notée dans des lieux assez bien répartis. Pour avoir – une fois
n'est pas coutume – l'occasion de pousser un cocorico, les deux
versions les plus complètes que nous ayons rencontrées viennent de
Loire-Atlantique. Habituellement les occurrences de cette chanson ne
dépassent guère les cinq ou six couplets. Celle de Marie Barthélémy
a huit couplets. Fernand Guériff (encore lui) en a publié une
version à 12 couplets provenant du répertoire de Marie-Louise
Tatevin, de Mesquer (2). Elle comprend une évocation des batailles
et de leurs souffrances qu'on retrouve dans une version plus
fragmentaire enregistrée par Charles Quimbert chez M. André Poisson
à Bourg des Comptes (35) très proche de celle imprimée par Adolphe
Orain dans son « folklore de l'Ille et Vilaine » :
Sur le champ de bataille
au milieu du danger
l'éclat de la mitaille
pourrait bien te tuer
Sur le champ de bataille
au milieu du danger
J'affonterai la mitaille
comme un vieux grenadier
De Bourg des comptes à Sion les mines
il n'y a guère plus de vingt kilomètres. Cette chanson a peut être
connu une certaine popularité dans le secteur.
Notes
1 – on vous met l'eau à la bouche !
Si vous n'avez pas la chance de résider dans notre région, ce
quatrième ouvrage de la série « la Bretagne des pays »
sera disponible en vente par correspondance sur le site de Dastum ou
en utilisant ce bon de commande
et pour patienter, voici un teaser,
comme on dit en grand-breton
2 – chanson déjà publiée dans ce
blog sous le N° 141 en février 2016
interprète : Jean-Louis
Auneau
source : Marie Barthélémy,
enregistrée par Partrick Bardoul, Lydie Pécot et Robert
Bouthillier, le 27 février 1991 à Sion-les-Mines (Loire-Atlantique)
Catalogue Coirault : La
belle qui veut prendre les armes (03012 )
La patrie m'appelle
Éveillez vous la belle ) bis
Je viens vous avertir )
Que la patrie m'appelle ) bis
Adieu il faut partir )
Ne versez pas de larmes
Galant ne pleurez pas
Si vous prenez les armes
Je n' resterai pas là
Oh, restez là la belle
Attendez mon retour
Soyez toujours fidèle
Et aimez moi toujours
Ne parlez pas d'attendre
Ce serait mon martyr
Je ne puis pas comprendre
Je suis prête à partir
Ne v'nez point à la guerre
Car il faut trop souffrir
Faut coucher sur la terre
Ça vous ferait mourir
Je n'crains pas la misère
ce n'est pas un tourment
ce n'est pas un tourment
Que coucher sur la terre
Au pieds de son amant
Si cela vous contente
Si ça vous fait plaisir
Je ne peux vous tourmenter
Je vous laisse partir
Ah quelle réjouissance
D'être à votre coté
Combattre pour la France
Et pour sa liberté
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