A la recherche de l'homme universel,
nous voici dans le domaine de la vantardise absolue. Cette chanson a
été collectée à plusieurs reprises dans nos régions. L'original
de cette version figure sur le double CD « mille métiers,
mille chanson » publié par Dastum en 2007 (1).
Elle énumère plus de cinquante
métiers différents sans suite logique, en passant « du coq à
l'âne ». La juxtaposition de métiers dissemblables semble
même voulue tout au long de ce texte. On passe sans transition du
rétamage de casserole à la médecine, de la dentelle à la vidange
et de la cuisine à la semelle. Le procédé qui consiste à opposer
des métiers très éloignés fonctionne d'un bout à l'autre de la
chanson. Pourtant, une des activités surpasse toutes les autres et
nous entraîne vers d'autres horizons.
pour écouter la chanson et lire la suite :
C'est moi qui conduit le soleil,
proclame notre vantard. Cette affirmation se retrouve dans d'autres
chansons du même type. Dans cette famille on trouve quelques
fanfaronnades sous le titre « le matamore ». En voici un
exemple cité par Tiersot dans son recueil de chansons des Alpes (2)
Je suis prévôt de l'Ile forte.
Grand Général des Espagnols.
Quand je marche, la terre tremble,
C'est moi qui conduis le soleil.
Je ne crois pas que dans ce monde
Se puisse trouver mon pareil.
Matamore est un terme d'origine
espagnole, un personnage de comédie qui se vante d'exploits
imaginaires, et ne craint pas le ridicule comme dans cette chanson
d'outre Atlantique (3)
Mais là mon plus grand embarras
C'est de me battre avec les chats
…
Je fais peur au plus gros matou
la chatte qui mange du fromage
ne redoute pas mon courroux
Enfin, si on devait lui trouver un
équivalent dans la chanson « actuelle » c'est avec une
composition de Neil Innes, en 1968 : « I'm the urban
spaceman ». Bâtie sur le même procédé, cette chanson a eu
un certain succès dans le hit parade anglais. Elle a été reprise,
en particulier par les Monty Python dans leur spectacle « à
Hollywood ». Son héros pousse la vantardise à se déclarer le
meilleur des amants ; Mais contrairement à l'homme sans pareil,
la fin de la chanson ne laisse aucun doute :
I'm the urban spaceman, baby; here
comes the twist- I don't exist.
Notes
1 - double CD sur les métiers dans le
chant traditionnel avec livret de 164 pages. En vente ici
2 - Julien Tiersot – chansons
populaires des Alpes françaises, p. 210 – ouvrage de 1903
3 - Marius Barbeau – le roi boit, p
428 – musées nationaux du canada 1987
source : CD mille métiers,
mille chansons, Marthe Marrot enregistrée par Francine Lancelot à
Lanouée (56)
interprète : Daniel
Lehuédé
catalogues : Coirault 11420
– Laforte 4, Ha 05
L'homme sans pareil
- 1 -
Je suis un homme sans pareil, dans ce
monde ici-bas
C’est moi qui conduis le soleil, je
suis de tout état
Je suis touseur, vendeur, marchand de
brioches
Je suis tourneur, pendeur de cloches et
je vends des sabots
- 2 -
Je gouverne les finances, je suis
accoucheur
Je raccommode la faïence, et je suis
décrotteur
Chez moi c'est la paresse, je connais
un peu de tout
Je suis bedeau dans ma paroisse et je
rase pour deux sous
- 3 -
Je connais tout dans la cuisine,
j'raccommode des souliers
Je fabrique de la mousseline, et je
suis tonnelier
Aussi je remonte les bottes, je suis
marchand de vin
Je rétame les casseroles, je suis même
médecin
- 4 -
Je vends aussi de la braise et je suis
ferblantier,
je rempaille les vieilles chaises et je
suis même rentier
Je démontre l'écriture, je suis
marchand de balais
Je suis peintre en miniature et je
vends des bonnets
- 5 -
Je suis menuisier ébéniste, je
repasse les ciseaux
Je suis ramoneur-droguiste, et je vends
des chapeaux
J'ai du baume pour les brûlures et je
suis musicien
Je guéris de toutes enflures, je tonds
aussi les chiens
- 6 -
Je suis prêtre et je suis maire et je
suis laboureur
Je suis maître marchand d'avoine, je
suis même vidangeur
Je suis marchand d’allumettes je
tiens de la draperie
du papier à cigarettes et aussi de la
piperie
- 7 -
Pour les procès, les badinages, je
brave les avocats
Je conduis la poste aux ânes et je
vends des matelas
Je suis un dentiste habile et je sers
les maçons
Et sans me faire trop de bile, je
compose des chansons.
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