vendredi 15 mai 2015

105 - L'homme sans pareil

A la recherche de l'homme universel, nous voici dans le domaine de la vantardise absolue. Cette chanson a été collectée à plusieurs reprises dans nos régions. L'original de cette version figure sur le double CD « mille métiers, mille chanson » publié par Dastum en 2007 (1).
Elle énumère plus de cinquante métiers différents sans suite logique, en passant « du coq à l'âne ». La juxtaposition de métiers dissemblables semble même voulue tout au long de ce texte. On passe sans transition du rétamage de casserole à la médecine, de la dentelle à la vidange et de la cuisine à la semelle. Le procédé qui consiste à opposer des métiers très éloignés fonctionne d'un bout à l'autre de la chanson. Pourtant, une des activités surpasse toutes les autres et nous entraîne vers d'autres horizons.
pour écouter la chanson et lire la suite :


C'est moi qui conduit le soleil, proclame notre vantard. Cette affirmation se retrouve dans d'autres chansons du même type. Dans cette famille on trouve quelques fanfaronnades sous le titre « le matamore ». En voici un exemple cité par Tiersot dans son recueil de chansons des Alpes (2)
Je suis prévôt de l'Ile forte.
Grand Général des Espagnols.
Quand je marche, la terre tremble,
C'est moi qui conduis le soleil.
Je ne crois pas que dans ce monde
Se puisse trouver mon pareil.
Matamore est un terme d'origine espagnole, un personnage de comédie qui se vante d'exploits imaginaires, et ne craint pas le ridicule comme dans cette chanson d'outre Atlantique (3)
Mais là mon plus grand embarras
C'est de me battre avec les chats
Je fais peur au plus gros matou
la chatte qui mange du fromage
ne redoute pas mon courroux
Enfin, si on devait lui trouver un équivalent dans la chanson « actuelle » c'est avec une composition de Neil Innes, en 1968 : « I'm the urban spaceman ». Bâtie sur le même procédé, cette chanson a eu un certain succès dans le hit parade anglais. Elle a été reprise, en particulier par les Monty Python dans leur spectacle « à Hollywood ». Son héros pousse la vantardise à se déclarer le meilleur des amants ; Mais contrairement à l'homme sans pareil, la fin de la chanson ne laisse aucun doute :
I'm the urban spaceman, baby; here comes the twist- I don't exist.

Notes
1 - double CD sur les métiers dans le chant traditionnel avec livret de 164 pages. En vente ici
2 - Julien Tiersot – chansons populaires des Alpes françaises, p. 210 – ouvrage de 1903
3 - Marius Barbeau – le roi boit, p 428 – musées nationaux du canada 1987

source : CD mille métiers, mille chansons, Marthe Marrot enregistrée par Francine Lancelot à Lanouée (56)
interprète : Daniel Lehuédé
catalogues : Coirault 11420 – Laforte 4, Ha 05

L'homme sans pareil
- 1 -
Je suis un homme sans pareil, dans ce monde ici-bas
C’est moi qui conduis le soleil, je suis de tout état
Je suis touseur, vendeur, marchand de brioches
Je suis tourneur, pendeur de cloches et je vends des sabots
- 2 -
Je gouverne les finances, je suis accoucheur
Je raccommode la faïence, et je suis décrotteur
Chez moi c'est la paresse, je connais un peu de tout
Je suis bedeau dans ma paroisse et je rase pour deux sous
- 3 -
Je connais tout dans la cuisine, j'raccommode des souliers
Je fabrique de la mousseline, et je suis tonnelier
Aussi je remonte les bottes, je suis marchand de vin
Je rétame les casseroles, je suis même médecin
- 4 -
Je vends aussi de la braise et je suis ferblantier,
je rempaille les vieilles chaises et je suis même rentier
Je démontre l'écriture, je suis marchand de balais
Je suis peintre en miniature et je vends des bonnets
- 5 -
Je suis menuisier ébéniste, je repasse les ciseaux
Je suis ramoneur-droguiste, et je vends des chapeaux
J'ai du baume pour les brûlures et je suis musicien
Je guéris de toutes enflures, je tonds aussi les chiens
- 6 -
Je suis prêtre et je suis maire et je suis laboureur
Je suis maître marchand d'avoine, je suis même vidangeur
Je suis marchand d’allumettes je tiens de la draperie
du papier à cigarettes et aussi de la piperie
- 7 -
Pour les procès, les badinages, je brave les avocats
Je conduis la poste aux ânes et je vends des matelas
Je suis un dentiste habile et je sers les maçons
Et sans me faire trop de bile, je compose des chansons.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire