La chanson met en scène une fille et deux garçons dont l'un s'écrie « grand Dieu, que je suis malheureux ». Cette expression de l'amant qui s'est fait doubler par un autre prétendant est présente dans toutes les versions, dont les autres détails peuvent varier.
L’histoire est cependant toujours la même et la mélodie similaire, en mode majeur ou mineur. C’est un exemple de chanson amoureuse où la fille prend l’initiative, ce qui n’est pas si rare dans la chanson de tradition orale, souvent étonnamment peu conventionnelle de ce point de vue, si l’on songe à l’ancienneté des compositions.
Le second acteur est ici un marinier. C'est le cas dans beaucoup d'autres versions, à l'exception d'un sabotier, d'un terrassier et d'un grenadier...
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Les
principales variantes concernent donc la localisation et aussi le
dénouement. La scène se passe dans diverses localités et jusqu'à
Paris ainsi que Bordeaux (3) et dans d'autres endroits plus
difficiles à situer (4)
Quand
au dénouement, s'il fait place le plus souvent au chagrin et à la
résignation, il entraîne parfois l'amant malheureux à l'expression
d'un profond ressentiment.
La
chanson notée dans les Alpes par Tiersot (à Sallanches pour être
précis) se termine par ce couplet vindicatif :
« Viendra-t-un
jour, j'en aurai ma vengeance :
Chaque
officier suivra son régiment,
Et
toi la belle tu n'auras point d'amant. »
Dans
la version gaillarde sinon paillarde intitulée « A
Gennevilliers », l'amant rejeté, à défaut de s'en prendre à
la fille :
« J'ai
bien envie de lui casser la gueule
Mais
elle est femme, et je respecterai
Son
sexe et c'est à l'homm' que j'm'en prendrai.»
c'est
en duel sur le pré que l'affaire sera réglée :
« Sur
le terrain, provoqua son rival,
Et
dans le corps, son épée a passé,
Si
bien passé qu'il en a trépassé. »
Notre
version reproduit l'interprétation de Félix Aoustin, ancien ouvrier
des chantiers navals de Saint-Nazaire, qui tenait une partie de son
répertoire des marins et ouvriers qu’il côtoyait à
Saint-Nazaire. Il fait partie des figures majeures des archives
sonores disponibles à Dastum 44. L'original de cette chanson se
trouve dans le double CD « Anthologie du patrimoine oral de
Loire-Atlantique, que nous avons publié en 2012 (voir page éditions)
notes
1
– chanson n° 48 de ce blog, il y a tout juste un an
2
– Fernand Guériff, trésor des chansons populaires folkloriques du
pays de Guérande, tome 1 page 178
3
– plusieurs fois cité. Y'aurait-il une raison ?
4
– Au pigeon blanc, dans une version des Mauges – auprès de mon
cœur dans une version mayennaise, etc
source :
Félix Aoustin, enregistré
à Saint-Joachim, le 25 septembre 1982, par Raphaël Garcia
interprétation :
Annick Mousset et Françoise Bourse (chant) Hervé Dréan (guitare)
catalogues :
Coirault : L’ancien amant qui écoute à la porte (N° 03608)
Laforte :
Elle a ravi le cœur d’un marinier (2-E-42)
La
fille du Pouliguen
Au
Pouliguen, il y a une jolie brune (bis)
Elle
est si belle et parfaite en beauté
Qu’elle
a charmé le cœur d’un marinier
Beau
marinier, monte-moi dans ta chambre (bis)
S’il
faut t’y rendre, je t’y monterai
Un
anneau d’or, au doigt j’t’y passerai
Mais
quand la belle fut montée dans la chambre (bis)
Ce
ne fut rien que des embrassements
Entre
la belle et son nouvel amant
Son
autre amant qu’est à la porte qu’écoute (bis)
Levant
les yeux et regardant les cieux
Disant :
grand dieu, que je suis malheureux
Faudrait-il
donc, pour l’amour d’une brune (bis)
L’avoir
aimé depuis l’âge de quinze ans
Et
à présent la voir changer d’amant
Je
ferai faire un beau bouquet de roses (bis)
Tout
alentour garni de jasmin
Que
je verrai pour passer mon chagrin
Va-t’en,
chagrin, va-t’en, mélancolie (bis)
Va-t’en,
chagrin, ne reviens plus chez moi
Puisque
ma mie m’a refusé la foi.
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