C'était
la Toussaint – le temps des veillées où tous les amants vont à
l'assemblée, mignonne allons voir, etc, etc...- mais nous n'avions
pas de chanson potironesque au répertoire. Ce blog n'étant pas un
écrit sans thème, occupons nous de l'avenir, il est plus que temps.
Les grandes surfaces ont déjà mis en place leurs rayons jouets. Les
calendriers de l'avent vont servir d'alibi pour manger du chocolat.
Il ne manquait donc plus qu'une belle chanson de Noël.
Celle
ci, bien que collectée en Loire-Atlantique, sort tout droit d'un ouvrage intitulé « La grande bible des
noëls angevins, sur la nativité de Notre Seigneur J.-C. »
publié en 1770 puis réédité en 1829. Elle a été reprise dans
d'autres ouvrages plus récents (1). Il en existe des versions
occitanes et catalanes ; une chanson en anglais a été composée
sur le même sujet vers 1870. Enfin, il ne faut pas la confondre avec
le Noël des petits oiseaux de Camille Soubise, l'auteur de la
chanson des blés d’or.
Mais
qu'est ce donc qu'un « Noel » ? Nous avons tous en
tête...
pour lire la suite et écouter la chanson
pour lire la suite et écouter la chanson
...le grand succès commercial de Tino Rossi « petit papa
Noel ». Nous achèterons bientôt le foie gras dans les rayons
de supermarchés au son des « anges dans nos campagnes ».
Le Noël populaire est assez loin de ces stéréotypes. Conrad
Laforte le classe dans les chansons folkloriques à sujet religieux.
Laissons la parole à Julien Tiersot (2) au sujet des Noels anciens :
« la
plupart de ces morceaux se distinguent fort peu des autres chansons
du même temps. La forme est la même que celle du plus grand nombre
des pièces qu'on retrouve dans les chansonniers de l'époque. Le
sujet seul en diffère, et si peu encore ! Les noëls du XVIe siècle,
plus encore ceux qui furent composés postérieurement, sont le plus
souvent, en effet, de petits tableaux de moeurs populaires, parfois
extrêmement frappants dans leur naïveté, car les auteurs avaient
évidemment étudié leur sujet de très près, mais dans lesquels il
est rare que l'on puisse constater un sentiment véritablement
religieux. La place donnée à la prière y est très petite, si ce
n'est tout à fait nulle. Un refrain approprié, comme Chantons Noël,
Chantons Naulet ou tout simplement Noël, Noë, Nau ou Naulet, répété
un certain nombre de fois, fait souvent plus pour caractériser la
chanson que le texte tout entier. N'avions-nous pas remarqué, en
étudiant les chansons de danse, les chansons de métier, les
chansons de fêtes, etc., que le refrain et la mélodie des chansons
populaires suffisaient parfois à en déterminer le genre sans qu'il
y eût presque à s'occuper du sens des paroles? L'étude des noëls
du XVIe siècle confirme ces observations.
Enfin,
au point de vue mélodique, les noëls se rattachent encore à un
certain nombre de chansons françaises, que nous connaissons bien,
par ce fait qu'ils étaient chantés sur des airs connus. La plupart
des timbres des noëls les plus connus se trouvent dans la Clé du
Caveau, un plus grand nombre encore dans la Clef des Chansonniers,
antérieure d'un siècle ».
Noël
c'est aussi le temps des cadeaux. Quoi de plus plaisant que de
recevoir un beau livre, comme le dernier tome des chansons collectées
par Fernand Gueriff, par exemple ; ou le précédent. Vous
n'avez que l'embarras du choix ; la boutique est ouverte...
Notes
1
– Contes et chansons populaires des pays de France – Jean
Richepin - 1918
2
- Les Chansons populaires de France: les Noëls (2° article), Julien
Tiersot
LE NOEL DES OISEAUX
Pour
honorer les langes
Du
roi de l’univers
Tous
les oiseaux divers
Volent
avec les anges
Répandus
dans les airs
Et
mêlent leurs louanges
Aux
célestes concerts
Plaintive
tourterelle
Tu
lui fais tendrement
Ton
petit compliment
Car
ton cœur te révèle
Qu’un
état si touchant
Est
matière nouvelle
A
ton gémissement
L’alouette
légère
Ayant
volé trop haut
Descendit
aussitôt
Voyant
que sur la terre
Naissait
un roi si beau
Et
finit sa carrière
Tout
auprès du berceau
Arriva
le dindon
Au
pied de l’enfançon
Le
voilà qui s’incline
Par
un noble abandon
Il
s’offre à la cuisine
De
la sainte maison
Le
rossignol à l’ombre
Des
palmiers d’alentour
Laissa
passer son tour
Et
sur des airs sans nombre
S’exerçant
tout le jour
Attendit
la nuit sombre
Pour
mieux faire la cour
La
cane fut fidèle
Et
s’en vint en causant
Elle
dit : quand, quand, quand
Quand
j’appris la nouvelle
D’un
tel avènement
Et
du bec et de l’aile
J’applaudis
à l’enfant
Le
tarin des bocages
S’envole
promptement
Sur
le sein de l’enfant
Et
par ses doux ramages
Le
plaint si joliment
Qu’il
ravit les rois mages
Arrivés
d’orient
Le
chardonn’ret s’élance
Puis,
d'un air jovial
Dit :
je suis cardinal
Et
le chapeau, je pense
Ne
me va pas trop mal
Bénis,
mon éminence
O,
seigneur sans égal
Sortant
sa crête altière
Et
sa queue en cerceau
Près
de l’humble berceau
Le
coq, d’une voix fière
Chante :
coquerico
J’annonce
la lumière
Salut,
astre nouveau
La
linotte fabrique
Dans
son petit cerveau
Au
doux fils du très haut
Un
motet magnifique
D’un
air si nouveau
Que
jamais la musique
N’eut
de charme si beau
L’oie,
avançant la tête
Se
tient l’oreille au guet
Apporte
un fin duvet
Avec
l’air pas trop bête
Au
cher enfantelet
Dit :
jamais on ne fête
Sans
moi le cher motet
C’est
le corbeau qui n’ose
Faire
entendre sa voix
Il
apporte une noix
N’ayant
rien d’autre chose
Digne
du roi des rois
Doucement
il la pose
Puis
il retourne au bois
Voici
Margot, la pie
Qui
s’en vient en dansant
Et
dans son bec tenant
Quelques
friponneries
Pour
donner à l’enfant
Doux
Jésus, je vous prie
Recevez
mon présent
A
tous ces mouvements
Si
nos corps sont pesants
Rendons
nos cœurs agiles
Et
par des vœux ardents
Suivons
les volatiles
Près
du divin enfant.
source :
Bernard Douet → Dastum44 0012 11 (collecte : Marie-Thérèse
Renouard et Elisabeth Carroget)
interprète
: Martine Lehuédécatalogue Laforte 4-JA-05 - le Noel des oiseaux
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