Voilà une balade
historique qui va nous faire voyager dans l'Europe musicale. Quel
rapport entre Mantoue, en Lombardie, et la Loire-Atlantique ?
C'est une longue histoire sur laquelle nous reviendrons
prochainement.
Pour cette semaine
intéressons nous de plus près à ce texte qui recèle quelques
mystères. Tout d'abord, les historiens situent le siège de la ville
de Mantoue en 1797. La ville s'est bien rendue, mais au général
Sérurier et non pas à Bonaparte, commandant en chef qui n'était
pas encore Napoléon. On ne prête qu'aux riches, c'est bien connu,
et la gloire ou le souvenir du petit caporal lui ont fait attribuer
des mérites et une victoire qui ne lui doit rien. Encore mieux, il
est fort possible que cette chanson fasse référence à un événement
antérieur. A qui se fier ? Davenson, dans le « livre des
chansons » indique que la chanson aurait été adaptée en 1797
d'une chanson militaire du 18ème déjà utilisée dans des
circonstances analogues, pour la capitulation des villes de Mons,
Toulon, Moscou, Besançon...ou Montaigu. Le héros y est tantôt le
Roi, la Nation, Bonaparte ...ou Charette.
Notre version du pays
guérandais a été publiée dans le tome 3 du « trésor des
chants populaires folkloriques du pays de Guérande, de Fernand
Guériff, édité par Dastum 44 (voir page éditions)
La prise de Mantoue by Dastumla
Lire la suite et le texte de la chanson
LA PRISE DE MANTOUE
Ce n'était pas le
premier siège pour la ville de Mantoue, prise par les troupes de
l'empereur d'Autriche en 1630. Elle fut encore le théâtre
d'événements sanglants au milieu du 19ème siècle dans les temps
de l'indépendance italienne. Mais c'est surtout pour la musique que
nous nous y intéresserons. Pas seulement parce que Monteverdi y a
créé son opéra « Orféo ». Mais parce qu'au 17ème,
siècle la ville fut le creuset d'une production musicale riche et
influente. C'était avant la prise de Mantoue ! À suivre...
C’est
la ville de Mantoue, grand dieu qu’elle est jolie
Elle
est si belle et parfaite en beauté
Napoléon
veut y entrer
Napoléon
a envoyé quatre de ses gendarmes
Napoléon
nous a envoyés ici
Pour
dire qu’il faut se rendre à lui
Dites
à Napoléon, grand empereur de France
Allez
lui dire que nous nous moquons de lui
Autant
le jour comme la nuit
Napoléon
a envoyé toute son artill’rie
Ils
ont tiré tant d’coups d’canon
Que
toutes les maisons en tremblont
Toutes
les dames de la ville montent sur les remparts
Napoléon,
apaisez vos canons
Contribution
nous vous paierons
Quelles
contributions, mesdames voulez-vous faire
Contribution
d’cent mille écus
Pour
que vos canons ne tirent plus
Cent
mille écus, mesdames, c’est pas grand-chose
Courage,
mes enfants bombardiers
Toute
la ville est renversée
Courages,
mes enfants, la ville est au pillage
Courage,
mes enfants bombardiers
Toute
la ville est renversée.
source :
Gustave Clétiez et Fernand Guériff
interprète
: Martine
Lehuédé
catalogue P.
Coirault :
Le bombardement de Mantoue (N° 7001)
catalogue
C. Laforte : La
prise de la ville (1-A-67)
Pour terminer notons
qu'une version de cette chanson situe l'action à Menton. Fernand
Gueriff cite également une version berrichonne qui fait référence
à la ville de Monthureau. Mais la plus étonnante version a été
recueillie en Louisiane : « la ville de Monteau »
chantée par Edius Naquin sur un disque Folkways, Louisiana Cajun
french music 1964-1967.