vendredi 31 mai 2013

6 - La prise de Mantoue


Voilà une balade historique qui va nous faire voyager dans l'Europe musicale. Quel rapport entre Mantoue, en Lombardie, et la Loire-Atlantique ? C'est une longue histoire sur laquelle nous reviendrons prochainement.

Pour cette semaine intéressons nous de plus près à ce texte qui recèle quelques mystères. Tout d'abord, les historiens situent le siège de la ville de Mantoue en 1797. La ville s'est bien rendue, mais au général Sérurier et non pas à Bonaparte, commandant en chef qui n'était pas encore Napoléon. On ne prête qu'aux riches, c'est bien connu, et la gloire ou le souvenir du petit caporal lui ont fait attribuer des mérites et une victoire qui ne lui doit rien. Encore mieux, il est fort possible que cette chanson fasse référence à un événement antérieur. A qui se fier ? Davenson, dans le « livre des chansons » indique que la chanson aurait été adaptée en 1797 d'une chanson militaire du 18ème déjà utilisée dans des circonstances analogues, pour la capitulation des villes de Mons, Toulon, Moscou, Besançon...ou Montaigu. Le héros y est tantôt le Roi, la Nation, Bonaparte ...ou Charette.

Notre version du pays guérandais a été publiée dans le tome 3 du « trésor des chants populaires folkloriques du pays de Guérande, de Fernand Guériff, édité par Dastum 44 (voir page éditions)
La prise de Mantoue by Dastumla
Lire la suite et le texte de la chanson




LA PRISE DE MANTOUE

Ce n'était pas le premier siège pour la ville de Mantoue, prise par les troupes de l'empereur d'Autriche en 1630. Elle fut encore le théâtre d'événements sanglants au milieu du 19ème siècle dans les temps de l'indépendance italienne. Mais c'est surtout pour la musique que nous nous y intéresserons. Pas seulement parce que Monteverdi y a créé son opéra « Orféo ». Mais parce qu'au 17ème, siècle la ville fut le creuset d'une production musicale riche et influente. C'était avant la prise de Mantoue ! À suivre...


C’est la ville de Mantoue, grand dieu qu’elle est jolie
Elle est si belle et parfaite en beauté
Napoléon veut y entrer

Napoléon a envoyé quatre de ses gendarmes
Napoléon nous a envoyés ici
Pour dire qu’il faut se rendre à lui

Dites à Napoléon, grand empereur de France
Allez lui dire que nous nous moquons de lui
Autant le jour comme la nuit

Napoléon a envoyé toute son artill’rie
Ils ont tiré tant d’coups d’canon
Que toutes les maisons en tremblont

Toutes les dames de la ville montent sur les remparts
Napoléon, apaisez vos canons
Contribution nous vous paierons

Quelles contributions, mesdames voulez-vous faire
Contribution d’cent mille écus
Pour que vos canons ne tirent plus

Cent mille écus, mesdames, c’est pas grand-chose
Courage, mes enfants bombardiers
Toute la ville est renversée

Courages, mes enfants, la ville est au pillage
Courage, mes enfants bombardiers
Toute la ville est renversée.

source : Gustave Clétiez et Fernand Guériff
interprète : Martine Lehuédé
catalogue P. Coirault : Le bombardement de Mantoue (N° 7001)
catalogue C. Laforte : La prise de la ville (1-A-67)

Pour terminer notons qu'une version de cette chanson situe l'action à Menton. Fernand Gueriff cite également une version berrichonne qui fait référence à la ville de Monthureau. Mais la plus étonnante version a été recueillie en Louisiane : « la ville de Monteau » chantée par Edius Naquin sur un disque Folkways, Louisiana Cajun french music 1964-1967.