Après
la caille et la perdrix (ch. n° 1) voici une nouvelle chanson qui
parle de mariage. Ce texte sur « L'embarras du ménage »
adresse un avertissement solennel aux futurs mariés : une fois
passée la cérémonie, fini de rire.
La
chanson fait-elle partie d'une série de conseils donnés aux futurs
époux, au même titre que « Adieu la fleur de la jeunesse »,
« La femme du bambocheur » ou encore « Qui veut connaître
misère » qui développent le même thème. Ou bien est-elle
juste destinée à mettre de l'ambiance lors du repas de noces ?
Dans
les années 1900, le chanoine Abel Soreau, enseignant au collège
Saint Stanislas à Nantes, a collecté des chants dans tout le
département, qui s'appelait alors Loire-Inférieure. Il en a publié
plusieurs fascicules. L'autre jour dans un bois, la version chantée
ici, vient de Vallet, au cœur du vignoble nantais.
En
tous cas si malgré tous les avertissements chantés vous persistez
dans vos projets, ne venez pas dire qu'on ne vous avait pas
prévenus !
pour écouter la chanson et lire la suite:
pour écouter la chanson et lire la suite:
L’AUTRE JOUR DANS UN BOIS
L’autre
jour dans un bois j’entendis une voix
Et
cette voix que j’entendais disait dans son langage
Filles
et garçons à marier, pensez dans le ménage
L’embarras
du ménage c’est un grand embarras
Il
faut nourrir femme et enfants et payer le loyage
Et
toujours va recommençant l’embarras du ménage
Le
jour de vos fiances, quel mouchoir prendrez-vous ?
Il
faudra prendre un mouchoir blanc pour essuyer vos larmes
En
disant : adieu mon beau temps, j’vas entrer en ménage
Le
jour de vos noces divertissez-vous bien
La
belle, prenez bien d’l’agrément avec votre parentage
En
disant : adieu mon beau temps, m’y voilà dans l’ménage
Le
lendemain d’vos noces, quels habits prendrez-vous
Il
faudra prendre des habits noirs, habits de repentance
En
pensée de tous les devoirs d’votre nouvelle existence
La
pauvre fille disait, en faisant ses paquets
Or,
adieu donc, logis plaisant, le lieu de ma naissance
Et
où j’ai pris tant d’agrément et tant de réjouissance
Au
bout d’quatre à cinq semaines, chez son père elle revient
Mon
cher papa, que j’ai d’regret d’être mariée à un homme
Qui
passe son temps au cabaret et n’fait point sa besogne
Le
soir quand il se couche, il ne me parle pas
Il
dit seul’ment : ah, que j’suis las ! Me r’gardant
d’un œil louche
Ma
fille il faut bien prudemment s’conformer à l’usage
Les
hommes sont bien rarement galants dans leur ménage
Ton
mari il est jeune, il pourra s’amender
Hélas,
quand va-t-il s’amender, quand il aura pris d’l’âge
Quand
il n’pourra plus travailler, pour moi quel avantage ?
source :
collectage
d’Abel Soreau auprès d’Eugène Babonneau, aux Corbellières en
Vallet, le 29 avril 1906
interprète
: Barberine
Blaise
références :
catalogue Coirault – Que les amants sont insouciants de se mettre
en ménage (05420) – catalogue Laforte - Adieu de la mariée à ses
parents (2P 01)