Cette
belle chanson avec sa morale destinée aux enfants est très
originale. Son système de rimes est assez inhabituel. Elle est ici
interprétée en chant à la marche. D'ailleurs elle ouvre le CD
« chants à la marche en Loire-Atlantique » édité en
2003 par Dastum 44. Quelques derniers exemplaires sont encore
disponibles à un prix promotionnel. Qu'on se le dise !
Les chants à
la marche n'étaient pas spécialement composés pour cette occasion.
Il s'agit souvent de chants à danser ou chants de table adaptés
pour les besoins de la marche. Des chants à répondre accompagnaient
autrefois les déplacements à pied sur les chemins et les routes.
Pour faire plusieurs kilomètres en groupe, le chant constitue un
accompagnement qui fait oublier la fatigue et finalement réduit les
distances ! Chants à décompter « à la dizaine »
ou chants à textes accompagnaient les cortèges de noces, les fêtes
de conscrits... et d'une manière générale tout déplacement en
groupe était une occasion de chanter.
Aujourd'hui,
les balades chantées, déconnectées de cet aspect social, sont du
domaine des loisirs. Mais leur succès dans notre région se justifie
parce qu'elles sont une des rares occasions de chanter en groupe. A
ce propos, rappelons qu Dastum 44 et le Groupement culturel des pays
de Vilaine organisent une balade chantée à Guenrouet le dimanche 9
juin (voir à la page activités)
01 Enfant petit by Dastumla
Lire la suite et le texte de la chanson:
05 - Enfant petit
Quand
j’étais chez mon père enfant petit (bis)
Enfant
petit, belle voici votre ami
Petit
enfant, belle voici votre amant
J’allions
dedans les landes chercher des nids
Cherchant
des nids, belle voici votre ami
Des
nids cherchant, belle voici votre amant
J’en
trouvais un de caille deux de perdrix
Deux
de perdrix, belle voici votre ami
Des
œufs dedans, belle voici votre amant
La
caille est sur la branche quand elle me vitQuand
elle me vit, belle voici votre ami
En
me voyant, belle voici votre amant
Attends,
attends dit-elle touches pas à mon nid
Touches
pas mon nid, belle voici votre ami
En
y touchant, belle voici votre amant
Monsieur
prenez bien garde j’ai trois petits
J’ai
trois petits, belle voici votre ami
Trois
p’tits enfants, belle voici votre amant
La
branche elle était faible elle se rompit
Elle
se rompit, belle voici votre ami
En
se rompant, belle voici votre amant
Je
tombis sur la tête poussant des cris
Poussant
des cris, belle voici votre ami
Des
cris perçants, belle voici votre amant
Ah !
ah ! me dit la caille j’te l’avais dit
J’te
l’avais dit, belle voici votre ami
En
le disant, belle voici votre amant.
collectée à
Campbon auprès de Pierre et Marie ORAIN et Stéphane GLOTIN
interprétée
par Janig
JUTEAU, avec Flore D’HALLUIN, Isabelle
FLORENCEAU, Oona HENGOAT, Nolwenn LE DISSEZ et Annick MARIN (vielle à
roue)Catalogues: Coirault : 107 - la belle qui trouve le nid d'alouette
Laforte: I.I 08 - la fille et la caille
Il semble qu'on rencontre
cette chanson surtout dans l'ouest (Haute Bretagne et Vendée). La
version du Berry imprimée par Barbillat et Touraine a une fin
différente. Si vous en connaissez d'autres n'hésitez pas à nous
les faire partager.
Pour mieux
comprendre le contexte ancien du chant à la marche, voici des
extrais de la présentation faite par Vincent Morel dans
l'introduction du CD « chants à la marche en
Loire-Atlantique » (collection En Loire-Atlantique n° 1 –
2003 – disponible à Dastum 44 – 10 €
Une
des principales occasions de les chanter était bien sûr la noce :
le cortège devait aller le matin chercher la mariée chez elle, la
conduire à l’église, et revenir au lieu du repas, c’est-à-dire
généralement le lieu où le ménage devait s’installer. Il
n’était pas rare qu’une noce parcoure ainsi dix ou quinze
kilomètres à pied dans la journée. Le cortège en question était
souvent accompagné d’un sonneur (accordéon, violon, vielle,
veuze, selon les régions), mais cela n’empêchait pas chacun de
pouvoir entonner sa chanson. Une grande partie du répertoire est
constituée de chants « à dizaine », ou « à
décompter », c’est à dire constitués d’un couplet unique
dans lequel on décompte quelque chose, de dix à un (« C’est
à dix heures… », « Y a core dix filles », etc.).
Dans chaque région, on trouve un chant à dizaine propre à chaque
moment précis de la noce : un pour l’arrivée chez la mariée
le matin, un autre pour le départ, un pour l’arrivée à l’église,
un pour la sortie, un pour arriver à table, etc. Le répertoire
comprend encore de nombreux autres chants à dizaine plus
« passe-partout », ainsi que des chants à texte, presque
toujours en « laisse » (un seul vers nouveau par couplet,
combiné avec un refrain ou une ritournelle). On trouve ainsi en
Haute-Bretagne de nombreuses versions « à la marche » de
« A la cour du palais… », « La fille aux
oranges », « Les trois canards », « Dans les
prisons de Nantes…), etc. Outre la noce, toute occasion de marcher
longtemps à plusieurs est occasion de chanter, surtout si c’est
dans un cadre festif (les « noces de conscrits » par
exemple).
L’expression
« chant à la marche » signifie que tel chant est
utilisé, dans tel contexte, par tel informateur ou tel groupe, à
telle période, pour soutenir la marche. Cela ne signifie pas du tout
que le chant en question (texte comme mélodie) soit par lui-même
exclusivement et définitivement destiné à cela. Nombreux sont les
exemples de « ré-emploi », de changement de fonction
d’une chanson. Ainsi, de nombreuses chansons dites « à la
marche » ont servi à une période plus ancienne à mener la
danse, soit en l’état, soit au prix d’une adaptation rythmique
et mélodique plus ou moins importante. De même, bien des chansons
de marche étaient également chantées à table, toujours à
répondre…