Encore un peu de douceur dans ce monde
de brutes, en parlant d'aimer ! Voilà qui nous changera des affres
de l'actualité: catastrophes, conflits, scandales et drames,
affrontements et polémiques en tous genres.
Notre chanson est la suite logique du
sujet abordé la semaine dernière. Quand on a trouvé un filon, il
faut l'exploiter, même si on ne peut pas vraiment parler de pépite
pour ces quelques réflexions supplémentaires sur le thème du choix
d'un(e) futur(e) moitié.
Pour écouter la chanson et lire la
suite:
Sans aller jusqu'à parler de rareté,
cette chanson n'est pas si répandue dans le répertoire. Dans notre
secteur elle a été collectée au moins deux fois. L'une par Hervé
Dréan chez M. Sébillot, d'Herbignac (1). L'autre, que nous
reproduisons ici, vient du sud de la Loire et plus précisément des
bords du lac de Grand-Lieu.
Certains couplets doivent vous rappeler
quelque chose. Voyons, faites un effort de mémoire; un tout petit
effort puisque c'était la chanson de la semaine dernière. Elle nous
proposait, avec l'aide du rossignol, de comparer les avantages et les
inconvénients du choix d'un conjoint riche ou pauvre. Vous voyez
donc immédiatement les différences avec celle-ci. Contrairement à
la précédente, elle n'aborde le sujet que sous l'angle de vue du
célibataire masculin. Nous n'avons trouvé qu'une seule version qui
démente ce principe (2). Seconde différence: les critères de choix
ne sont plus limités aux questions financières. Le physique de la
promise entre ici en ligne de compte. Jeune et belle ou bien laide et
vieille ? La différence supplémentaire c'est que dans les deux cas
notre célibataire endurci s'attend à être perdant. Le risque
d'être un sujet de moquerie dans son village devient l'argument
principal. Ce qui se traduit parfois très crûment. Si elle est trop
belle, elle aura des amants:
Les cornes m'y fera porter
Si elle est trop laide:
Oh, grand danger d'la honte à
attraper...
Tout le monde me diront, à qui donc
ce chiffon ?
Le qu'en dira-t-on est une bonne excuse
pour ceux qui ont fait de la formule “pourquoi s'y marie-t-on /
Qu'on est si bien étant garçon” une règle de vie. Les
différentes versions de la chanson nous proposent plusieurs
avantages au célibat: Parlons d'aimer, parlons du jeu, parlons de
boire...plutôt que se mettre la corde au cou.
Bon, d'accord, l'amour n'est donc pas
vraiment le sujet de cette chanson; Pas dans le sens où on aurait pu
l'espérer. Le titre est un peu trompeur. Nous sommes toujours dans
la mise en garde des dangers qu'il y a à s'engager. Rappelez vous
que, dans la tradition orale, les chansons d'amour finissent souvent
mal. Se poser des questions avant, serait-ce un moyen d'échapper à
des fins tragiques ?
notes
1 – publiée dans “Instants de
mémoire” volume 3, page 86 – Hervé Dréan – éd. Musique
Sauvage (2011)
2 – A découvrir sur le site d'Evelyne Girardon: Parlons de boire. chantée par Eudoxie Blanc,
Mieusy (Quincy – Haute-Savoie) , collecte de Jean-Marc Jacquier.
interprète: Francis Boissard
source: Louise Jaunatre, à
Bouaye (44) enregistrée par Christine Viaud, vers 1980.
catalogue P. Coirault : Le
célibataire endurci - 2 (Avant le mariage – N° 04921)
catalogue C. Laforte : La
femme à ne pas choisir (IV, Ia-02)
Refrain:
Parlons d’aimer, jamais du mariage
Parlons d’aimer, jamais d’s’y
marier
Car il arrive souvent de s’y mettre
au ménage
Car il arrive souvent des
mécontentements
De prendre une femme, et qu’elle soit
riche
J’aurais l’idée d’aller au
cabaret
Elle me dirait souvent, retire-toi,
ivrogne
Tu manges tout ton bien, tes enfants
n’auront rien
De prendre une femme, et qu’elle soit
pauvre
Je pourrais bien aller mendier mon pain
Et j’aurais des enfants qui diront à
leur père :
Donnez-nous donc du pain, l’on y
meurre de faim
De prendre une femme et qu’elle soit
laide
Je ne pourrais peut-être pas l’aimer
Je lui dirais souvent :
retire-toi, vilaine
T’as su charmer mon cœur, t’as su
faire mon malheur
De prendre une femme et qu’elle soit
belle
Je ne serais point le seul à l’aimer
Il viendrait des amants, des amants
pour la voir
Il en viendrait souvent, souvent, c’est
ennuyant.
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