Je
vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas
connaître ! Sans vouloir jouer les anciens combattants, il nous
fallait bien commémorer des événements marquants de notre histoire.
Ce ne sont ni les tranchées ni la ligne Maginot mais, plus près de
nous, un ensemble de faits qui font date : il y a un avant et un
après mai 68.
D'habitude
on profite des chiffres ronds pour ces commémorations. Tant pis ;
ce sera le cinquante et unième anniversaire et nous avons pour cela
plusieurs raisons.
Pour
écouter la chanson et lire la suite:
Si
la mémoire collective retient surtout des événements parisiens,
barricades et autres défilés, mai 68 a vu d'autes lieux prendre une
part importante. C'est le cas pour l'agglomération nantaise puisque
les premiers mouvements sociaux qui ont pris le relais de la révolte
étudiante ont eu pour cadre des usines et ateliers locaux. L'usine
Sud-Aviation (aujourd'hui Airbus) de Bouguenais a été l'une des
premières occupées par les travailleurs. Nous n'allons pas raconter
l'histoire. D'autres le font beaucoup mieux que nous. C'est sa
traduction dans la chanson, populaire à défaut d'être
traditionnelle, qui nous intéresse.
Le
timbre utilisé pour cette chanson ne vous est sans doute pas
inconnu. C'est celui de la première version enregistrée des
"Prisons de Nantes"; celle chantée en 1928 par Yvonne
Georges sous le titre "les cloches de Nantes". C'est sur
cet air que la chanson a été la plus connue avant que les Tri Yann
n'imposent leur version québécoise avec son refrain typique (1)
dans les années 70.
Pour
ce qui est du texte, nous avons là le plus récent de toutes les
chansons que nous avons réinterprétées. Sans doute faut il faire
d'abord la distinction entre chanson traditionnelle, c'est à dire de
tradition orale, et chanson populaire. Pour ce texte anonyme on se
trouve dans la seconde catégorie, au même titre que certaines
autres chanson déjà présentes dans ce blog. Ce sont des chansons
composées pour une circonstance particulière, par un auteur
populaire dont l'écriture de chansons n'est ni le métier ni
l'occupation régulière. Le texte vient se coller sur un timbre
existant. Ainsi en va-t-il des complaintes criminelles ou des
relations d'un naufrage. La période significative des soulèvements
étudiants et ouvriers à Nantes rentre dans cette catégorie de
chanson qui servent au peuple à exprimer ses sentiments, ses
émotions et ses revendications.
La
seconde raison qui nous fait programmer cette chanson aujourd'hui,
c'est l'ouverture officielle du portail numérique Nantes Patrimonia.
La ville de Nantes a voulu regrouper dans une "encyclopédie
vivante et évolutive" tout ce qui concerne le patrimoine local:
industriel, social, portuaire, sportif, gastronomique,
culturel....C'est, bien sur, dans ce domaine que Dastum 44 collabore
à ce site. Nous y inclurons régulièrement les nombreuses chansons
traditionnelles qui ont pour cadre ou qui évoquent la ville de
Nantes. Quelques unes y sont déjà présentes; le site étant encore
en phase de développement, vous pouvez les retrouver sur notre blog,
en attendant l'ouverture d'un nouveau blog dédié uniquement à ces
chansons.
Notes
1
- lam tiddle di dol dum, tiddle di
lan ti dedi dedidle dum – typiquement québécois, c'est à dire
très influencé par le didling irlandais.
interpète :
Janig Juteau
sources :
texte : anonyme – musique : timbre d'une version des
prisons de Nantes
Dans
la ville de Nantes
Il y a des ouvriers,
Qui bossent comme des dingues
Et n’ont pas d’quoi bouffer.
Au mois de mai à Nantes
Ils ont tous débrayé
Ils ont pris leurs usines
Et les ont occupées.
Ils firent la Commune
Et se sont insurgés
Devant cette Commune
Le régime a tremblé.
Devant cette Commune
Le régime a tremblé
Les flics et la racaille
Sont venus réprimer.
Dans les prisons de Nantes
Ils y a des ouvriers
Qui poursuivent la lutte
Chantant la liberté.
Mais un beau jour à Nantes
Et dans le monde entier
Régneront la justice
Et l’pouvoir ouvrier.
Il y a des ouvriers,
Qui bossent comme des dingues
Et n’ont pas d’quoi bouffer.
Au mois de mai à Nantes
Ils ont tous débrayé
Ils ont pris leurs usines
Et les ont occupées.
Ils firent la Commune
Et se sont insurgés
Devant cette Commune
Le régime a tremblé.
Devant cette Commune
Le régime a tremblé
Les flics et la racaille
Sont venus réprimer.
Dans les prisons de Nantes
Ils y a des ouvriers
Qui poursuivent la lutte
Chantant la liberté.
Mais un beau jour à Nantes
Et dans le monde entier
Régneront la justice
Et l’pouvoir ouvrier.
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