samedi 11 mai 2019

295 - Mai 68 à Nantes


Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ! Sans vouloir jouer les anciens combattants, il nous fallait bien commémorer des événements marquants de notre histoire. Ce ne sont ni les tranchées ni la ligne Maginot mais, plus près de nous, un ensemble de faits qui font date : il y a un avant et un après mai 68.
D'habitude on profite des chiffres ronds pour ces commémorations. Tant pis ; ce sera le cinquante et unième anniversaire et nous avons pour cela plusieurs raisons.
Pour écouter la chanson et lire la suite:



Si la mémoire collective retient surtout des événements parisiens, barricades et autres défilés, mai 68 a vu d'autes lieux prendre une part importante. C'est le cas pour l'agglomération nantaise puisque les premiers mouvements sociaux qui ont pris le relais de la révolte étudiante ont eu pour cadre des usines et ateliers locaux. L'usine Sud-Aviation (aujourd'hui Airbus) de Bouguenais a été l'une des premières occupées par les travailleurs. Nous n'allons pas raconter l'histoire. D'autres le font beaucoup mieux que nous. C'est sa traduction dans la chanson, populaire à défaut d'être traditionnelle, qui nous intéresse.
Le timbre utilisé pour cette chanson ne vous est sans doute pas inconnu. C'est celui de la première version enregistrée des "Prisons de Nantes"; celle chantée en 1928 par Yvonne Georges sous le titre "les cloches de Nantes". C'est sur cet air que la chanson a été la plus connue avant que les Tri Yann n'imposent leur version québécoise avec son refrain typique (1) dans les années 70.
Pour ce qui est du texte, nous avons là le plus récent de toutes les chansons que nous avons réinterprétées. Sans doute faut il faire d'abord la distinction entre chanson traditionnelle, c'est à dire de tradition orale, et chanson populaire. Pour ce texte anonyme on se trouve dans la seconde catégorie, au même titre que certaines autres chanson déjà présentes dans ce blog. Ce sont des chansons composées pour une circonstance particulière, par un auteur populaire dont l'écriture de chansons n'est ni le métier ni l'occupation régulière. Le texte vient se coller sur un timbre existant. Ainsi en va-t-il des complaintes criminelles ou des relations d'un naufrage. La période significative des soulèvements étudiants et ouvriers à Nantes rentre dans cette catégorie de chanson qui servent au peuple à exprimer ses sentiments, ses émotions et ses revendications.
La seconde raison qui nous fait programmer cette chanson aujourd'hui, c'est l'ouverture officielle du portail numérique Nantes Patrimonia. La ville de Nantes a voulu regrouper dans une "encyclopédie vivante et évolutive" tout ce qui concerne le patrimoine local: industriel, social, portuaire, sportif, gastronomique, culturel....C'est, bien sur, dans ce domaine que Dastum 44 collabore à ce site. Nous y inclurons régulièrement les nombreuses chansons traditionnelles qui ont pour cadre ou qui évoquent la ville de Nantes. Quelques unes y sont déjà présentes; le site étant encore en phase de développement, vous pouvez les retrouver sur notre blog, en attendant l'ouverture d'un nouveau blog dédié uniquement à ces chansons.

Notes
1 - lam tiddle di dol dum, tiddle di lan ti dedi dedidle dum – typiquement québécois, c'est à dire très influencé par le didling irlandais.

interpète : Janig Juteau
sources : texte : anonyme – musique : timbre d'une version des prisons de Nantes

Dans la ville de Nantes
Il y a des ouvriers,
Qui bossent comme des dingues
Et n’ont pas d’quoi bouffer.

Au mois de mai à Nantes
Ils ont tous débrayé
Ils ont pris leurs usines
Et les ont occupées.

Ils firent la Commune
Et se sont insurgés
Devant cette Commune
Le régime a tremblé.

Devant cette Commune
Le régime a tremblé
Les flics et la racaille
Sont venus réprimer.

Dans les prisons de Nantes
Ils y a des ouvriers
Qui poursuivent la lutte
Chantant la liberté.

Mais un beau jour à Nantes
Et dans le monde entier
Régneront la justice
Et l’pouvoir ouvrier.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire