Dans
les commentaires d'une précédente version de cette chanson, un(e)
internaute anonyme nous a demandé qui pouvaient bien être les
capitaines dont il est question. Ces gaillards qui se permettent de
traiter la fille de « vilaine » sont-ils des membres de
la « ligue du Lol » ? La chanson n'a retenu que leur
anonymat. Ce qui est important c'est la différence de classe entre
une fille du peuple (bergère, jardinière...) et des membres d'une
aristocratie (prince, capitaine...) sur laquelle se base l'argument
de ce type de chansons mettant au prises une « bergère »
et un « monsieur ». Ce qui est encore plus intéressant
c'est que ces personnages sont trois !
Pour
écouter la chanson et lire la suite :
Trois :
un nombre premier hautement symbolique dans les mathématiques mais
aussi en philosophie, dans les religions ou l'histoire. C'est par
exemple celui de la trinité « Père – Fils - Saint esprit ».
C'est la référence aux âges de la vie : enfant – adulte –
vieillard, ou à la place dans le temps : passé – présent –
avenir, ou dans l'espace : les trois dimensions. La littérature
et les contes abondent d'exemples : les trois mousquetaires (1),
les trois petits cochons (ou poulettes, dans nos régions). Mais
qu'en est-il dans la chanson traditionnelle ? Il suffit de
parcourir rapidement la liste des chansons déjà publiées dans ce
blog et d'autres qui pourraient y trouver place pour constater que
bien souvent les personnages vont par trois.
trois
cavaliers fort bien montés sur la route de Saillé ou de la Vendée
trois
garçons du village qui demandent une fille en mariage
trois
matelots du port de Brest tirant la courte paille
trois
mariniers arrivant dans une auberge du coté de Coueron
trois
jeunes marins, tous trois du port de Nantes
trois
jeunes dragons qui regrettaient leurs maîtresses
trois
jeunes soldats qui s'en vont à la guerre
trois
gendarmes qui ont déserté avant d'être rattrapés par la
patrouille
trois
capitaines s'en allant dîner à l'auberge
trois
jeunes tambours s'en revenant de guerre
trois
jolis mineurs au service d'une jeune fille
trois
frères comme les écoliers de Pontoise ou ceux qui vengent leur sœur
maumariée
trois
enfants que Saint Nicolas délivre du saloir
trois
larrons qui ont volé un cotillon (la vézi, la vézon)
trois
amants pour la même fille
trois
jeunes conscrits, trois gentilshommes, trois galants, trois libertins
ou encore trois jaloux dans une danse
ou
tout simplement « trois » qui veulent la fille du coupeur
de paille
La
chanson oublierait-elle les personnages féminins ? Pas du
tout :
trois
filles à marier dans les faubourgs de Guérande
trois
sœurs dont on préfère la plus jeune
trois
princesses au pommier doux
trois
Maries de la légende sacrée
trois
filles qui se jouent d'un moine
trois
nonnes, trois filles de bien
trois
commères qui ont trop goûté la soupe au vin
trois
gentes demoiselles qui font la tournée des bistros
Même
les animaux y ont droit
les
trois pigeons dont on a fait un pâté
les
trois petits chats dans la comptine qui reprend toujours la dernière
syllabe
Objets
inanimés avez vous été oubliés ? Il y a encore :
la
fontaine au trois moulins
l'olivier
dont on a fait trois navires
les
trois navires chargés de blé
les
trois vaisseaux l'un chargé d'or l'autre d'argenterie...
les
trois robes de la délaissée
les
gants à porter trois fois l'an
...et
maintenant c'est à vous de compléter la liste.
On
termine juste avec les trois orfèvres dont les exploits à la Saint
Eloi font les délices des amateurs de paillardes.
Cette
liste vous a paru interminable. Il y manque certainement bien
d'autres exemples.
Mais
avec tout ça nous avons un peu oublié la chanson de la semaine.
Pour l'essentiel des commentaires reportez vous au texte n° 244,
d'avril 2018. Il n'est plus question ici ni d'Anne de Bretagne ni de
passer par la Lorraine. Il reste un texte qui se prête bien à la
marche ou à la danse, avec un refrain inspiré par une autre chanson
et un air qui doit beaucoup à son interprète.
Note
1
– bon, d'accord, ils étaient quatre. Mais c'est justement ça qui
est intéressant : on ne parle que de trois.
interprète :
Janig Juteau – réponses : Jean-Louis Auneau, Dominique
Juteau, Jean Ruaud, Francis Boissard
source :
D'après une version du Pays de Retz. Paroles et musiques adaptées
par Janig Juteau, pour danser le bal paludier
catalogue
P. Coirault : En passant par la Lorraine (Bergères et rois
– N° 03802)
catalogue
C. Laforte : En passant par la Lorraine (I, G-11)
M’y
promenant dans la plaine
Comme
le vent va l'hirondelle
M’y
promenant dans la plaine
Comme
le vent va l'hirondelle
Rencontrai
trois capitaines
Comme
le vent, Comme le vent va l'hirondelle
Comme
le vent
Comme
le vent, Comme le vent va l'hirondelle
Comme
le vent
Ils
m'ont appelée vilaine
Je
ne suis pas si vilaine
Puisque
le fils du roi m’aime
Il
m’a donné pour étrennes
Un
beau bouquet d'éternelles
S’il
fleurit, je serai reine…
S'il
fleurit pas c'est pour mes peines
Il
a fleuri de verveine
La
belle est devenue reine.
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