Certes,
nous prenons un peu d'avance sur le calendrier en chantant dès
maintenant le joli mois de mai. Mais, à notre connaissance, la
tradition n'a jamais pensé à chanter le vilain mois de février.
Pour retrouver tous les mois de l'année reportez vous à la chanson
des mois, que nous avons publiée en deux fois sur ce blog (1).
Ce
mois de mai est celui des amoureux et celui des petites fleurs des
champs. Enfin, c'était ainsi avant que, pour des raisons purement
commerciales, on ne décide de faire appel à Saint Valentin pour
relancer les affaires des fleuristes et autres marchands de cadeaux.
Vous le voyez : on n'échappe pas à l'actualité.
Pour
écouter la chanson et lire la suite :
Pas
besoin d'avoir une oreille exercée pour détecter dans cette ronde
du pays paludier une mélodie simpliste. Elle ne comprend que quatre
notes. L'objectif n'est pas de faire joli, mais efficace pour mener
la danse. En effet dans la tradition du pays guérandais les danses
sont systématiquement chantées dans le rond. Ce n'est que très
récemment que des musiciens se sont emparés de ce répertoire pour
le transposer à la scène, ce qui correspond à l'évolution des
bals et festou noz.
La
version que nous avons choisie a été notée dans la seconde moitié
du 19è siècle par Gustave Clétiez. Elle a été publiée par
Fernand Guériff, qui précise que nous avons à faire à un air
hypodorien (mode de la).Cette chanson est bien connue sous d'autres
formes dans notre région et un peu partout ailleurs. Elle débute
fréquemment par les formules : « Quand on est à Pâques
on est au printemps » ou « Voici le mois de mai où les
fleurs volent au vent ». Clétiez en avait noté une autre
version plus proche de la mélodie habituelle et débutant par la
formule : « En entrant en danse j'ai fait un présent ».
On y retrouve au refrain le « si jolie mignonne » qui
caractérise souvent cette chanson.
Dans
les deux cas nous sommes en présences de jeunes gens pressés de se
marier. Ici c'est dans le refrain que se manifeste l'impatience. Dans
l'autre version guérandaise (2), le dialogue met au prises une belle
qui prend son temps :
Je
ne me marierai
que
dans deux ou trois ans
et
son amoureux qui ne veut pas attendre :
Oh
non, oh non, belle
Moi,
bien à présent !
Le
présent, chargé de symboles, fait à la jeune fille est-il un
cadeau de fiançailles ? C'est tout à fait possible car la
chanson finit systématiquement par la même annonce. La belle
portera les gants aux fêtes populaires et au jour de ses noces,
annoncé dans l'année. Comme il faut bien faire rêver les jeunes
filles c'est fréquemment le fils du roi qui fait un présent à sa
mie. Mais ici l'histoire est racontée à la première personne, par
un garçon. C'est parfois l'inverse et alors la jeune fille raconte :
En
entrant en danse j'ai fait un amant
En
sortant de danse, m'a fait un présent
La
coutume d'offrir des gants aux fiançailles est depuis longtemps
passée de mode. La chanson est restée, encore bien présente dans
les mémoires et peut-être aussi parce qu'elle sert de support à
différentes danses.
notes
1 – N° 230
de janvier 2018 (janvier près d'un bon feu...) et 251 en mai 2018
(pour les six mois du second semestre)
2 – également
publiée par Guériff dans le tome 1 de ses collectes, page 196
interprètes :
Roland Guillou et Jacques Duchesne
Source : F.
Guériff "Le trésor des chansons populaires folkloriques
recueillies au pays de Guérande" t. 1 p. 208
catalogue P. Coirault :
Les gants à porter trois fois l'an (bergers et bergères - 4517)
catalogue C. Laforte :
I, G-28, les gants
O beau mois de mai,
Saison de printemps (bis)
Où la v-i-olette fleurit
dans ces champs, vraiment !
Refrain : N'aurai-je
donc jamais, mon âge de quinze ans ? (2 fois)
Où la violette
Fleurit dans ces champs
Je fus un matin,
J'en cueillis deux rangs
J'en remplis mes gants
Mes deux beaux gants
blancs.
Portais à ma mie
Ma mie que j'aime tant
Recevez la belle
Ce petit présent.
Vous le porterez
Deux fois, ou trois fois
l'an
Le jour d'la Pent'côte
Et de la Saint-Jean.
Le jour de vos noces
Qui s’ra le plus grand
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