Comme
celle de la semaine dernière, notre chanson a pour accessoire
principal un lit. Mais point besoin de berceuse pour les deux
protagonistes. Nous avons totalement changé de registre avec cette
fois un texte qui figure dans le répertoire des chansons coquines ou
libertines. Probablement composée vers la fin du 18è siècle cette
saynète grivoise est passée dans le répertoire populaire. C'est
auprès d'un chanteur de tradition orale que Fernand Guériff l'a
récupérée, dans les années 50.
pour
écouter la chanson et lire la suite.
Il
y a deux façons d'aborder cette chanson, ce qui justifie son double
titre. Soit on la considère comme le récit des aventures de deux
jeunes tourtereaux dont les prénoms sont mis en valeur. Soit on y
voit le tracas donné aux mères par l'éducation de leurs filles et
c'est l'autre titre qui domine. Il semble bien que ce soit les cas
dans la plupart de versions connues de cette chanson. Elle est
parfois baptisée « la chanson des mères » et a été
plusieurs fois enregistrée sous le titre « les mères d'à
présent ». C'est souvent l'incipit de la chanson. C'est à
dire que ce qui est ici le dernier couplet vient habituellement en
premier, passant ainsi du statut de morale de l'histoire à celui
d'introduction du sujet.
Elle
est donc sortie assez tôt de la tradition orale pour être
enregistrée par des spécialistes du genre paillard sur des disques
à diffusion plutôt confidentielle, dès les années 30. Parmi les
artistes qui l'ont mise à leur répertoire on trouve des noms comme
Stello, Gaston Tremolo, Eugénie Buffet, la Houppa...et plus près de
nous, Colette Renard.
Malgré
cette diffusion sur 78 ou 33 tours, « les mères d'à présent »
est bien un chant traditionnel. Mais il appartient sans doute plus
aux répertoires des casernes ou des salles de garde. Dans le tome 3
de ses collectes, Gueriff le qualifie de « vieille romance du
18è siècle » qui lui a été « chantée par Jean
Delalande, 83 ans en août 1955 ».
L'auteur
de cette chanson nous est inconnu. Outre son style, un détail
pourrait nous conforter dans cette estimation qui la situe vers la
fin du 18ème siècle. C'est la présence dans certaines versions
d'une prison bien connue dont la disparition est tout un symbole :
Elles
briseraient fers et grilles,
Et
s'échapperaient d' la Bastille.
Quand
aux amoureux leurs prénoms sont variables : ici Sophie et
Colin, ailleurs Pauline et Lucas, voire Coline et Colin. Ce qui ne
varie pas c'est la situation et la façon « d'agir en
conséquence » !
interprète :
Nicolas Pinel
source :
Fernand Gueriff – publié dans le volume 3 du « Trésor des
chants populaires folkloriques du pays de Guérande », page 167
(Dastum 44 et parc Naturel Régional de Brière - 2009)
Sophie
disait à son amant
Qu'ell'
l'aimait tant à la folie !
Lui
donne un rendez-vous charmant
Pour
satisfaire son envie :
-
Tu viendras ce soir
Combler
mon espoir,
Colin
ne manque pas, je t'en prie. ( bis
Tiens,
voilà mon passe-partout ;
J'y
couche au quatrième étage.
Je
te recommande surtout
De
ne pas faire de tapage.
Tu
connais l' secret
De
mon cabinet.
Va,
je ne t'en dis pas davantage ( bis
Colin
ne demandait pas mieux,
Trouva
le jour comme une année
Le
rendez-vous des amoureux
Était
à dix heures sonnées.
Frappe
: pan, pan,
Entre
doucement.
Ma
chère Sophie, êtes-vous couchée ? ( bis
Ah
! Colin, enfin te voilà !
Que
j'étais dans l'impatience !
De
te serrer entre mes bras,
J'en
avais perdu l'espérance.
Et
puisque c'est toi,
Déshabille-toi,
Et
nous agirons de conséquence ( bis
La
mère qui avait un soupçon
Se
lève la nuit tout en chemise.
Elle
se doutait qu'un jeun' garçon
Était
couché avec sa fille
Frappe
: pan, pan, pan.
Entre
doucement.
Colin
dans les draps s'entortille ( bis
Maman,
ne le découvrez pas !
Il
fait plus froid qu'à l'habitude.
Laissez-le
couché avec moi
Il
pourrait attraper un rhume.
Si
vous l' découvrez,
Maman
vous aurez,
Le
cœur aussi dur qu'une enclume ( bis
Ah
! que les mères d'à présent
Ont
de la peine avec leurs filles.
Sitôt
qu'elles attrapent quinze ans,
Elles
sont amoureuses et gentilles.
Pour
un amoureux
Jeune
et vigoureux
Elles
briseraient fers et grilles. ( bis
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