La marine de Loire est une
chanson à double sens...de navigation. Ne cherchez pas de message
caché dans les paroles qui décrivent de manière très réalistes
la vie des mariniers. Ce double sens correspond aux échanges
commerciaux à l'amont comme à l'aval. Il se retrouve dans
l'existence de plusieurs versions dont les couplets décrivent tantôt
la montée, tantôt la descente du fleuve. L'interprétation que nous
vous en proposons réconcilie les deux points de vue.
Pour écouter la chanson et lire la
suite :
Bien que cette chanson ne trouve pas
son origine dans notre territoire de prédilection, elle présente un
intérêt à plusieurs titres. Tout d'abord cette énumération
d'étapes ligériennes qui débute à Nantes. Cette remontée de la
Loire évoque, bien sur, les relations économiques entre les villes
du fleuve. Arrivant ou partant du grand port maritime et fluvial, se
croisent marins et mariniers et leurs marchandises. Au delà de cet
aspect économique c'est l'influence culturelle qui se manifeste
aussi. Nous avons déjà expliqué que Nantes est la deuxième ville
la plus citée dans les chansons traditionnelles (1). Les chansons
parlant de Nantes sont si présentes dans toutes les régions
desservies par la vallée de la Loire et ses affluents qu'on ne peut
qu'y voir un effet de ces échanges, auxquels ont bien dû contribuer
les mariniers.
Pour avoir une idée de l'origine
exacte de cette chanson nous nous sommes fiés aux commentaires des
enregistrements publiés par le Chasse Marée sur les disques
« chants des mariniers » et « chants des marins
nantais ». Les couplets que nous avons retenu viennent de
plusieurs versions recueillies dans les années 1940, sans la
musique. Celle ci vient d'un ouvrage de Jean Drouillet « le
folklore du Nivernais et du Morvan » paru en 1974. Le texte
original daterait des années 1860. Denis Le Vraux précise (2) :
« cette chanson est antérieure à 1880, puisqu'elle est déjà
citée en 1881 dans un roman de Jules Glouvet, le marinier ».
Depuis, d'autres se sont risqués avec
plus ou moins de bonheur, à chanter la Loire de sa source à son
embouchure. La chanson de Serge Kerval « la Loire est morte ce
matin » en est le plus bel exemple. Mais elle est à sens
unique puisqu'elle suit le flot. Dans la marine de Loire,
après une remontée qui nous a mené de l'estuaire jusqu'en Sologne,
on retrouve avec les derniers couplets les bisbilles entre gens du
fleuve et gens du canal, typiques des versions du pays haut (de
Roanne à Orléans). Pour mettre tout le monde d'accord, elle est ici
interprétée par le groupe de chants de marins Jad'hisse, de Pornic,
plus habitué aux chansons maritimes que fluviales.
notes
1 – loin derrière Paris, certes,
mais bien davantage que Bordeaux, La Rochelle, Rouen, Lyon...
2 – dans : La chanson maritime –
le patrimoine oral chanté dans les milieux maritimes et fluviaux
(OPCI – L'Harmattan – 2010)
Interprètes : le groupe
Jad'hisse
source : paroles :
montage de plusieurs versions – musique publiée dans l'ouvrage de
Jean Drouillet « le folklore du Nivernais et du Morvan »
paru en 1974
Partant des deux extrémités
De Roanne ou de Nantes
La Loire est toute sillonnée
D’nos équipes bruyantes
Soit de couplage, soit de train
Amis, chantons ce refrain
refrain
Non, non, y’a pas de marine
Dans tout l'pays assurément
Qui vaille la marine
De la Loire, vraiment
À Nantes, à Ancenis, Oudon
On voit nos belles flottes
Surtout quand le vent est bon
Cela nous ravigote
Et à toile, et bourde en avant
Les balises nous dirigeant
De Saint-Florent aux Ponts-de-Cé
Une grande distance
Saumur, Chapelle-Blanche et Chouzé
L'plus beau pays de France
Et aussi la ville de Tours
Amboise et ses alentours
Passé Pouilly, Cosne et Neuvy
On arrive à Briare
Saint-Brice-en-Gien, et puis Sully
Châteauneuf c'est la gare
Sans oublier Jargeau
Pays agréable et beau
À Briare, y’a les deux marines
Du canal et d' la Loire
Ceux d'la Loire ont leurs bonnes mines
Ceux du canal la gueule noire
Et à la Saint-Nicolas
Voilà ce que disent les gars
Vous n'aurez pas d'ce pain bénit
Mariniers du canal
Vous êtes tous qu'un tas d' salop'ries
Vous avez la gueule sale
Pays haut et pays bas
Ah non ! Vous n'en aurez pas !
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