Victorine a eu un petit accident ! Encore une fille dont le cotillon devient trop long par derrière et
trop court par devant. Les conséquences sont d'autant plus fâcheuses
que le responsable de l'accident n'est pas prêt à prendre ses
responsabilités. La situation est dramatique ; et pourtant la
chanson déclenche plus de sourires que de pleurs. Ceci malgré un
sordide marchandage où il plus question d'argent que d'amour.
Cette chanson est bien présente dans
les collectes, anciennes ou récentes. La version que nous
interprétons vient du pays de Châteaubriant. On en trouve plusieurs
autres en Loire-Atlantique et dans toute la Haute-Bretagne.
Pour écouter la chanson et lire la
suite :
Dans cette chanson le prénom de la
jeune fille peut varier d'une version à l'autre : Florine,
Joséphine, Jeannette ou Louise. Mais dans notre secteur géographique
c'est Victorine qui est le plus fréquent. Quel que soit le prénom,
ce qui ne varie pas d'une chanson à l'autre c'est l'entrée en
matière : elle va au marché acheter des cerises. Autre
constante : la somme demandée pour nourrir la mère et l'enfant
est toujours de cinq à six cent francs. Exception faite pour Lucien
Gicquel, notre informateur, qui est passé de la centaine au mille ;
mais toujours cinq à six mille !
La réponse du militaire est bien
pingre avec ses cinquante centimes. Dans d'autres chansons il
proposes de dix à cinquante écus. Mais compte tenu de l'ancienneté
du texte on aurait bien du mal à convertir tout ça en euros. Ce qui
est plus important c'est la désinvolture avec laquelle il renvoie sa
petite amie. Et encore, ici se contente-t-il d'un :
...c'est bien assez
Pour nous être si bien amusés.
Quand on entend parfois :
dix écus ça
sera bien assez
Pour avoir eu ma
virginité
ou encore
Cinquante écus
c'est bien assez
Pour m'être si
peu amusé
L'excuse du major ou
des parents qui refusent le mariage est même parfois balayée d'un
plus cinglant :
Si tu es enceinte
de moi
C'est bien par ta
bêtise
je t'avais
toujours bien dit
Que tu ne
m'aurais pas pour mari
Pauvre Victorine !
Et pourtant cette chanson utilise plutôt un ton comique que
tragique. Si on veut la classer dans les avertissements aux jeunes
filles, peut être faut-il se persuader que la dérision est plus
efficace que les leçons de morale.
Interprète :
Christine Dufourmantelle
source : Lucien Gicquel, de
Saint-Vincent-des-Landes , enregistré en février 1988 par Patrick
Bardoul et Lydie Pécot
catalogue Coirault : La
fille enceinte d’un dragon (2318)
catalogue C.
Laforte : La fille
délaissée qui pleure (2-H-21)
Quand Victorine va t’au marché
Quand Victorine va t'au marché c'est
pour acheter des c'rises ( bis )
Elle prend son p'tit tablier blanc
Boute-ci, boute-ça, Victorine a fait
ça
Elle prend son p'tit tablier blanc
Pour cacher son p'tit accident (?)
Quand Victorine revient du marché, son
petit cœur soupire ( bis )
Qu'avez-vous donc à soupirer
Boute-ci, boute-ça, Victorine a fait
ça
Qu'avez-vous donc à soupirer
Dans les bras de vot' bien-aimé
Mon bel amant, si je soupire, c'est
vous qu'en êtes la cause ( bis )
Vous avez dit partout
Boute-ci, boute-ça, Victorine a fait
ça
Vous avez dit partout
Que j'étais en amour de vous
Si je suis en amour de vous,
marions-nous ensemble ( bis )
Du mariage, n'en parlons pas
Boute-ci, boute-ça, Victorine a fait
ça
Du mariage, n'en parlons pas
Car le major ne le veut pas
Si le major ne le veut pas, donnez-moi
quelque chose ( bis )
Donnez-moi cinq à six mille francs
Boute-ci, boute-ça, Victorine a fait
ça
Donnez-moi cinq à six mille francs
Pour nourrir la mère et l'enfant
Six mille francs c'est beaucoup pour un
pauvre militaire ( bis )
Cinquante centimes c'est bien assez
Boute-ci, boute-ça, Victorine a fait
ça
Cinquante centimes c'est bien assez
Pour nous être si bien amusés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire