Sur la plage abandonnée, coquillages
et crustacés déplorent...que la chanson traditionnelle se soit
aussi peu intéressée à eux. Il y a une exception notable : la
pêche aux moules, tombée dans le folklore enfantin d'où elle fut
tirée de l'oubli par l'animateur Jacques Martin qui en fit une
rengaine pour son émission « le petit rapporteur ». La
version que nous vous proposons est plus proche de l'air à danser
utilisé dans une région plus au sud de nos côtes.
pour écouter la chanson et lire la suite:
En cette période estivale nous faisons
une exception à notre habitude de ne présenter que des chansons de
nos archives. Nous aussi avons décidé de prendre des vacances et
d'aller voir ailleurs. Certes, la chanson a été publiée par
l'éditeur nantais Armand Guéraud (1) et classée dans la rubrique
« chansons enfantines et à danser ». Mais son origine
est clairement plus au sud. Si l'informatrice de Guéraud était de
Pouzauges (2), c'est en Saintonge qu'on la retrouve le plus souvent
comme support de danses. Notre version associe des couplets publiés
par Jérôme Bujeaud (3).
Venons en maintenant au prétendu
caractère enfantin de cette chanson. Fort heureusement le double
sens permet de chanter pour des oreilles innocentes ce que seuls les
adultes doivent comprendre. Aller à la pêche aux moules, tout comme
passer la rivière, se traduit par la perte de quelques éléments,
jarretières, gants et surtout ce petit panier qui symbolise la perte
de la virginité.
Malgré sa brièveté, cette chanson
nous donne à entendre des couplets qu'on retrouve presque mot pour
mot dans d'autres chansons. Si la fille qui a « perdu ses
gants » évoque plutôt le répertoire grivois, voire
graveleux, le troisième couplet revient fréquemment dans des
chansons de conseils avant mariage où la comparaison entre filles et
garçons tourne rarement à l'avantage de ces derniers.
Pour en revenir à notre plateau de
fruits de mer, il faut bien reconnaître que l'activité côtière a
donné peu de chansons intéressantes. Dès qu'on chante la mer c'est
l'appel du large qui prévaut. Les trois mats, oui, les écraseurs de
crabes, non ; Le cap Horn et les îles lointaines font plus
rêver que nos rochers couverts de goémon. Il a fallu attendre le
développement des loisirs depuis la fin du 19ème pour que des
stations balnéaires aient l'honneur d'une petite chanson, comme la
composition de la semaine précédente. Alors si vous connaissez
d'autres chansons traditionnelles sur la vie au bord de mer n'hésitez
pas à nous les communiquer. On est preneurs.
notes
1 - chants populaires du comté nantais
et du bas Poitou recueillis par A. Guéraud / édition critique par
J. Le Floc'h – modal FAMDT 1995 – la chanson est page 414
2 – Probablement la commune vendéenne
la plus éloignée de la mer. Plus connue comme capitale du saucisson
(siège de la sté Fleury-Michon)
3 – chansons populaires des provinces
de l'ouest de J. Bujeaud, tome 1 page 143
interprète : Jean-Louis
Auneau, Nicolas Pinel, Dominique Juteau
source : ouvrage En
Bretagne et Poitou… (Armand Guéraud), page 414 - informateur :
Mme Parenteau, à Pouzauges (85), date inconnue (milieu XIXè)
complété par : Chants et chansons populaires des provinces de
l’ouest (Jérôme Bujeaud), tome I, page 143
catalogue P. Coirault : A
la pêche aux moules (Couplets à danser – N° 07402)
A la pêche des moules
Je n'veux plus y aller, maman
A la pêche des moules
Je n' veux plus y aller
Les garçons de Marennes
M’ont pris mon panier, maman
Les garçons de Marennes
M’ont pris mon panier
Au bord de la rivière
J'ai perdu mes gants, maman
Au bord de la rivière
J'ai perdu mes gants
Mes gants et mes jarretières
Et mon p'tit panier, maman
Et mon p'tit panier
Les garçons sont volages
Comme la pluie et le vent, maman
Les garçons sont volages
Comme la pluie et le vent
Les filles sont fidèles
Comme l’or et l’argent
Les filles sont fidèles
Comme l’or et l’argent
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