Si, comme la belle de cette
chanson, vous venez juste de vous réveiller, son propos vous
rappellera peut être une publication précédente. En effet, nous en
avons déjà publié une version il y a quelques semaines (1). Les
deux sont suffisamment différentes pour que cette répétition
trouve tout son intérêt. Si le garçon s'appelle toujours Colin, la
belle endormie se prénomme Julie. Notre première publication venait
du Pays de Retz. Cette fois nous passons de l'autre coté de
l'estuaire de la Loire, tout en restant au bord de la mer ;
normal, en cette saison !
Pour écouter la chanson et lire
la suite :
Cette chanson provient
d’Escoublac, et plus précisément du répertoire de Mme
Questerbert, collectée par Fernand Guériff en 1940, alors qu'elle
avait 80 ans.
La version du pays de Retz ne
laissait aucun doute sur son utilisation pour danser le rond. Telle
qu'elle a été notée par Guériff, le caractère dansant de celle
ci est moins évident. C'est pourquoi nous avons choisi une
interprétation très différente. Ce n'est pas la première fois que
nous vous offrons, sur ce blog, une comparaison entre deux versions
si différentes d'un même texte. Voyez par exemple « la belle
au jardin d'amour » (chansons n° 17 et 18) ou ce « drame
familial » (N° 190) qui présentent autant de diversité dans
la forme que nos deux versions de la belle endormie.
Le nombre de couplets donnés
par Mme Questerbert est trop limité pour qu'on se contente de jouer
au jeu des sept différences. Les principales concernent le refrain
et la recherche de l'amant. Au sud de l'estuaire de la Loire comme
dans bien d'autres régions la ritournelle
Les
gens qui sont jeunes pourquoi dorment-ils ?
semble être l'argument majeur
de la chanson, alors qu'ici la préoccupation principale est de
savoir si les belles jeunes filles trouveront un mari.
Malgré l'absence de nombreux
détails présents dans les autres versions (habillement du galant,
regrets de la jeune fille...) nous avons une indication sur le chemin
pris par le garçon qui permettra peut être à son amoureuse de le
retrouver : il va de Versailles à Paris. La comparaison avec
quelques autres indications géographiques est amusante. En voici
quelques unes (2) :
il a pris la route de
Toulouse à Paris (Berry)
il a pris le chemin de Metz
qui conduit à Paris (Champagne)
Il a pris la route de Saintes
à Paris (Poitou)
Il a pris le chemin de gauche
qui mène à Paris (Wallonie)
il a pris la route de Paris
et autant veut dire la route des bandits (Jura)
et enfin, en Lorraine, où le
GPS semble avoir des difficultés de fonctionnement, le chemin de
Nantes pour aller à Nancy, de Nancy à Metz, de Verdun à Paris ;
bon voyage !
Notes
1 – Sous un saule – chanson
N° 186, publiée en février dernier
2 - provenant des publications
de (par ordre d'apparition à l'écran) : Barbillat et Touraine,
Puymaigre, Bujeaud, Terry, Garneret.
Interprète :
Nicolas Pinel
Source : Fernand Guériff,
Tome III, p. 136 - Chansons de Brière, de Saint-Nazaire, et de la
presqu'île Guérandaise.
Catalogue Coirault :
1604 – la belle endormie sur ces côtes
Catalogue Laforte :
I,G-09 – la belle dormeuse et la rose
Sur
la haute colline, s'est endormie Julie,
Par
là devant il passe, Colin, son cher ami.
Refrain
:
Les
fill's qui sont jeun's et belles
Se
marieront-ell's, oh : oui !
Oui
! Oui ! Oui !
À
sa main une rose, et dans sa main il lui mit
La
rose, elle était fraîche, a réveillé Julie.
S'en
va chez la voisine : - Qu'est-ce qui m'a mis ceci ?
-Ah
! c'est Colin, dit-elle, c'est Colin, votre ami !
-
Ah ! dites-moi, voisine, quel chemin a-t-il pris ?
-
Le chemin de Versailles, ou celui de Paris.
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