vendredi 11 août 2017

211 - Sur la haute colline

Si, comme la belle de cette chanson, vous venez juste de vous réveiller, son propos vous rappellera peut être une publication précédente. En effet, nous en avons déjà publié une version il y a quelques semaines (1). Les deux sont suffisamment différentes pour que cette répétition trouve tout son intérêt. Si le garçon s'appelle toujours Colin, la belle endormie se prénomme Julie. Notre première publication venait du Pays de Retz. Cette fois nous passons de l'autre coté de l'estuaire de la Loire, tout en restant au bord de la mer ; normal, en cette saison !
Pour écouter la chanson et lire la suite :


Cette chanson provient d’Escoublac, et plus précisément du répertoire de Mme Questerbert, collectée par Fernand Guériff en 1940, alors qu'elle avait 80 ans.
La version du pays de Retz ne laissait aucun doute sur son utilisation pour danser le rond. Telle qu'elle a été notée par Guériff, le caractère dansant de celle ci est moins évident. C'est pourquoi nous avons choisi une interprétation très différente. Ce n'est pas la première fois que nous vous offrons, sur ce blog, une comparaison entre deux versions si différentes d'un même texte. Voyez par exemple « la belle au jardin d'amour » (chansons n° 17 et 18) ou ce « drame familial » (N° 190) qui présentent autant de diversité dans la forme que nos deux versions de la belle endormie.
Le nombre de couplets donnés par Mme Questerbert est trop limité pour qu'on se contente de jouer au jeu des sept différences. Les principales concernent le refrain et la recherche de l'amant. Au sud de l'estuaire de la Loire comme dans bien d'autres régions la ritournelle
Les gens qui sont jeunes pourquoi dorment-ils ?
semble être l'argument majeur de la chanson, alors qu'ici la préoccupation principale est de savoir si les belles jeunes filles trouveront un mari.
Malgré l'absence de nombreux détails présents dans les autres versions (habillement du galant, regrets de la jeune fille...) nous avons une indication sur le chemin pris par le garçon qui permettra peut être à son amoureuse de le retrouver : il va de Versailles à Paris. La comparaison avec quelques autres indications géographiques est amusante. En voici quelques unes (2) :
il a pris la route de Toulouse à Paris (Berry)
il a pris le chemin de Metz qui conduit à Paris (Champagne)
Il a pris la route de Saintes à Paris (Poitou)
Il a pris le chemin de gauche qui mène à Paris (Wallonie)
il a pris la route de Paris et autant veut dire la route des bandits (Jura)
et enfin, en Lorraine, où le GPS semble avoir des difficultés de fonctionnement, le chemin de Nantes pour aller à Nancy, de Nancy à Metz, de Verdun à Paris ; bon voyage !

Notes
1 – Sous un saule – chanson N° 186, publiée en février dernier
2 - provenant des publications de (par ordre d'apparition à l'écran) : Barbillat et Touraine, Puymaigre, Bujeaud, Terry, Garneret.

Interprète : Nicolas Pinel
Source : Fernand Guériff, Tome III, p. 136 - Chansons de Brière, de Saint-Nazaire, et de la presqu'île Guérandaise.
Catalogue Coirault : 1604 – la belle endormie sur ces côtes
Catalogue Laforte : I,G-09 – la belle dormeuse et la rose


Sur la haute colline, s'est endormie Julie,
Par là devant il passe, Colin, son cher ami.

Refrain :
Les fill's qui sont jeun's et belles
Se marieront-ell's, oh : oui !
Oui ! Oui ! Oui !

À sa main une rose, et dans sa main il lui mit
La rose, elle était fraîche, a réveillé Julie.

S'en va chez la voisine : - Qu'est-ce qui m'a mis ceci ?
-Ah ! c'est Colin, dit-elle, c'est Colin, votre ami !

- Ah ! dites-moi, voisine, quel chemin a-t-il pris ?
- Le chemin de Versailles, ou celui de Paris.


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