Et
voilà, c'est reparti ! Après une petite pause, histoire de
s'auto-féliciter pour la deux centième, on leur lâche la bride et
nous revoilà dans les discussions interminables entre deux
tourtereaux. Et que je te fais mon intéressant et mon vantard, moi
le garçon. Et que je minaude en faisant semblant de ne pas me
décider, moi la fille. Bon, honnêtement, on sait tous comment ça
va se terminer ! Alors les chansons dialoguées entre amoureux
n'ont plus grand chose à nous apprendre.
Le
grand intérêt de celle ci c'est qu'elle a été collectée dans le
pays de Châteaubriant, dont nous allons beaucoup vous parler au
cours des prochaines semaines, avec la concrétisation d'un de nos
projets : la sortie d'un disque consacré au répertoire qui y a
été collecté. Voyons cela plus en détail.
pour écouter la chanson et lire la suite:
Le
pays de Châteaubriant est un territoire / terroir (1) qui regorge
tellement de belles chansons qu'on a bien du mal à en sélectionner
quelques unes et du regret de laisser de coté les autres. Le double
CD en préparation est un véritable crève cœur. Pourquoi
sélectionner une chanson plutôt qu'une autre ? La publication
de ce document est prévue pour la rentrée 2017 et donnera lieu à
quelques réjouissances, à Châteaubriant même, les 16 et 17
septembre. Nous aurons l'occasion de vous en reparler. Le blog de
Dastum 44 vous proposera aussi quelques ré-interprétations des
chansons non retenues. Par exemple ce dialogue entre un galant et une
jeune fille tirée du répertoire de Mme Georgette Bossé,
enregistrée à Erbray par Patrick Bardoul.
Le
style de ce texte, le langage employé et la structure des couplets
nous font penser à une œuvre d'origine lettrée plus qu'à une
chanson de tradition orale. Bien que nous ne disposions pas d'une
preuve matérielle, nous supposons qu'elle a été diffusée par le
biais de ces feuilles volantes ou petits formats assez répandus
depuis le début du 19ème siècle.
Plusieurs
versions de cette « charmante beauté » ont été
recueillies dans une sorte d'arc atlantique allant de la Normandie au
Poitou en passant par la Haute-Bretagne. Voyez en particulier celle
copiée par Albert Poulain (2) d'après le chant de Mme Doucet à
Saint Just (35). Les variations du texte d'une version à l'autre
nous confortent dans l'idée d'une source unique, écrite. De tous
ceux que nous avons pu consulter, le texte de madame Bossé est le
plus complet, et sans doute le plus fidèle à l'original. Mais là
encore on reste dans le domaine des suppositions.
Notes
1
– on vous laisse choisir. Territoire fait un peu trop
administratif, terroir un peu trop folklo et le néologisme
territerroire n'a pas encore été agréé !
2
– page 365 dans les carnets de route d'Albert Poulain (éd. PUR /
Dastum - 2011)
interprètes
: Rémi Vachon et Martine Trehuedic
source :
Georgette Bossé enregistrée au village de l’Outre, en Erbray –
(44) par Patrick Bardoul en octobre 1986
Charmante
beauté que j'adore
Je
lui ai demandé votre main
Je
vous aime depuis l'aurore
Si
mon caractère vous convient
Quant
à moi, la belle
En
vous tout m'y plaît
Vous
êtes la seule
Pour
faire mon bonheur
Monsieur,
j'voudrais bien vous entendre
Si
mon cœur était décidé
Mais
comme j'ai bien le temps d'attendre
Il
faut connaître avant d'aimer
A
dix-huit ans d'âge
N'est-il
pas trop tôt
D's'y
mettre en ménage
Cessez
vos propos
A
dix-huit c'est la belle âge
Belle
Adèle, écoutez-moi bien
Vous
aurez un brillant mariage
Vous
ne devez douter de rien
Cent
mille francs de rente
Pourront
bien suffire
Belle,
sans plus attendre
Il
faut nous unir
Monsieur,
ce n'sont point vos richesses
Qui
m'engagent à vous écouter
Car,
déjà, j'ai fait la promesse
De
m'y jamais m'y marier
Mon
tendre père
N'a
que moi d'appui
Et
moi je préfère
Rester
avec lui
Votre
bon père n'aura rien à craindre
Il
aura un autre soutien
De
moi il n'aura pas à s'plaindre
Son
caractère sera le mien
Quant
à moi, la belle
En
vous tout me plaît
Vous
êtes la seule
Pour
faire mon bonheur
Oh,
qu'on entend de beaux langages
Quand
les garçons parlent d'amour
Mais
quand on est dans le ménage
Ils
vous font payer le retour
Épouser un maître
Faut
lui obéir
Et
faire à sa tête
A
tous ses désirs
Je
suis seule dans la chaumière
Je
n'ai pas besoin d'vos amours
Auprès
de mon vieillard de père
Je
veux y passer d'heureux jours
Cherchez
la richesse
Vous
la trouverez
Moi,
j'ai la sagesse
Je
veux la garder.
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