vendredi 12 mai 2017

200 - Les marins de Redon (2)

Notre chanson de la semaine a une particularité : c'est la 200ème publiée dans ce blog ! Pour l'occasion, nous vous proposons une nouvelle version d'une de nos chansons préférées. Vous reconnaîtrez aisément le rythme du rond guérandais dit « rond paludier » ; ce qui confirme encore la localisation géographique de cette chanson.
Deux cent chansons parmi les milliers que compte le répertoire traditionnel. Deux cent perles de culture populaire issues des collectes réalisées en Loire-Atlantique. Deux cent textes sortis de nos archives sonores, de nos éditions et des cahiers de chansons, réinterprétés par les chanteurs et chanteuses de l'association Dastum 44. Merci encore à toutes celles et tous ceux qui y ont participé depuis quatre ans en donnant de la voix (1)
Mais revenons maintenant à la chanson et à nos marins
Pour écouter la chanson et lire la suite :


Vous avez donc reconnu dans cette chanson une variante de celle que nous avons mise en ligne il y a quelque semaines (n° 192, mars 2017). Son refrain vient confirmer notre explication sur la genèse de ce texte. Dérivant de l'histoire d'une jeune fille qui veut « passer le bois », elle raconte désormais une scène d'embarquement. Le propos en reste identique : la jeune fille use d'un stratagème pour tenir éloigné le galant trop pressant. Nous ne renouvellerons pas l'ensemble des commentaires que vous avez déjà pu lire.
Ce qui est remarquable ici c'est qu'une aventure toute maritime ait pu conserver, par son refrain, les origines de la chanson. Elle fait partie de tous ces textes qui nous détaillent des « occasions manquées », pour reprendre la classification utilisée par Patrice Coirault. Elle a aussi un air de famille avec une autre chanson recueillie au 19ème siècle en pays guérandais par Gustave Clétiez : « la belle et le chaudronnier » (2). Dans celle ci un garçon rencontre une fille si jolie qu'il la suppose fille d'un roi. D'où sa déception quand elle lui apprend :
Je suis la fille d'un chaudronnier, le plus noir de la ville
et il envoie le chaudronnier au diable !
Mais la fin est la fin est complètement différente puisque la belle n'éprouve que du regret d'être rejetée à cause du métier de son père.

La semaine prochaine, après ce tour de compteur, nous poursuivrons notre découverte du patrimoine chanté. En route vers la prochaine centaine !

notes
1 – Agnès, Anne Gaelle, Annie, Annick, Barberine, Béatrice, Bruno, Colette, Daniel, Dominique, Élisabeth, Françoise, Hervé, Hugo, Isabelle, Jacques, Janick, Janig, Jean-louis, Jeannette, Liliane, Martine, Nolwen, Oona, Patricia, Philippe, Rémi, Roland, Séverine, Simone, Xavier, Yves...en espérant n'avoir oublié personne
2 – reprise par Fernand Guériff dans le tome 1 du Trésor des chansons populaires folkloriques recueillies au pays de Guérande, page 194 : « l'autre jour en m'y promenant » ou « la belle et le chaudronnier »

interprètes : Bruno Nourry et Jean-Louis Auneau
source : recueilli par Fernand Guériff auprès de Mme Jacobert, à Prézégat (Saint Nazaire) en 1937
catalogue Coirault : Le passage du bois (Occasions manquées - N° 01907)
catalogue Laforte : L’embarquement de la fille du bourgeois (I, K-06)

Ce sont les marins de Redon qui ont pris une ville
Mais ils n’ont rien trouvé dedans qu’une tant jolie fille
Sommes nous dans la rive du bois
Du bois dans la rive

Là, ils l’ont prise, l’ont emmenée à bord de leur navire
Ils ont bien fait quatre cent lieues sans jamais mot lui dire

Mais au bout des quatre cent lieues, à qui êtes-vous fille ?
Je suis la fille d’un sarrasin, ma mère est sarrasine

Si vous êtes fille d’un sarrasin, sortez de mon navire
Sitôt que la belle fut dehors, elle se mit à rire

Qu'avez vous la belle, qu'avez vous, qu’avez-vous donc à rire
Je ris de toi mais pas de moi, je ris de ta sottise

Je suis la fille d’un négociant, le plus riche de la ville
Si vous êtes fille d’un négociant, rentrez dans mon navire

Il fallait plumer la perdrix pendant qu’elle était prise
Je voulais la plumer aussi, elle s'est envolée trop vite


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