Notre chanson de la semaine a une
particularité : c'est la 200ème publiée dans ce blog !
Pour l'occasion, nous vous proposons une nouvelle version d'une de
nos chansons préférées. Vous reconnaîtrez aisément le rythme du
rond guérandais dit « rond paludier » ; ce qui
confirme encore la localisation géographique de cette chanson.
Deux cent chansons parmi les milliers
que compte le répertoire traditionnel. Deux cent perles de culture
populaire issues des collectes réalisées en Loire-Atlantique. Deux
cent textes sortis de nos archives sonores, de nos éditions et des
cahiers de chansons, réinterprétés par les chanteurs et chanteuses
de l'association Dastum 44. Merci encore à toutes celles et tous
ceux qui y ont participé depuis quatre ans en donnant de la voix (1)
Mais revenons maintenant à la chanson
et à nos marins
Pour écouter la chanson et lire la
suite :
Vous avez donc reconnu dans cette
chanson une variante de celle que nous avons mise en ligne il y a
quelque semaines (n° 192, mars 2017). Son refrain vient confirmer
notre explication sur la genèse de ce texte. Dérivant de l'histoire
d'une jeune fille qui veut « passer le bois », elle
raconte désormais une scène d'embarquement. Le propos en reste
identique : la jeune fille use d'un stratagème pour tenir
éloigné le galant trop pressant. Nous ne renouvellerons pas
l'ensemble des commentaires que vous avez déjà pu lire.
Ce qui est remarquable ici c'est qu'une
aventure toute maritime ait pu conserver, par son refrain, les
origines de la chanson. Elle fait partie de tous ces textes qui nous
détaillent des « occasions manquées », pour reprendre
la classification utilisée par Patrice Coirault. Elle a aussi un air
de famille avec une autre chanson recueillie au 19ème siècle en
pays guérandais par Gustave Clétiez : « la belle et le
chaudronnier » (2). Dans celle ci un garçon rencontre une
fille si jolie qu'il la suppose fille d'un roi. D'où sa déception
quand elle lui apprend :
Je suis la fille d'un chaudronnier,
le plus noir de la ville
et il envoie le chaudronnier au
diable !
Mais la fin est la fin est complètement
différente puisque la belle n'éprouve que du regret d'être rejetée
à cause du métier de son père.
La semaine prochaine, après ce tour de
compteur, nous poursuivrons notre découverte du patrimoine chanté.
En route vers la prochaine centaine !
notes
1 – Agnès, Anne Gaelle, Annie,
Annick, Barberine, Béatrice, Bruno, Colette, Daniel, Dominique,
Élisabeth, Françoise, Hervé, Hugo, Isabelle, Jacques, Janick,
Janig, Jean-louis, Jeannette, Liliane, Martine, Nolwen, Oona,
Patricia, Philippe, Rémi, Roland, Séverine, Simone, Xavier,
Yves...en espérant n'avoir oublié personne
2 – reprise par Fernand Guériff dans
le tome 1 du Trésor des chansons populaires folkloriques recueillies
au pays de Guérande, page 194 : « l'autre jour en m'y
promenant » ou « la belle et le chaudronnier »
interprètes : Bruno Nourry
et Jean-Louis Auneau
source : recueilli par
Fernand Guériff auprès de Mme Jacobert, à Prézégat (Saint
Nazaire) en 1937
catalogue Coirault : Le
passage du bois (Occasions manquées - N° 01907)
catalogue Laforte :
L’embarquement de la fille du bourgeois (I, K-06)
Ce sont les marins
de Redon qui ont pris une ville
Mais ils n’ont
rien trouvé dedans qu’une tant jolie fille
Sommes nous dans
la rive du bois
Du bois dans la
rive
Là, ils l’ont
prise, l’ont emmenée à bord de leur navire
Ils ont bien fait
quatre cent lieues sans jamais mot lui dire
Mais au bout des
quatre cent lieues, à qui êtes-vous fille ?
Je suis la fille
d’un sarrasin, ma mère est sarrasine
Si vous êtes fille
d’un sarrasin, sortez de mon navire
Sitôt que la belle
fut dehors, elle se mit à rire
Qu'avez vous la
belle, qu'avez vous, qu’avez-vous donc à rire
Je ris de toi mais
pas de moi, je ris de ta sottise
Je suis la fille
d’un négociant, le plus riche de la ville
Si vous êtes fille
d’un négociant, rentrez dans mon navire
Il fallait plumer la
perdrix pendant qu’elle était prise
Je voulais la plumer
aussi, elle s'est envolée trop vite
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