Après
les impatientes fatiguées de leurs parents et les mal mariées
lasses de leur vieux bonhomme, nous poursuivons notre visite au salon
du mariage, rayon scènes de ménage. La chanson que nous vous
proposons cette semaine se chante, bien entendu, avant le mariage.
Elle s'adresse aux filles qui hésitent à s'engager, pour les en
dissuader complètement. On peut s'interroger sur le sens du mot
honnête qui est employé ici pour qualifier le garçon. Probablement
plus proche de convenable ou présentant bien que de
loyal. Car la chanson rappelle que sitôt la cérémonie passée un
changement radical s'opère.
Pour
écouter la chanson et lire la suite :
Elles
ne sont pas si nombreuses ces chansons de défiance à l'égard des
hommes. Bien moins en tous cas que celles qui racontent les
mésaventures des maumariées. Dans cette catégorie on trouve assez
souvent dans nos contrées celles qui rappellent qu'un engagement
c'est pour la vie :
C'est
un lien qui est si fort
Qu'il
ne se délie qu'à la mort...
celles
dévalorisent les prétendants, telle les « hommes sans
tête » :
Les
hommes de la vie présente
Sont
comme les pépins de melon
Il
en faut bien cent cinquante
Pour
en faire un seul de bon
« La
haut sur ces rochettes » est de la même veine ; de ces
chansons qui prétendent que les maris sont « des diables
déchaînés ».
Notre chanson a été collectée à
plusieurs reprises dans le Pays de Retz et aux alentours, avec textes
et mélodies très proches les uns des autres. Pour certaines ce
n'est pas seulement la vaisselle qui fait les frais de la colère
masculine :
Ils cassent
tout les plats les assiettes
Ils les
jettent par la fenêtre
Et bien
souvent leur femme avec (1)
D'où une conclusion pour la chanteuse
qui préfère rester fillette, ou encore :
J'aime mieux être nonnette
Dans un couvent de fillettes
(2)
et généralise son propos en employant
le pluriel :
Que d'être à des hommes sujette.
La structure et la mélodie suggèrent
que cette chanson a été dansée en rond. Malheureusement, nous ne
sommes plus en mesure de savoir sous quelle forme, la tradition de
danses en ronds n'étant pas parvenue jusqu'à nous dans cette partie
de la Loire-Atlantique. Les chansons nous sont restées ;
profitons en.
notes
1 – dans 30 vieilles chansons du Pays
de Retz, de Jeanne de Couffon de Kerdellec'h (Heuguel – Paris,
1920) - idem dans une version citée par Jérome Bujeaud.
2 – dans une des versions recueillies
par Armand Guéraud
interprètes : Liliane
Berthe avec Martine Lehuédé et Janig Juteau
source : quatre vingt
chansons du Pays de Retz, cahier de chansons du ménétrier Poiraud,
compilé par Michel Gauthier
catalogue
Coirault : 4908 – les maris qui jettent tout par la
fenêtre
catalogue
Laforte : I, N-26 – la fille qui ne veut pas se marier
Là haut, là haut sur ces rochettes )
oh, oh, oh mariez vous
) (bis)
Il y a un garçon honnête, mariez vous
Mariez vous jeunes fillettes, mariez
vous (bis)
Il y a un garçon honnête
Qui dit que je suis sa maîtresse
Je ne le suis ni la veux être
Sont ils garçons ils sont honnêtes
Sont ils mariés ils sont les maîtres
Ils jettent tout par la fenêtre
Et les cuillères et les fourchettes
Les plats ainsi que les assiettes
J'aime bien mieux rester fillette
Que d'être à des hommes sujette
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