En recherchant cette chanson dans nos
archives sonores, nous avons eu la surprise de constater que les
interprètes se prénomment fréquemment Constance, Gisèle, Amandine
ou Maria. Voici pourtant une chanson qui devrait faire partie du
répertoire des salles de garde. Qualifiée de graveleuse (1) plutôt
que de paillarde, elle exprime de façon assez explicite les
conditions d'une maternité non désirée, avec force détails imagés
sur l'acte sexuel.
Chanson de fin de soirée ou de fin de
repas, aux paroles atténuées pour être comprises des seuls
adultes ? Elle est quasiment absente des ouvrages anciens de
chansons populaires. Preuve que les collecteurs du temps passé
étaient assez réservés.
pour écouter la chanson et lire la suite:
L'interprétation de Constance Crusson
nous apprend qu'à force de rire son chapeau est devenu
rond. Voilà qui ne trompe personne et probablement pas même les
enfants que cette formule est censée protéger de mauvaises pensées.
Ceci dit la plupart des textes entendus sont encore plus explicites.
C'est à force de courir-e que son ventre devient rond
ou qu'elle attrapa le ballon.
Fini de rire ; la fille rentre à
la maison en pleurant ou pour demander pardon (2). Mais
loin du tragique , l'explication entre le père et la fille nous
donne d'autres détails fort intéressants. Le permissionnaire avait
dans sa culotte un p’tit bâton pas long. Ce serait presque vexant
pour le militaire ! Mais surtout le bâton produit de la crème,
ou du sucre selon les versions. L'une d'elle ajoute que ça se
vend dans une mesure comme les filles en ont. Charmante façon de
décrire les organes sexuels masculins et féminins. Rires gras
assurés de la part des auditeurs de la chanson !
Pour nuancer ce que nous avons dit en
introduction, cette chanson fait aussi partie du répertoire des
paillardes, mais dans des versions qui n'ont plus à se soucier d'un
auditoire qu'il faudrait préserver. Voici un exemple, intitulé la
salope, tiré d'un ouvrage de référence dans ce domaine (3) :
Son ventre devint rond...
c'est le fils du garde barrière
par derrière sa maison...
si c'était à refaire nous
recommencerions
refrain
Ah la salope, va laver ton cul
malpropre
car il n'est pas propre tirelire /
tirela
Comme vous le constatez, c'est
uniquement le refrain qui fait entrer cette version dans un autre
répertoire. Sinon la seule différence c'est qu'on n'a plus à faire
à un militaire.
Quand à « roulette et roulons »
c'est un refrain qui revient à plusieurs reprises associé à ce
texte. A priori il n'ajoute rien au caractère graveleux et nous
n'avons rien de plus à dire sur son origine.
notes
1 – selon la classification utilisée
par Patrice Coirault pour son répertoire des chansons françaises.
2 – respectivement dans des
interprétations de Jean Rivallant (Bourg de Batz, 44) et Gisèle
Gallais (Rouillac, 22)
3 – Le bréviaire du carabin –
Simep, Paris 1991, chanson page 89 – également : 69 chansons
d'étudiants, du professeur Hurdon – éditions France Loisirs
(Paris 1983) chanson page 211
interprète : Daniel Lehuédé
avec Jean Auffray et Jean-Louis Auneau
source : Constance Crusson,
de la Baule (Loire-Atlantique) - collectage de Roland Brou, Robert
Bouthillier et Pierre Guillard, le 10 avril 1991
catalogue P. Coirault : Le
bâton du jeune militaire (Graveleuses – N° 11915)
Roulette et roulons c’était un p’tit
bonhomme
Roulette et roulons, c’était un
p’tit bonhomme (bis)
Qui s’appelait Simon, roulette et
roulette
Qui s’appelait Simon, roulette et
roulons
Roulette et roulons, Il avait une fille
(bis)
Qui s’appelait Nanon, roulette et
roulette
Qui s’appelait Nanon, roulette et
roulon
Roulette et roulons, Nanon aimait bien
rire (bis)
Rire avec les garçons, roulette…
Rire avec les garçons, roulette …
Roulette et roulons, mais à force de
rire (bis)
Son chapeau devient rond, roulette …
Son chapeau devient rond, roulette …
Roulette et roulons, son père lui
demande (bis)
Qui t’as fait ça Nanon, roulette …
Qui t’as fait ça Nanon, roulette …
Roulette et roulons, c’est un jeune
militaire (bis)
Un soir de permission, roulette…
Un soir de permission, roulette…
Roulette et roulons, il avait dans sa
culotte (bis)
Un p’tit bâton pas long, roulette …
Un p’tit bâton pas long, roulette …
Roulette et roulons, au bout y’avait
d’la crème (bis)
Oh mon Dieu qu’c’était bon,
roulette…
Oh mon Dieu qu’c’était bon,
roulette…
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