lundi 18 juillet 2016

161 - Allons, ma voisine

« Pâques frisquet, Noël en juillet » : dans la série des dictons météorologiques improbables celui ci pourrait convenir au climat de ce début juillet 2016. On espère seulement qu'au moment où paraîtront ces lignes la météo sera plus clémente.
Le blog de Dastum 44 se met au rythme des saisons et les chansons de la semaine deviendront des chansons de la quinzaine pour ce pont estival qui nous conduit du 14 juillet au 15 août.
Pour toutes ces « bonnes » raisons il nous a paru opportun de compléter dès maintenant notre collection de chants de Noël.
Pour lire la suite et écouter la chanson:


A y regarder de plus près l'argumentation de ce texte n'utilise la naissance du Christ que comme prétexte d'un dialogue entre commères. Ce terme n'a rien de péjoratif ; pas plus que l’appellation « Catin » du troisième couplet. Catin n'est qu'un diminutif de Catherine, utilisé ici d'une façon plus générique. Son sens a considérablement évolué dans notre langage courant, suggérant aujourd'hui une femme de mauvaise vie. On retrouve le sens original dans les chansons de nos cousins d'Amérique. Nombre de chansons cajuns utilisent encore le terme « chère catin » dans le même sens qu'ici.
Bref, hormis le premier couplet qui fait directement référence au minuit chrétien et à la crèche, le reste de la chanson est un dialogue entre une enthousiaste et une indécise. Les arguments se succèdent et certains font mouche. La voisine se sentirait moins malade si on l'invitait à aller danser. La discussion se met au niveau du commérage.
Ce « Noël » est extrait des Noëls recueillis au bourg de Batz et dans ses villages qui constituent la part la plus importante de la belle bible des Noëls guérandais, compilés par Fernand Guériff dans le tome 5 de ses collectes, bien avant que Dastum 44 n'édite les volumes 2, 3 et 4 (1). Guériff donne trois airs différents pour cette chanson : celui du Bourg de Batz et deux autres du pays nantais. Ce texte est probablement originaire de Bretagne. On le trouve imprimé dans un recueil publié à Nantes en 1792 (2) :
Noels anciens et nouveaux ou cantiques spirituels à l'honneur de la naissance de notre seigneur Jésus Christ, composés sur les plus beaux airs. Edité à Nantes chez Mme veuve Malassis, imprimeur-libraire place du pilori en 1792
Les couplets recueillis à Batz sont identiques à ceux de l'édition originale, même si quelques uns ont été oubliés entre temps, notamment les trois derniers dont le sujet paraît plus religieux. Nous avons choisi de vous donner ce texte intégral. Les couplets en italique sont ceux qui n'ont pas été chantés par l'informatrice.

Notes
1 – les tomes 1 et 5 publiés par Guériff sont épuisés. Les tomes 2, 3 et 4 édités par Dastum 44 n'attentent que votre commande : voir rubrique nos éditions
2 – texte intégral disponible via Google books – Cet ouvrage a été réédité au moins une fois au 19ème siècle avec le sous titre Noëls des provinces de l'ouest.

interprète : Janig Juteau
source : Le trésor des chansons populaires du pays de Guérande, volume V, de Fernand Guériff (p. 75) collectage : Fernand Guériff informateur : Adèle Pichon, à Batz-sur-Mer


Allons, ma voisine
Minuit est sonné
Il est temps qu’on s’achemine
Le petit Jésus est né

Je crains trop la paresse
Laissez moi ici
Je l'irai voir à la messe
A onze heures à la merci

Veux-tu, Isabelle
Voir l’enfant nouveau ?
Quoique je te trouve belle
Il est mille fois plus beau

J'ai peur qu'on nous vole
Je crains les filoux
Mais j'entendrai sa parole
Tantôt au père Le Roux

En voulez-vous être
Aimable Catin ?
Répondez par la fenêtre
Car il est encore matin

Je mourrai d’envie
D’aller avec vous
N’eût été la maladie
Qui veut au lit mon époux

Veuve si jolie
Debout, il est jour
Je vous ai assez suivie
Suivez-moi à votre tour

Je crains, si je veille
De me trouver mal
Tu n’as pas frayeur pareille
Quand tu veux aller au bal

Viendrez vous Hélène
Dedans ces saints lieux
Ce ne vous fera pas peine
Vous aimez à servir Dieu

Allons donc ma veuve
En procession
J’ai déjà assez la preuve
De votre dévotion

Margot est partie
Dès hier au soir
Elle est fort bien avertie
De tout ce qu’il faudra voir.

L'enfant de la vierge
Est Dieu tout puissant
Ma sœur portera un cierge
Et j'offrirai de l'encens

Mais la vraie offrande
Sans nous abuser
C'est notre cœur qu'il demande
Lui voulons lui refuser

Préparons la place
Pour le recevoir
Nous ne saurions sans la grâce
Il faut prier pour l'avoir


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