« Pâques frisquet, Noël en
juillet » : dans la série des dictons météorologiques
improbables celui ci pourrait convenir au climat de ce début juillet
2016. On espère seulement qu'au moment où paraîtront ces lignes la
météo sera plus clémente.
Le blog de Dastum 44 se met au rythme
des saisons et les chansons de la semaine deviendront des chansons de
la quinzaine pour ce pont estival qui nous conduit du 14 juillet au
15 août.
Pour toutes ces « bonnes »
raisons il nous a paru opportun de compléter dès maintenant notre
collection de chants de Noël.
Pour lire la suite et écouter la chanson:
A y regarder de plus près
l'argumentation de ce texte n'utilise la naissance du Christ que
comme prétexte d'un dialogue entre commères. Ce terme n'a rien de
péjoratif ; pas plus que l’appellation « Catin »
du troisième couplet. Catin n'est qu'un diminutif de Catherine,
utilisé ici d'une façon plus générique. Son sens a
considérablement évolué dans notre langage courant, suggérant
aujourd'hui une femme de mauvaise vie. On retrouve le sens original
dans les chansons de nos cousins d'Amérique. Nombre de chansons
cajuns utilisent encore le terme « chère catin » dans le
même sens qu'ici.
Bref, hormis le premier couplet qui
fait directement référence au minuit chrétien et à la crèche, le
reste de la chanson est un dialogue entre une enthousiaste et une
indécise. Les arguments se succèdent et certains font mouche. La
voisine se sentirait moins malade si on l'invitait à aller danser.
La discussion se met au niveau du commérage.
Ce « Noël » est extrait
des Noëls recueillis au bourg de Batz et dans ses villages
qui constituent la part la plus importante de la belle bible des
Noëls guérandais, compilés par Fernand Guériff dans le tome 5 de
ses collectes, bien avant que Dastum 44 n'édite les volumes 2, 3 et
4 (1). Guériff donne trois airs différents pour cette chanson :
celui du Bourg de Batz et deux autres du pays nantais. Ce texte est
probablement originaire de Bretagne. On le trouve imprimé dans un
recueil publié à Nantes en 1792 (2) :
Noels anciens et nouveaux ou
cantiques spirituels à l'honneur de la naissance de notre seigneur
Jésus Christ, composés sur les plus beaux airs. Edité à Nantes
chez Mme veuve Malassis, imprimeur-libraire place du pilori en 1792
Les couplets recueillis à Batz sont
identiques à ceux de l'édition originale, même si quelques uns ont
été oubliés entre temps, notamment les trois derniers dont le
sujet paraît plus religieux. Nous avons choisi de vous donner ce
texte intégral. Les couplets en italique sont ceux qui n'ont pas été
chantés par l'informatrice.
Notes
1 – les tomes 1 et 5 publiés par
Guériff sont épuisés. Les tomes 2, 3 et 4 édités par Dastum 44
n'attentent que votre commande : voir rubrique nos éditions
2 – texte intégral disponible via
Google books – Cet ouvrage a été réédité au moins une fois au
19ème siècle avec le sous titre Noëls des provinces de l'ouest.
interprète : Janig Juteau
source : Le trésor des
chansons populaires du pays de Guérande, volume V, de Fernand
Guériff (p. 75) collectage : Fernand Guériff informateur :
Adèle Pichon, à Batz-sur-Mer
Allons, ma voisine
Minuit est sonné
Il est temps qu’on s’achemine
Le petit Jésus est né
Je crains trop la paresse
Laissez moi ici
Je l'irai voir à la messe
A onze heures à la merci
Veux-tu, Isabelle
Voir l’enfant nouveau ?
Quoique je te trouve belle
Il est mille fois plus beau
J'ai peur qu'on nous vole
Je crains les filoux
Mais j'entendrai sa parole
Tantôt au père Le Roux
En voulez-vous être
Aimable Catin ?
Répondez par la fenêtre
Car il est encore matin
Je mourrai d’envie
D’aller avec vous
N’eût été la maladie
Qui veut au lit mon époux
Veuve si jolie
Debout, il est jour
Je vous ai assez suivie
Suivez-moi à votre tour
Je crains, si je veille
De me trouver mal
Tu n’as pas frayeur pareille
Quand tu veux aller au bal
Viendrez vous Hélène
Dedans ces saints lieux
Ce ne vous fera pas peine
Vous aimez à servir Dieu
Allons donc ma veuve
En procession
J’ai déjà assez la preuve
De votre dévotion
Margot est partie
Dès hier au soir
Elle est fort bien avertie
De tout ce qu’il faudra voir.
L'enfant de la vierge
Est Dieu tout puissant
Ma sœur portera un cierge
Et j'offrirai de l'encens
Mais la vraie offrande
Sans nous abuser
C'est notre cœur qu'il demande
Lui voulons lui refuser
Préparons la place
Pour le recevoir
Nous ne saurions sans la grâce
Il faut prier pour l'avoir
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire