Du temps ou la Poste était encore un
service public, elle avait choisi comme emblème un oiseau bleu,
symbole de son rôle de messager (1). Son logo apparaissait sur tous
les véhicules conduits par les préposés à l'acheminement du
courrier. Si certains ont cru voir une hirondelle dans cet oiseau
stylisé, la tradition a plutôt choisi d'autres volatiles pour la
transmission des messages. Les chansons célèbrent essentiellement
le rôle de l'alouette et du rossignol. Nous avons déjà plumé la
première ; intéressons nous aujourd'hui au rôle du second.
L'avantage avec l'oiseau des chansons c'est que la réponse du ou de
la destinataire est immédiate, quoique pas toujours plaisante.
Pour écouter la chanson et lire la
suite:
Le garçon qui confie un message ou une
commission au rossignol n'obtient que rarement une réponse
satisfaisante. Malgré tous les talents musicaux du messager, la
destinataire se montre rarement enthousiaste. Ce qui nous donne des
répliques du genre :
J'en ai oublié bien d'autres
J'oublierai bien celui là
ou encore, lui reproche-t-elle de ne
pas être venu lui même.
Et quand la belle veut bien avouer
qu'elle pense à son amant c'est souvent pour douter de ses
sentiments ou, comme ici, de son attitude. Sa fidélité est
directement mise en cause et on lui reproche d'être un amuseur, un
débaucheur ou un mépriseur de filles :
un débauché, un chercheur de
querelle,
la nuit et le jour tu me laisserais
en peine...
selon une version poitevine. Il faut
dire que, dans certaines versions, l'ex-amant annonce bien
fièrement :
je viens vous dire la belle que je
suis marié
Et là, retournement de situation,
c'est au tour du garçon de dire ses quatre vérités. La plus
constante d'une chanson à l'autre c'est que les filles sont bien
changeantes. Un jour elles vous aiment et le lendemain – parfois le
soir même - il n'en est plus rien. La comparaison avec le moulin qui
suit le sens du vent est une constante de toutes les chansons de ce
type. Image forte du temps passé elle est parfois carrément
remplacée par :
comme les girouettes qui sont sur
les clochers,
dans des versions collectées en
Saintonge. Bref, c'était censé être une chanson d'amour et ça se
termine avec des arguments qui volent bas !
C'est parfois le rossignol lui même
qui, dans son latin, exprime une opinion sur les filles qui ne
valent rien. Comme tout messager doit rester neutre il s'empresse
souvent d'ajouter que
les garçons encore biens moins.
La morale de cette histoire, si c'en
est une, nous ramène encore une fois au cabaret où l'amoureux boit
pour oublier que sa copine l'a laissé tomber...parce qu'il passait
son temps à boire.
notes
1 – créé en 1960, il est encore
présent aujourd'hui. Avant cette date le logo rappelait seulement
l'existence des Pététés.
interprète : Annick
Mousset
source : Le trésor des
chansons populaires du pays de Guérande, volume II, de Fernand
Guériff (p. 224) collectage : Fernand Guériff informateur :
Georges Le Quimener, à Quimiac, le 5 août 1952
Catalogue P. Coirault : Le
message de l’amuseur de filles (Messages – N° 00408)
Catalogue C. Laforte : Le
message de l’amuseur de filles (II, N-08)
Rossignolet sauvage, oiseau du vert
bocage
Voudrais-tu bien me porter une lettre
A ma maîtresse, celle que mon cœur
aime
L’oiseau il prit la lettre, chez la
belle il s’en va
Réveillez vous, si vous dormez, la
belle
Pensez-vous à votre amant fidèle ?
J’ne dors ni ne sommeille, je pense à
mon amant
J’l’ai toujours su, toujours
entendu dire
Que vous n’étiez qu’un mépriseur
de filles
Un mépriseur de filles, non, non, je
ne suis pas
Si je rigole, je cause avec plaisir-e
C’est pour savoir la volonté des
filles
La volonté des filles est bien mal à
savoir
Allez le soir, elles diront qu’elles
vous aiment
Le lendemain, c’est déjà plus de
même
La volonté des filles est un moulin à
vent
Là, quand il veut, le moulin tourne
vite
Voilà comme est la volonté des filles
Allons, chers camarades, allons au
cabaret
Là, nous trinqu’rons et nous boirons
chopine
Et nous saurons la volonté des filles.
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