Petites
annonces chantées : « échangerais vieux mari malade
contre jeune amant bien portant » et « à saisir :
vieille peau pour articles de maroquinerie ». Où est donc la
morale dans cette chanson ?
Elle
appartient à la vaste série des « mal-mariées » qui
évoquent les griefs des femmes à l’encontre de leurs maris. Les
reproches les plus fréquents portent sur les violences conjugales,
l’intempérance, l’infidélité, ou bien, comme ici, sur l’âge
du mari lorsqu’il est bien plus élevé que celui de son épouse.
Celle-ci rêve alors de se débarrasser de son conjoint, y compris
par les moyens les plus expéditifs, qui sont l’expression poétique
de sa frustration.
L'interprétation
que vous allez entendre vient des concerts organisés pour les vingt
ans de Dastum 44. L'original lui même figure sur le double CD
« anthologie du patrimoine oral de Loire-Atlantique »
publié à cette occasion (1)
écouter la chanson et lire la suite
La
morale est dans la dénonciation de mariages arrangés où une jeune
femme accepte un vieux mari sous la pression familiale ou simplement
par intérêt :
Pour
un p'tit d'argent que je lui vis
mais
quand tio p'tit d'argent fut mis
J'aurais
voulu qu'il vint un édit
Qu'on
étranglit les vieux maris
Cette
autre façon de présenter la situation vient d'une des versions
recueillies par Armand Guéraud. En effet, il ne manque pas de
variantes de cette histoire dans le répertoire local. Le plus
souvent la mariée déçue s'en va vendre la peau pour se faire des
souliers gris ; où comme ici, une descente de lit.
Mais
dans au moins deux versions (2) le marché parisien s'avère décevant
:
A
2 liards la peau du chéti
On
n'en voulut pour aucun prix
Pour
un denier il me restit
Dernière
morale, empruntée à une autre chanson de mal mariée : sans
mentir il vaut mieux un jeune fou qu'un vieux sage.
Notes
1
– le double CD « anthologie du patrimoine oral de
Loire-Atlantique » regroupe près de 60 extraits des collectes
déposées à Dastum 44 ; et pour une somme dérisoire !
(voir rubrique nos éditions)
2
– venant toutes deux du sud de la Loire : vignoble nantais
pour A. Guéraud, Pays de Retz dans le manuscrit Poiraud.
source :
Stéphane Glotin, de Campbon, enregistré par Dastum 44 en septembre
2000
interprètes :
Françoise Bourse, Oona Hengoat, Nolwen le Dissez, Annick Mousset et Jean-Louis Auneau (chant) Hervé Dréan (bouzouki et arrangements)
Rachel Goodwin (piano et arrangements)
catalogues :
Coirault : l'édit d'écorcher les vieux maris (05724) –
Laforte : le vieux mari (1-D-18)
Quand
Margotton sort de sa cour (bis)
Dans
son chemin rencontre l’amour
Oh
gué, gué, gué, la lirette
Oh
tra, la, la, la lirette, la lira
Dans
son chemin rencontre l’amour (bis)
Amour,
amour, où allez-vous
Oh
gué, gué, gué, la lirette…
Mais
je m’en vais coucher chez vous
Y‘a
point besoin d’amour chez nous
Mon
vieux mari en s’rait jaloux
Mon
mari malade est au lit
Il
s’rait ben mieux en mort qu’en vie
J’mèn’rai
sa peau à la tann’rie
Pour
me faire une descente de lit
J’m’en
irai la vendre à Paris
Et
j’reviendrai dans mon pays
Pour
y prendre un plus jeune mari.
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