Ce thème est très répandu sous
diverses formes, de la fille du roi d'Espagne aux belles qui se
promènent au bord de l'eau ou sur les ponts de Nantes. Notre chanson
de la semaine se rattache à la variante maritime « la Danaé »,
habituellement chanson du gaillard d'avant ou chant à virer au
cabestan. La version la plus connue est celle publiée par le
commandant Armand Hayet. Chaque portion du littoral français doit en
avoir sa version locale, celle ci venant de Pornic, situe la
construction du bateau à Noirmoutier.
Il existe bien une frégate nommée la
Danaé dans les archives de la marine. Lancée en 1838 elle finit sa
carrière en transportant les proscrits vers la Nouvelle Calédonie.
Mais le texte de ces chansons est d'origine plus ancienne. Si on en
croit les indications...
...données par Michel Colleu dans le tome 2 des
disques de chants de marins publiés par le Chasse-Marée, la
référence serait « un bâtiment ayant navigué pendant la
guerre de sept ans et célèbre pour avoir livré bataille contre les
anglais devant Dunquerke en 1759 ». Navire baptisé Danaé ou
Dénoé, ou Méloé. La version pornicaise qui déforme le nom en
Adélaé ne serait peut être pas si loin de l'originale ?
Quoi qu'il en soit, comme dans toutes
les versions du plongeur noyé, le héros périt pour les beaux yeux
de la belle. Dans beaucoup de variantes de la Danaé c'est son
avantage (son pucelage) qui est tombé à l'eau (!). Parfois un
anneau d'or ; ici ses clefs. Bien qu'il ne soit pas le rescapé
d'un naufrage comme dans les autres versions, le fils du capitaine ne
survit pas.
Profitons de cette chanson pour vous
inviter à fêter, avec nos deux interprètes les 20 ans de
l'association « les Veuzous de la Presqu'ile ». Vous
retrouvez le programme des animations, du 13 au 21 septembre, sur
leur site (voir rubrique liens). Nos deux commères Annick et
Françoise en particulier chanteront le 17 à Guérande.
Enfin, une anecdote pour finir sur une
note plus gaie cette série de noyades. Cherchant un coin de baignade
dans la rivière le Don, deux internautes se sont retrouvés sur ce
blog à consulter la première version du plongeur noyé. Rappelez
vous ; c'était la chanson 11 « dans la prée à mon
père ». Un grand merci à notre moteur de recherche préféré.
Et bonne baignade !
C’était une frégate
C’était une frégate, mettez le pied
là, tra la, la, la, la (bis)
Nommée l’Adélaée, mettez le pied
là, tra la, la, la, la
Nommée l’Adélaée, mettez là le
pied
La coque en bon vieux chêne, mettez le
pied là, tra la, la, la, la (bis)
Fut faite à Noimoutier, mettez le pied
là, tra la, la, la, la
Fut faite à Noimoutier, mettez là le
pied
Elle a pour capitaine…
Le n’veu du père Mestier…
S’en va de côte en côte / Pendant
longues années
Trouve un jour une fille / Pleurant sur
un rocher
Qu’avez-vous donc, la belle /
Qu’avez-vous à pleurer
Les clefs d’or de mon père / Dans la
mer sont tombées
Que donnerez-vous, belle / Je vais vous
les chercher
J’ai cent écus en bourse / Je vous
les donnerai
Le fils du capitaine / Dans la mer a
sauté
Au premier coup qu’il plonge / Les
clefs d’or ont sonné
Au second coup qu’il plonge / Les
clefs d’or a touché
Au troisième coup qu’il plonge / Le
pauvre gars s’est noyé
Le père sur la dunette / Voit son fils
se noyer
Pleurez pas, capitaine / J’allons le
repêcher
J’l’enterrerons en France / A
l’ombre d’un laurier
Tous les oiseaux du monde / S’en
viendront là chanter.
source : Charles Masson, à
Pornic, le 3 décembre 1894
interprètes : Annick Mousset et
Françoise Bourse