Cette fois c'est bien fini. La
bronzette sur les plages, les ballades en montagne, les festivals
estivaux...vous avez repris le chemin du bureau, de l'école, de
l'atelier. Le coup de blues vous guette. Justement, cette semaine
c'est un vrai blues francophone qui illustre notre répertoire.
Rien à voir avec Coluche, cette misère
là vient de loin. D'aussi loin que les soucis du ménage ont chassé
les joies de la noce. Le thème a été maintes fois décliné,
jusque dans ces pages ; vous pourrez en profiter pour réécouter
la chanson n°3 « l'embarras du ménage ». Notre blues
ligérien a été collecté à la Chapelle Basse Mer, sur les coteaux
recouverts de rangs de vigne que les géographes définissent comme
les derniers reliefs du sillon de Bretagne.
Ce thème est fréquemment tombé dans
l'oreille ou le micro des collecteurs de l'ouest. Parmi ceux....
...qui l'ont imprimé : Soreau, mais aussi Gueriff dans le pays de
Guérande, Guéraud à Vieillevigne en Loire-Atlantique, Hervé Dréan
à Saint Dolay (56), Bujeaud à Saint Jean d'Angely (17) entre
autres. Toutes ces versions sont assez proches tant par la mélodie
que par les paroles. La robe de noces et le bouquet d'oranger sont
des symboles. Passe encore que l'huissier les emporte ; mais la
poêle à fricasser et le coffre ! Ce dernier élément
essentiel qui sert à remiser habits et effets personnels dénote la
pauvreté du mobilier dans les masures de l'ancien temps. On est en
plein mélo ; misère, misère !
Qui veut avoir misère ?
Qui veut avoir misère (bis)
N’a qu’à s’y marier, laridaine
N’a qu’à s’y marier, laridé
Au premier soir des noces (bis)
Misère vient pour entrer, laridaine…
Je n’y loge point misère / J’n’y
loge que la gaité
Au troisième soir des noces / Misère
est au foyer
Ah, dites-moi donc, misère / Par où
es-tu entrée
J’suis entrée par la porte / De la
porte au foyer
Misère a pris racine / N’a voulu
s’en aller
Au sixième soir des noces / J’ai vu
rentrer l’huissier
L’ont emporté mes coffres / Ma poêle
à fricasser
Ma jolie robe de noces / Mon bouquet
d’oranger
Maint’nant, ma jupe traine / Sur des
sabots percés.
source : Mme Emeriau, à la
Chapelle-Basse-Mer, en avril 1904
catalogue Coirault : n°
05418 qui veut avoir misère n'a qu'à s'y marier
interprète : Janig Juteau
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