vendredi 27 septembre 2013

23 - Le petit ramoneur

Les chansons qui parlent des ramoneurs sont rarement de vraies chansons de métier, c'est à dire de celles qui accompagnent l'activité ou les gestes de la profession. Elles ont quasiment toutes des textes à double sens. Celle ci n'échappe pas à la règle.

Cette chanson a été publiée par Dastum 44 dans le tome 3 des chansons rassemblées par Fernand Guériff (comment ça ? Vous ne l'avez pas encore!). L'informateur, Jean Delalande, dit « Jean la culotte », l'avait apprise dans sa jeunesse au village de la Madeleine de Guérande. Il avait 83 ans quand il a été collecté. Comme le souligne Guériff, une version aux paroles semblables mais à la mélodie différente a été notée par Tiersot dans l'ouvrage «  chanson des Alpes françaises » page 472. La Savoie est bien connue pour avoir fourni une main-d’œuvre jeune et abondante à cette corporation. Rien ne prouve pour autant que la chanson soit originaire des Alpes. D'autres versions ont été notées en Lorraine, dans le Berry, au Québec et dans bien d'autres endroits.

Le refrain de cette chanson est inspiré par un de ces cris de métiers que les artisans entonnaient dans les rues pour solliciter la clientèle. Sans doute devaient-ils s'en tenir...
pour lire la suite et écouter la chanson


 ....au refrain, la chanson entière étant moins sujette à la publicité.

Ce refrain apparaît aussi dans une pièce de théâtre créée en 1825 à Paris et intitulée...Le petit ramoneur ! Épouvantable mélodrame en trois actes d'un certain Thomas Marie François Sauvage.
L'un des personnages qui y occupe la profession de « poêlier-fumiste », n'est pas savoyard mais auvergnat. Le petit ramoneur est son neveu qui explique très bien tout l'intérêt d'employer des enfants dont la petite taille leur permet de se faufiler dans les conduits de cheminée. Du moins en était-il ainsi avant que les lois sociales et le chauffage électrique ne viennent causer du tort à cette main d’œuvre peu coûteuse (1).

note
1 – Est-il encore besoin de préciser que tout n'est pas à prendre au premier degré dans ce blog ?

Le petit ramoneur

C’était un petit ramoneur
Qui travaillait de bon cœur
Va de bourg en village
En cherchant de l’ouvrage
Il remet en bon état
Les cheminées, les p’tites cheminées
Il remet en bon état
Les cheminées du haut en bas

C’était la fille d’un marchand
Qui l’arrêta en passant
P’tit ramoneur habile
Toi qui as si bonne mine
Mettras-tu en bon état
Ma cheminée, ma p’tite cheminée
Mettras-tu en bon état
Ma cheminée du haut en bas

Sa cheminée j’ai visitée
Sa cheminée j’ai visitée
Je lui dis : ma bergère
L’entrée est trop étroite
Non, non, non, je n’pourrai pas
Votre cheminée, votre p’tite cheminée
Non, non, non, je n’pourrai pas
Vous la remettre en bon état

Va, va, va, va grand nigaud
Va, va, va, tu n’es qu’un sot
Y’a des jeunes hommes en ville
Qui auront meilleure mine
Qui mettront en bon état
Ma cheminée, ma p’tite cheminée
Qui mettront en bon état
Ma p’tite cheminée du haut en bas

Je m’suis mis à deux genoux
Enfin d’ne venir à bout
A chaque coup de râflette
J’embrassais ma brunette
J’lui mettais en bon état
Sa cheminée, sa p’tite cheminée
J’lui mettais en bon état
Sa cheminée du haut en bas

Mais quand l’ouvrage fut fini
Il fallut se rafraîchir
Du vin et de la bière
Pour moi et ma bergère
Du thé et du chocolat
Pour nous remettre, pour nous remettre
Du thé et du chocolat
Pour nous remettre en bon état.

source : chanté à Fernand Gueriff par Jean Delalande, de Guérande. Publié dans le tome 3 du Trésor des chants populaires folkloriques du pays de Guérande, page 170.
interprètes : Bruno Nourry / Jean-Louis Auneau
catalogues - P. Coirault : Le ramoneur habile (11820) C. Laforte : Ramonez la cheminée du haut en bas (2-O-105)

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