Nous continuons notre revue des
activités estivales, celles qui peuvent se pratiquer sans parapluie
ni ciré jaune. Après les grillades la semaine passée, voici la
baignade et ses dangers. On ne dira jamais assez qu'il faut suivre
les indications des maitres nageurs et de l'office de tourisme qui
prennent la peine de signaler les risques : danger baignade
interdite. Seulement voilà ! le fils du métayer veut passer
outre pour épater la fille. Résultat : une noyade de plus dans
la rubrique des faits divers.
La plupart des versions du plongeur
noyé collectées en Loire-Atlantique situent l'action au bord de la
mer ou sur les bords de la Loire. La mer est traîtresse (rappel :
pavillon rouge – mer agitée danger) et plonger dans la Loire est
assimilé à une tentative de suicide. A Guémené-Penfao, la rivière
(le Don) n'est pas assez profonde pour ce genre d'accident. Voilà
sans doute pourquoi c'est un « vivier » qui sert de cadre
au drame.
Ecouter la chanson et lire la suite
Dans la prée à mon père (le plongeur noyé) by Dastumla
Dans la prée à mon père
Dans la prée à mon père
Y’a t’un large vivier (bis)
Les chevaux y vont boire, les canes s’y
baigner
Vive la rose, la belle rose, vive la
rose du vivier (bis)
La fille ainée d’mon père
Sa coiffe y va laver (bis)
Son battoir est de chêne, sa selle de châtaignier
Vive la rose, la belle rose…
Au premier coup qu’elle frappe, ses
anneaux ont cassé
Au second coup qu’elle tape, dans
l’eau y sont tombés
La fille était jeunette, elle s’est
mise à pleurer
De par la prée il passe le fils d’un
métayer
Il lui demande : belle,
qu’avez-vous à pleurer
Les anneaux d’mes fiances dans l’eau
ils sont tombés
Que donneriez-vous, belle, à qui les
tirerait
J’ai cent écus en poche, j’en
donn’rai la moitié
Le garçon se débotte, dans l’eau il
s’est jeté
Mais au s’cond coup qu’il plonge,
hélas, il s’est noyé
Rossignolet sauvage qui chante en ces
verts prés
N’vas pas dire à sa mère que son
gars s’est noyé
Va-t’en plutôt lui dire qu’il(e)
s’est marié
A la plus jolie fille du bourg de
Guémené
Elle a les cheveux d’or, les sourcils
argentés
Elle a les joues vermeilles comme la
rose au rosier.
source : Sophie Lemarchand,
à Guémené-Penfao, le 27 septembre 1899 – recueilli par Abel
Soreau
interprète : Janick
Péniguel
catalogues : Le plongeur
noyé - Coiraut 01723 - Laforte 1-B-12
La chanson du plongeur noyé met
souvent en scène la fille du roi d'Espagne et non pas une paysanne
comme celle ci. D'après les historiens de la chanson traditionnelle
(Doncieux, Davenson...) cette histoire aurait pour origine celle d'un
plongeur sicilien. Au XIIème siècle le fameux plongeur Nicolas se
serait noyé en tentant de relever un défi lancé par l'empereur
Frédéric II qui avait jeté à l'eau un sac de pièces d'or. Passée
dans la tradition populaire, l'anecdote est devenue une chanson, très
répandue dans l'ouest et particulièrement en Bretagne, et aussi
curieusement en Italie...du nord !
Anneaux d'or, bague de fiançailles,
collier d'argent, ou simplement ses clés, selon les versions la
belle promet plus ou moins pour récompense. Ici cent écus, une
belle somme (ça fait combien en euros?) et assez souvent son « cœur
en gage », mais la notre est déjà fiancée.
Moralité : ôtez vos objets de
valeur avant de faire la lessive et respectez les consignes de
baignade, on ne vous le répétera jamais assez !