samedi 20 juillet 2013

13 - Je voudrais bien m’y marier


Voilà une chanson souvent répertoriée sous le titre « la demi douzaine d'amants ». Mais comme on est généreux dans le pays nantais, on atteint ici la dizaine.
Cette énumération est censée être chantée par une jeune fille qui passe en revue ses prétendants, leurs métiers, leurs qualités et surtout leur défauts. Elle est encore au goût du jour dans les repas de mariage, de par sa facilité d'adaptation. Rien n'empêche en effet de remplacer laboureur par gestionnaire de compte et tisserand par consultant informatique pour coller à l'actualité et à la profession de l'heureux élu.
Les versions traditionnelles nous donnent une liste de métiers inépuisable : maréchal ferrant, vigneron, tisserand, cordonnier, meunier, menuisier, couvreur, boulanger, charron...avec des rimes fort intéressantes : tailleur / voleur - marin / verre en main - pêcheur d'anguilles / mon cœur dégobille... Quand au choix du mari il a varié avec les époques. Plusieurs versions collectées au 19ème siècle font choix d'un militaire, un capitaine, un officier, comme ici. Le prestige de l'uniforme ayant sensiblement décru depuis, les versions plus récentes mettent souvent à l'honneur les chanteurs et les sonneurs. «... et nous irons par les chemins jouant de la musique ».
écouter la chanson et lire la suite
Je voudrais bien me marier by Dastumla

Je voudrais bien m’y marier

Je voudrais bien m’y marier (bis)
Mais j’ai grand peur d’être trompée (bis)
C’est pas toujours une fête, maluron malurette
C’est pas toujours une fête, maluron maluré

Je n’voudrais pas d’un laboureux (bis)
Il faut toujours soigner les bœufs (bis)
Et manier les curettes, maluron malurette…
 
Je n’voudrais pas d’un jardinier / L’été, l’hiver, faut travailler
Et conduire la charrette
 
Je n’voudrais pas d’un vieux maçon / Il n’s’ra jamais à la maison
Mais à boire chopinette
 
Je n’voudrais pas d’un tisserand / Qui vous étourdit tout le temps
Du bruit de sa navette
 
Je n’voudrais pas d’un musicien / Qui vous assomme soir et matin
Du son d’sa clarinette
 
Je n’voudrais pas d’un matelot / Qui s’en allant au loin sur l’eau
M’y laiss’rait bien inquiète
 
Je n’voudrais pas d’un médecin / Ils ont toujours la s’ringue en main
La s’ringue ou la lancette
 
Je n’voudrais pas d’un avocat / Il faut lui plisser son rabat
Et r’passer ses manchettes
 
Je n’voudrais pas d’un procureur / Car ce sont tous des rabâcheurs
Qui n’ont qu’chicane en tête
 
Mais j’voudrais bien d’un officier / Avec un sabre à son côté
Et de belles épaulettes.
 
Source : collectes d'Abel Soreau
Catalogues : Coirault 4922 – Laforte 4 HA 07
interprètes : Annick Mousset et Françoise Bourse

La première version imprimée de ce type de chant remonterait à 1724 dans un recueil de Ballard. Et, comme beaucoup d'autres, elle a suivi l'émigration francophone outre-Atlantique. En organisant, il y a quelques années, une veillée Bretagne – Louisiane nous avons découvert une version cajun, collectée par Ann Savoy, avec des professions telles que récolteur, fournisseur (usurier?) et un statut d'amoureux qui semble synonyme de coureur de filles !

Quand à nos deux chanteuses, Annick et Françoise, elles se produisent habituellement en fest noz ou avec un spectacle consacré aux chansons de femmes de la presqu’île guérandaise. A découvrir ici : http://annicketfrancoise.wix.com/duo