Voilà une chanson souvent répertoriée
sous le titre « la demi douzaine d'amants ». Mais comme
on est généreux dans le pays nantais, on atteint ici la dizaine.
Cette énumération est censée être
chantée par une jeune fille qui passe en revue ses prétendants,
leurs métiers, leurs qualités et surtout leur défauts. Elle est
encore au goût du jour dans les repas de mariage, de par sa facilité
d'adaptation. Rien n'empêche en effet de remplacer laboureur par
gestionnaire de compte et tisserand par consultant informatique pour
coller à l'actualité et à la profession de l'heureux élu.
Les versions traditionnelles nous
donnent une liste de métiers inépuisable : maréchal ferrant,
vigneron, tisserand, cordonnier, meunier, menuisier, couvreur,
boulanger, charron...avec des rimes fort intéressantes :
tailleur / voleur - marin / verre en main - pêcheur d'anguilles
/ mon cœur dégobille... Quand au choix du mari il a varié avec les
époques. Plusieurs versions collectées au 19ème siècle font choix
d'un militaire, un capitaine, un officier, comme ici. Le prestige de
l'uniforme ayant sensiblement décru depuis, les versions plus
récentes mettent souvent à l'honneur les chanteurs et les sonneurs.
«... et nous irons par les chemins jouant de la musique ».
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Je voudrais bien me marier by DastumlaJe voudrais bien m’y marier
Je
voudrais bien m’y marier (bis)
Mais
j’ai grand peur d’être trompée (bis)
C’est
pas toujours une fête, maluron malurette
C’est
pas toujours une fête, maluron maluré
Je n’voudrais pas d’un laboureux (bis)
Je n’voudrais pas d’un laboureux (bis)
Il
faut toujours soigner les bœufs (bis)
Et
manier les curettes, maluron malurette…
Je
n’voudrais pas d’un jardinier / L’été, l’hiver, faut
travailler
Et
conduire la charrette
Je
n’voudrais pas d’un vieux maçon / Il n’s’ra jamais à la
maison
Mais
à boire chopinette
Je
n’voudrais pas d’un tisserand / Qui vous étourdit tout le temps
Du
bruit de sa navette
Je
n’voudrais pas d’un musicien / Qui vous assomme soir et matin
Du
son d’sa clarinette
Je
n’voudrais pas d’un matelot / Qui s’en allant au loin sur l’eau
M’y
laiss’rait bien inquiète
Je
n’voudrais pas d’un médecin / Ils ont toujours la s’ringue en
main
La
s’ringue ou la lancette
Je
n’voudrais pas d’un avocat / Il faut lui plisser son rabat
Et
r’passer ses manchettes
Je
n’voudrais pas d’un procureur / Car ce sont tous des rabâcheurs
Qui
n’ont qu’chicane en tête
Mais
j’voudrais bien d’un officier / Avec un sabre à son côté
Et
de belles épaulettes.
Source :
collectes d'Abel Soreau
Catalogues :
Coirault 4922 – Laforte 4 HA 07
interprètes
: Annick
Mousset et Françoise Bourse
La première version imprimée de ce
type de chant remonterait à 1724 dans un recueil de Ballard. Et,
comme beaucoup d'autres, elle a suivi l'émigration francophone
outre-Atlantique. En organisant, il y a quelques années, une veillée
Bretagne – Louisiane nous avons découvert une version cajun,
collectée par Ann Savoy, avec des professions telles que récolteur,
fournisseur (usurier?) et un statut d'amoureux qui semble synonyme de
coureur de filles !
Quand à nos deux chanteuses, Annick et
Françoise, elles se produisent habituellement en fest noz ou avec un
spectacle consacré aux chansons de femmes de la presqu’île
guérandaise. A découvrir ici : http://annicketfrancoise.wix.com/duo